Vaujany Master

Ce matin lever à 4h30 pour un très gros morceau, le parcours Master de la Vaujany : 175 km, 4000 m de dénivelé avec des ascensions compliquées (la Morte, Alpe d’Huez, Sarenne, Vaujany…) ; en milieu d’après-midi j’aurai une idée plus précise sur mes supposées qualités de grimpeur ;-). Après une nuit courte et difficile, je déjeune, charge le matériel et pars direction le Verney, situé juste au pied de Vaujany, au bord du barrage d’Allemont. L’endroit est pittoresque et les derniers doutes concernant la météo se dissipent en même temps que le soleil se lève en face de nous : ça va être une belle journée de vélo.

Avec le dossard 570 je me place tôt avant le départ dans le sas réservé aux n° 301-1000 : pas d’échauffement, de toute façon on part pour 6h00-6h30 de vélo minimum ; ce n’est pas ça qui fera la différence. Peu après 7h15 la sirène retentit et le sas s’ouvre ; nous partons juste derrière les dossards prioritaires, et je peux apercevoir la tête de course au loin. J’ai une bonne vingtaine de km pour me placer correctement dans le peloton avant le pied de la première difficulté ; c’est jouable mais il ne faut pas traîner en route, le profil descendant rendant l’allure très rapide (plus de 70 km/h dans certains passages).

Col d'Ornon - descenteMalheureusement quelques km seulement après le départ, à la faveur d’une courte remontée je dois passer le petit plateau, un peu trop en force. Saut de chaîne immédiat : ça commence bien ! Pas de panique, je remets ça en ordre et repars aussi sec. L’incident n’aura pas été trop pénalisant, puisque c’est idéalement placé dans les 30 premières positions du peloton que j’arrive à Séchilienne, pied de la première ascension du jour, le col de la Morte (15.3 km – 6.5 %). D’entrée je suis à bloc ; le rythme est très soutenu et ça explose dans tous les sens : à plus de 180 bpm au cardio je dois laisser filer les meilleurs, et je me retrouve dans un groupe derrière, qui monte à une allure rapide, mais raisonnable. Nous avons une dizaine d’hommes en point de mire, mais je ne peux pas monter plus vite, étant légèrement en surrégime depuis le départ.

Au sommet nous basculons avec une petite minute de retard sur le groupe précédent ; retard vite comblé dans la descente qui suit. Le groupe progresse ainsi jusqu’à Valbonnais, avec quelques km de répit avant d’attaquer le col d’Ornon (14.4 km – 3.9 %). J’en profite pour discuter un peu avec mes compagnons de route. Parmi nous se trouve le leader du Grand Trophée (catégorie 30-39 ans) ; je suis en bonne compagnie, mais ça ne va pas durer… Je franchis le col à la limite avec le groupe, et je dois m’arrêter prendre de l’eau au ravitaillement. Malgré une descente à tombeau ouvert je ne reverrai jamais le groupe, et c’est à 3 coureurs que nous revenons à Rochetaillée, heureusement sans vent.

Déjà 100 km dans les jambes, et le plus dur est devant nous. Tandis que nous bifurquons pour monter à l’Alpe d’Huez (par son versant le moins connu), les concurrents du parcours Senior (110 km) partent directement sur Vaujany. Le panneau annonçant le sommet à 10 km m’incite à la prudence ; je monte à mon rythme sur ces routes inconnues… La pente est soutenue jusqu’à Villard-Reculas (12 km – 6 %), mais cela n’a rien d’insurmontable, l’ombre et le panorama exceptionnel sur la vallée rendent même l’ascension agréable. Dans le court pallier qui suit un ancien du club me rejoint ; il a l’air très facile et je force l’allure pour le suivre, d’autant qu’il emmène un petit groupe dans son sillage.

Je dois néanmoins lâcher prise au moment où nous rejoignons les mythiques lacets de l’Alpe d’Huez ; la pente se redresse brusquement, les cuisses brûlent et c’est sur le 36*25 que je me résigne à laisser passer la défaillance. C’est à ce moment que Pierre, un autre blogger me double ; il a l’air plus frais que moi, mais le léger replat du sommet me permet de franchir le point de contrôle dans sa roue. Je décide de m’arrêter au ravitaillement pour manger un peu de salé ; il reste encore un col à franchir, et je préfère assurer le coup niveau alimentation, je ne suis plus à une ou deux minutes près.

Vaujany - montée finaleC’est là que débute la partie pénible de la journée, sur la « route pastorale » qui conduit au col de Sarenne. Une pancarte annonce la couleur : limitation à 20 km/h, circulation « aux risques et périls » des automobilistes… La route est en effet défoncée, sans bitume par endroits, avec quelques passages de gués en pierre. Si ce n’est pas marrant en descente, ça devient cauchemardesque en montée, dans des pourcentages à deux chiffres. Je n’ai guère l’occasion de profiter du paysage (pourtant magnifique) au sommet, tellement je suis en souffrance. Le franchissement du sommet est une délivrance avant de plonger dans la descente, tout aussi défoncée.

