Madeleine

En cette fin juillet je me sens fatigué, après plusieurs weekends de compétition difficiles. Jusqu’au dernier moment j’hésite à participer à la Madeleine (137 km – 3200 m), mais l’envie de découvrir de nouvelles routes et l’absence d’épreuves intéressantes dans la région au mois d’août me poussent à faire le déplacement jusqu’à La Léchère. L’inscription est rapide ; nous sommes peu nombreux (moins de 250) à prendre le départ à 9h00 pour les deux parcours.

Celui-ci est plutôt tranquille, heureusement car la première moitié du parcours est plate, mais très tortueuse avec de nombreux villages à traverser. Malgré tout ça roule à 45 km/h, et je me cale en milieu de peloton, à droite de la route pour se dégager facilement en cas de chute collective. Petit reproche sur ce point aux motos ouvreuses, présentes mais pas forcément efficaces pour signaler les dangers du parcours ; plusieurs fois nous aurons droit à de forts coups de frein, heureusement sans conséquence.

En chemin j’aperçois plusieurs coureurs du Chamrousse Team Cyclosport, dont Pierre et Jean-Luc, mais je reste concentré pour éviter la chute. C’est mal placé et surpris que j’aborde la première difficulté du jour, la côte d’Aiton. J’avais à peu près repéré l’endroit sur la carte, mais si la pente me force à monter à 18-20 km/h, je n’ai aucune idée de la longueur… Tant pis, je grimpe quasiment à bloc (182 bpm max), restant au contact des meilleurs en espérant que ça ne dure pas trop longtemps. Je craque légèrement au sommet, mais heureusement je ne suis pas seul ; la trentaine de secondes de débours est vite comblée dans la descente suivante.

Ça ne roule pas trop fort dans le peloton réduit ; j’en profite pour me ravitailler en solide. Quelques km plus loin et nous voilà au pied de la côte de St-Georges-des-Hurtières ; la difficulté est similaire à celle d’Aiton, mais je lâche plus rapidement le paquet. Là encore on s’organise bien pour rentrer de l’arrière, et c’est groupés que nous arrivons à La Chambre, au pied de LA difficulté du jour : le col de la Madeleine (19 km – 8 %).

Connaissant le profil très régulier mais difficile de ce col, je laisse les meilleurs s’expliquer dès le pied, provoquant l’explosion du peloton. Les sensations ne sont pas mauvaises ; je monte au cardio, à mon rythme et de temps en temps je rattrape quelques coureurs partis trop vite. A St-François-Longchamps je fais le plein en eau ; j’aperçois la route menant au sommet traversant les pâturages, similaires à ceux du col de Sarenne… Dans les derniers km je faiblis légèrement, et c’est après 1h20 de montée que je franchis le sommet, content d’en avoir fini avec ce col interminable.

La vue sur la Tarentaise est splendide, tout comme le Mont Blanc enneigé qu’on aperçoit au loin :-D. Maintenant place à 25 km de descente rapide et technique, sur un revêtement irrégulier par endroits. Je pilote proprement, sans risque ; la vision de la route en contrebas me permet d’affiner les trajectoires. Sans effort superflu je reprends 3/4 coureurs, et c’est ainsi que nous arrivons au pied de l’ascension finale vers Valmorel.

Dès le pied je suis dans le dur ; le compteur indique au moins 20 km restants, mais d’après le profil de l’ascension elle devrait durer 14 km, à un pourcentage moyen raisonnable (6 %). J’ai mal, et je n’ai aucune idée de la longueur du calvaire. Je stabilise l’allure autour de 12-13 km/h, mais ce n’est pas suffisant pour contenir le retour d’autres concurrents, plus frais que moi dans ce final. Mentalement je commence à craquer, quand j’aperçois le panneau des 10 derniers km. A ce rythme-là j’en ai encore pour 3/4 d’heure, soit une éternité :-(. Une rupture de pente intervient à ce moment-là, histoire de relancer quelque peu la machine, mais le répit est de courte durée, et encore beaucoup de coureurs dont Pierre me dépassent, sans que je ne puisse réagir.

Les 5 derniers km défilent un peu plus vite ; une courte descente, et nous reprenons la route classique vers Valmorel. J’aperçois la station, c’est bon pour le moral ; je remets une dent, puis deux et arrive à arrêter l’hémorragie en gardant Pierre en point de mire. Ce sera ainsi jusqu’à l’arrivée, synonyme de délivrance.

J’y retrouve Jean-Luc qui a terminé sur le podium au scratch, et Pierre qui a l’air aussi cramé que moi. Malgré ma défaillance je finis 49° sur 119 ; j’étais bien parti, et une fois de plus je dégringole au classement dans le final (probablement dans les 30 au pied de l’ascension) : ça devient une fâcheuse habitude :-(. Il me reste quelques semaines pour comprendre ce qui s’est passé, et corriger le tir avant fin août, pour la Marco Pantani qui sera au moins aussi difficile.

2 réflexions sur « Madeleine »

  1. Salut Rodolphe,

    merci pour ton passage sur mon blog. Tu étais sur « mes » terres ! J’ai hésité aussi à la faire, la Madeleine (ou le Madelon) mais je coupais à ce moment là … Belle performance quand même, la Madeleine est très usante, même si tu l’as particulièrement bien grimpée ! Et puis tous ces petits casse-pattes (Aiton, Hurtières, +2-3 petites côtes entre Epierre et la Chambre …) sont une vraie plaie. Hostile la Maurienne, hostile !

  2. Salut Pierrick,

    Pour moi c’était un peu la cyclo de trop vu la légère fatigue que j’avais au départ (en plus j’ai fait n’importe quoi en roulant 3h la veille…), mais la curiosité l’a emporté, et je reviendrai à coup sûr l’an prochain. Il y a en effet moins de monde que dans les autres épreuves de juillet, et un bon dossard au départ n’est pas primordial, vu que les difficultés interviennent après 50 km plats mais tortueux 😉
    D’ailleurs j’ai vu que la Bourgui le weekend suivant reprenait une bonne partie du tracé (dont la montée vers Doucy/St-Oyen qui m’a tant fait mal :-p)

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