Serre-Che Luc Alphand

5h30, le réveil sonne. Il ne fait pas encore jour, mais les premières lueurs du soleil annoncent un temps correct. Réveil difficile… le barbecue de la veille était sympa, mais j’aurais dû rentrer plus tôt que minuit, surtout pour un départ le lendemain matin à 7h45. Petit déjeuner les yeux à moitié ouverts, un brin de toilette, je charge la voiture avec vélo et sacs, et en route direction Briançon. Il est 6h30, ça laisse peu de marge pour un éventuel pépin sur le chemin.

J’arrive enfin sur les hauteurs de Chantemerle, le ciel est devenu très menaçant ; il est 7h15, et temps de s’habiller pour l’échauffement, quelques minutes avant de se placer sur la ligne de départ. 7h30, les coureurs commencent à se placer sur la ligne ; je suis le mouvement, mais plutôt en fin de grille… pas terrible pour un départ descendant les premiers kilomètres. Dernières consignes des commissaires, et 7h45 top départ. Il se passe une ou deux minutes avant que je ne parte réellement, et de suite je me retrouve en chasse à 60 km/h dans les rues de Briançon avec d’autres concurrents pour remonter un maximum de places.

Il ne pleut pas encore ; heureusement car un tel départ sur route humide aurait été beaucoup plus délicat… la plaine jusqu’à Prelles est avalée très rapidement, et la première (légère) ascension vers les Vigneaux constitue le premier vrai test. Les jambes sont bonnes, et tout en admirant le magnifique paysage à flanc de montagne je continue de faire le forcing pour revenir à l’avant. Une courte descente, et nous arrivons à l’Argentière ; cette année pas de passage au raidillon de Champcella suite à une modification de dernière minute sur le petit parcours. On reprend la nationale jusqu’à Mont-Dauphin, le nez dans le guidon. Là les pelotons commencent à clairement se dessiner, un dernier effort et je me cale bien à l’abri dans un groupe, pour aborder les contreforts de Guillestre.

Col d'Izoard - Casse DéserteLa pluie commence à tomber quand le premier ravitaillement se présente. J’ai déjà vidé un bidon malgré le temps frais ; un arrêt rapide s’impose pour le remplir. Je repars aussi sec, et je passe la côte à fond pour trouver un groupe costaud et remonter la vallée du Guil dans les roues. Entre temps la petite averse s’est transformée en orage, au moins on n’aura pas chaud dans l’Izoard…

Petit besoin naturel au pied de ce col mythique, et c’est parti pour 15 km et quasiment 1h d’ascension… Je me sens bien, très bien même ; en tout cas beaucoup mieux qu’il y a 4 jours au même endroit, à l’entraînement. Malgré la pluie beaucoup de personnes sont venues encourager leurs proches, et finalement applaudissent tout le monde. J’ai l’impression d’être sur une étape du Tour, dans l’euphorie je tombe une dent, puis deux ; je n’ai jamais été aussi rapide à l’entrée d’Arvieux. L’effort, régulier, se poursuit jusqu’à Brunissard et son passage effrayant à 12%, juste avant d’attaquer les lacets dans la forêt.

A cet endroit je double Lucho ; un petit salut réciproque, et je repars de plus belle… 36*21, 36*23 dans des pentes qui avoisinent les 8-9%, c’est la grande forme ce matin. Je remonte les concurrents par dizaines ; personne n’arrive à prendre ma roue. A l’approche de la Casse Déserte je lâche un peu plus les chevaux ; la pluie cesse et le soleil commence à apparaître, excellent pour le moral, déjà au beau fixe. Une courte descente dans ce décor lunaire mythique, puis quelques lacets encore raides à gravir ; je laisse mes dernières forces dans la bataille et voici enfin le sommet après 59′ d’ascension (record personnel). Plus de temps à perdre ; je remplis un autre bidon, mange une barre, mets un imperméable et c’est parti pour la descente.

Celle-ci est très sinueuse au début, heureusement la route est quasiment sèche. 70… 75… 80 km/h, le compteur s’affole en bout de ligne droite, et les patins fondent un peu plus à chaque épingle. Puis la pente se radoucit à l’approche de Cervières, où quelques coureurs, bien meilleurs rouleurs que moi, reviennent de l’arrière. J’accroche le wagon au sprint, pour filer le plus rapidement possible sur Briançon.

Nous arrivons dans la cité fortifiée, le temps de faire un léger détour et nous arrivons à la dernière difficulté de la journée, du moins pour le parcours B : la remontée sur Chantemerle. On a dépassé les 3h30 de course, et là tout le monde est dans le dur sur cette dernière côte… Le petit groupe explose, je n’arrive plus à tirer le gros plateau. 1km… 500m… 200m, la ligne d’arrivée est toute proche ; un dernier sprint et ça y est, j’ai bouclé ma première cyclosportive montagnarde, sous la pluie qui recommence doucement à tomber.

185° sur 792 classés, 74° de ma catégorie en 3h41m03 ; pas mal pour une première, même si en partant mieux placé je pense que j’aurais pu mieux faire (et peut-être monter l’Izoard avec les spécialistes). La prochaine fois je me préparerai un peu mieux, en évitant de me coucher trop tard la veille par exemple.

Côté satisfaction je retiens mon ascension de l’Izoard, la plus « facile » que j’ai pu faire jusqu’à maintenant (même si ça reste un col dur). Jamais je ne me suis trouvé en difficulté, malgré la pente je pouvais choisir mon rythme, relancer à chaque replat, bref… le pied. Finalement je n’étais pas carbonisé à l’arrivée, et avec un peu plus d’entraînement je pense que le parcours A (Lautaret + Galibier en plus), est envisageable. En revanche j’ai perdu pas mal de temps aux ravitaillements et autres arrêts inopinés… au total 10min de moins au compteur (passés réellement à rouler) que mon temps final. Pour les bidons difficile de faire mieux (avec 2 bidons pour 110 km, obligé de ravitailler même par temps frais), mais pour le reste il faudra m’améliorer pour faire ce genre d’épreuve en mode course.

Tout ceci m’a redonné goût à la compétition, et avec mon déménagement sur Grenoble, j’envisage sérieusement de prendre une licence pour faire des cyclosportives, et pourquoi pas quelques courses. Ajouter d’autres épreuves du coin à mon tableau de chasse (la Marmotte, la Vaujany… autant de parcours mythiques) serait très sympa ; à voir dès l’an prochain. Sans oublier la Serre-Che Luc Alphand, qui avec son parcours magnifique, son organisation bien rôdée et sa convivialité reste un passage obligé du mois de juillet, même si sa proximité avec la Marmotte est regrettable (épreuves souvent le même weekend).

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