Après quelques km d’extrême vigilance la route redevient correcte, je lâche les freins et les virages s’enchaînent jusqu’au Freney d’Oisans. Au barrage du Chambon un petit groupe de 4 coureurs me reprend ; je me cale immédiatement dans les roues et assure quelques relais. Dans la longue partie nous ramenant à Rochetaillée nous rattrapons quelques concurrents, si bien que nous nous présentons à une petite dizaine au pied d’Allemont.

Dès les premières rampes pour arriver au Verney certains lâchent prise ; je me sens plutôt bien, mais le terrible final vers Vaujany va vite doucher mon enthousiasme. 5 km @ 9 % de moyenne c’est difficile, mais ça l’est encore plus après 170 km d’effort, sous un soleil brûlant. D’entrée je mets tout à gauche, mais le 36*25 est trop long… tantôt en danseuse, tantôt assis, je n’arrive pas à pédaler efficacement, et plusieurs coureurs lâchés plus tôt me reprennent. A cet instant je ne songe qu’à finir, et le décompte des km restants n’en finit plus. Enfin j’aperçois l’arrivée, que je franchis épuisé en 6h36.

Je termine 46°/249 (8° des 18-29 ans) ; à chaud je suis déçu de ma performance, inférieure à celle réalisée au Challenge du Dauphiné (28°). Le parcours est cependant plus difficile (plus long d’une heure), et le niveau sans doute plus relevé avec beaucoup d’étrangers. Une fois de plus l’arrêt « obligatoire » pour le ravitaillement en eau m’a fait perdre le contact avec le groupe, mais les raisons de ma défaillance progressive dans la seconde moitié du parcours sont plus à chercher dans mon début de course très (trop) rapide. Là est le dilemme : partir plus lentement (quitte à trouver un groupe moins efficace) ou rester au contact de la tête le plus longtemps possible ? En discutant avec Pierre (arrivé quelques minutes plus tôt) qui s’est retrouvé dans le premier cas, ce n’est pas forcément l’idéal non plus. De mon côté je n’avais pas les jambes de feu aujourd’hui, et plus que le physique c’est surtout le mental qui a flanché sur la fin ; je ne connaissais plus le terrain passé les 100 km de course, et quand je grimpe un col dur c’est très important de savoir où sont les replats, les passages difficiles, etc.

L’apprentissage continue donc, avec quelques détails à améliorer rapidement, puisque dès dimanche prochain je m’attaque aux 180 km de la Serre-Che Luc Alphand, a priori plus abordables, et avec mon col préféré (l’Izoard) dans le final. Maintenant place à la récupération pour ce début de vacances, afin d’être au top pour l’objectif majeur de la saison !

2 réflexions sur « Vaujany Master »

  1. Salut Rodolphe,
    je laisse un message sur ton dernier CR, en attendant celui de ta Serre Che 180 😉
    Récit très impressionnant. A mon humble niveau, je te rejoins sur le dilemne à s’exploser pour essayer de rester dans un groupe plus rapide, ou s’économiser pour pouvoir accelérer plus tard si on s’en sent capable … Et sur la nécessité de connaître un col dur pour savoir où sont les replats, les repères qui incitent à résister car un passage plus facile se cache au bout du virage … ça m’a manqué dans le plus dur de l’Izoard !
    Je t’ai vu alors que je quittais le chapiteau cantine, je ne suis pas allé t’aborder … une prochaine fois ! Bon courage pour la suite de ta saison, pour moi c’est Arvan villard petit parcours avant de couper en termes de cyclo jusqu’à la Vercors Drôme.
    Et merci pour le petit topo sur le parcours du 105 !

  2. Salut Pierrick,

    En fait c’était plutôt Serre-Che 188 km compteur :p
    Le CR est en cours, mais disons que j’ai mieux géré mon affaire qu’à la Vaujany tout en restant au contact des meilleurs (dans les 20-25 premiers après 120 km, et en bagarre pour revenir sur le groupe de tête pointé à 1’30 »), malheureusement après ce fut la dégringolade, avec deux sauts de chaîne successifs, puis chaîne à réparer (la cause), puis grosse fringale dans l’Izoard suite un « oubli » d’alimentation dans la vallée.
    Malgré tout 95° scratch, évidemment déçu mais après avoir correctement mangé au sommet j’ai vite retrouvé de bonnes sensations dans le final ; sans ces divers incidents (facilement corrigibles d’ici la prochaine course) j’aurais pu faire un top 40 voire 30 (beaucoup de coureurs se tiennent en relativement peu de temps).

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