Marco Pantani Memorial Cycling

Aujourd’hui j’ai rendez-vous avec le mythe, et malgré une courte nuit de sommeil c’est dans les premières lueurs du jour que je charge la voiture, direction les Deux-Alpes pour participer à la Marco Pantani. 164 km et 4000 m au programme, avec un peloton raisonnable mais un niveau digne d’une Vaujany. Sur place je croise quelques têtes connues dont Nicolas, Pascal et Sébastien. Le départ est donné à 8h00 devant la stèle en hommage au génial grimpeur italien ; la descente neutralisée vers le Chambon est avalée tranquillement, et le départ réel donné au Freney-d’Oisans vers 8h30.

SiévozÇa part vite d’entrée, et je roule fort pour me replacer en tête de peloton afin d’aborder le col d’Ornon dans les meilleures dispositions. Les concurrents du petit parcours se tirent la bourre, on est tous à la limite dans la sinueuse descente sur la Paute, et j’ai la bonne surprise de me retrouver devant dans un groupe de 10 coureurs, avant un regroupement général. Les sensations sont là, rien de tel pour se mettre dans le bain ;-).

Première difficulté du jour, le col d’Ornon (10.7 km – 6 %). Ça roule vite dès le pied, et rapidement je plafonne à 180 bpm, à quelques encablures du groupe de tête. Malgré tout je tiens bon la barre, et franchis le sommet à une trentaine de secondes des meilleurs, explosant au passage mon temps de référence sur cette montée (31’55 »). Connaissant parfaitement la descente je l’attaque tambour battant, avec une véritable « mobylette » pour me relayer dans les lignes droites. On rentre ainsi aisément sur la tête avant de se mesurer à l’épouvantail du jour : le col du Parquetout (7.1 km – 9.8 %).

Pas très connu, il présente des passages jusqu’à 18 % : beaucoup de concurrents ont dû être surpris. J’avais bien préparé mon affaire en reconnaissance le weekend précédent, et je franchis l’obstacle à un bon rythme (32’38 »), dépassant quelques concurrents. La descente est étroite sur un revêtement incertain ; je dépasse un concurrent hollandais, visiblement plus à son aise dans les % positifs. Maintenant il s’agit de s’économiser dans la longue remontée vers la Morte, et lorsque ce même Hollandais me reprend à Siévoz avec un troisième larron, je ne peux les accompagner que quelques km avant de lâcher prise peu avant Oris. Le vent est nul ; ce ne sera pas préjudiciable.

J’attaque les derniers lacets vers la Morte (3.5 km – 8.2 %) au train ; un petit groupe se trouve deux lacets plus bas, ça me laissera juste le temps de remplir les bidons, avant de redescendre avec eux sur Séchilienne. Le timing est excellent et les sensations encore bonnes à mi-course… serait-ce LE jour ? Connaissant parfaitement le terrain je fais la descente, bien moins gravillonnée que le weekend précédent ; merci aux bénévoles pour le coup de balai ! Le groupe se reforme au pied : nous sommes une bonne dizaine dont Seb et quelques bons rouleurs, pas négligeable avant de remonter jusqu’à Bourg-d’Oisans.

Tout le monde ne prend pas les relais, mais nous progressons à un bon rythme dans la vallée de la Romanche, malgré la circulation. Prenant quelques relais j’en garde sous la pédale, car le parcours est loin d’être terminé. Passé Bourg-d’Oisans c’est du chacun pour soi, tandis que nous attaquons la rude montée vers la Garde. Ce sont les premiers km mythiques de l’Alpe-d’Huez, mais aussi les plus difficiles. Le cœur monte encore haut et je n’ai pas trop mal aux jambes : ça s’annonce très bien, j’arrive à tenir la cadence des meilleurs grimpeurs du groupe. Au virage n°17 nous bifurquons vers Auris ; je remplis une dernière fois les bidons. La route en balcon est superbe, et moi euphorique. J’avale ma dernière barre une fois le sommet franchi, et plonge vers le Freney-d’Oisans : plus qu’une ascension !

Pour la 3° fois de la journée je reprends le « Hollandais volant » dans la descente, mais il s’échappe à nouveau dès les premières pentes vers les Deux-Alpes. Encore 9 km à couvrir sans craquer et j’aurai atteint mon objectif. Je commence l’ascension à mon rythme, gardant un œil devant et surtout derrière, afin de conserver ma position. Tout se passe bien jusqu’à 5 km de l’arrivée ; après une courte descente les pulsations tombent logiquement… mais ne remontent pas dans la pente, et j’ai de moins en moins de forces : ça sent la fringale et je n’ai plus rien à manger :-(. Je persévère en espérant que ça tienne jusqu’au bout, mais à 3 km du but je dois m’arrêter auprès de vacanciers pour demander un biscuit (un grand merci à eux !) ; mieux vaut perdre du temps maintenant que s’écrouler à la flamme rouge. Quelques concurrents me dépassent pendant que je me restaure, et je repars dans les roues de Pascal et Seb, avec qui je termine.

2 km, 1 km… enfin la délivrance. Je finis 35°, juste derrière Seb ; il m’aura manqué 3 petits km pour un second top 30 cette saison, dans une épreuve très relevée. La prochaine fois je mangerai plus de pâtes la veille ! Malgré tout j’ai bien mieux géré qu’à la Madeleine ; la connaissance du terrain constitue vraiment un plus dans ce genre d’épreuve. Mis à part ce début de fringale la course était presque parfaite, en réussissant à garder un niveau de puissance constant sur les principales ascensions (~300 W ou plus dans Ornon, le Parquetout, la Morte et Auris). Maintenant place à la récupération, avant de courir à la Préalpes samedi prochain.

3 réflexions sur « Marco Pantani Memorial Cycling »

  1. Salut Rodolphe,
    Beau récit d’un compétiteur qui fait attention au chrono…
    Effectivement tu as de bien meilleures possibilités que moi pour bien gerer un effort intense et court : 300w c’est déjà beaucoup. (je n’ai qu’environ 255w pour 61kg)
    C’est vraiment dommage de te retrouver en panne sèche de carburant dans la montée finale… Je fais aussi la bétise une fois par an…
    Tout dernièrement, j’ai mis une petite saccoche au niveau du guidon qui repose sur le cadre avec des barres et pâtes de fruits diverses pour ne plus subir ce desagrément : faim ou pas faim, tout les 3/4h je pense à grignoter !(2 fringales à la Morzine Vallée d’Aulps, ça m’a bien servi de leçon !)
    Je te souhaite une bonne Préalpes samedi prochain, pour ma part j’ai choisis la Vercors Drôme
    Soit fort et reste le tout au long de l’épreuve en donnant à ton organisme l’alimentation dont il à besoin ! Le bon chrono et classement se précisera alors bien !
    @+

  2. Salut Pascal,

    Disons que j’avais connu pareille mésaventure dans l’Izoard à la Luc Alphand (après 150 km de course), mais j’avais beaucoup moins mangé ce jour-là (la course avait été très rapide, et pendant une bonne partie de manivelles dans la vallée je me suis concentré sur la boisson, pas sur le solide…). J’avais perdu beaucoup plus de temps, car je n’ai pas compris de suite ce qui m’arrivait. Dimanche le déclic s’est vite produit, donc la perte de temps (et de places) réduite. Un peu dommage car la condition est là (j’ai « claqué » 340 W au col d’Ornon… je n’en reviens toujours pas).
    Je pense que je n’ai pas suffisamment chargé en féculents la veille ; pendant la course j’ai quand même absorbé 5 barres céréales, un morceau de banane, un verre de coca + 4 ou 5 gros bidons de boisson, ce qui d’habitude suffit largement (la 5° barre fut d’ailleurs difficile à avaler). Bref pour samedi je vais bien manger des pâtes/riz la veille, et ça devrait bien se passer.

    Merci et bonne chance à toi également du côté de Romans 😉

    @+

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