Arvan-Villards #3

Bien que la nuit fût très bonne, je ne sais à quoi m’attendre ce matin au départ du Corbier. Habituellement je fléchis au troisième jour de l’Arvan-Villards, alors après cinq jours de course sur sept… Difficile de prévoir ce qui va se passer dans le Glandon, Mollard ou dans la montée finale. Au soleil mauriennais je retrouve les protagonistes de ces derniers jours : Tim Alleman, Raphaël Pueyo et Stéphane Cognet semblent inaccessibles pour le podium, derrière nous nous tenons en une poignée de secondes avec Cédric Richard et Lars Qaedvlieg. Avec la proximité de l’Étape du Tour il y a moins de coureurs frais au départ : si Florian Pinel et Simon Négrignat ont de bonnes chances de s’immiscer dans le top 5, cela va être une belle bataille entre coureurs du classement général.

Arvan-VillardsLe départ est neutralisé sous le soleil, les premiers kilomètres montants font mal aux jambes avant de basculer à la Toussuire. 20 km de descente à 30 km/h ne sont guère palpitants : j’en profite pour satisfaire un besoin naturel, puis reprends ma place en tête de peloton. Arrêt général à St-Jean-de-Maurienne pour se débarrasser des affaires superflues : nous allons enfin pouvoir en découdre 🙂 Avec le vent de face l’allure est soutenue sans être excessive, idéal pour monter en température. A St-Etienne-de-Cuines je suis opérationnel : virage à gauche dans les premières positions et nous entamons le col du Glandon. Autour de 5 W/kg les jambes tournent très bien lorsque Stéphane attaque pour tester le leader belge, marqué par Raphaël. Après quelques instants de flottement il réagit et le groupe se réduit à une quinzaine d’hommes : voilà la course lancée.

Stéphane est rejoint mais Julien Pesce en profite pour prendre 30″ à 17 km du sommet : bien en jambes j’impose un train élevé avec Cédric, car Lars ne semble pas au mieux en fin de groupe. Après St-Colomban-les-Villards la pente se cabre nettement et je passe la seconde couche : le groupe se tend et perd encore quelques unités lorsque Raphaël attaque franchement et Julien est rejoint. Seuls Tim, Stéphane, Florian, Simon parviennent à suivre dans un premier temps ; Lars est décramponné et je reviens au train avec Cédric, juste avant les derniers kilomètres du col. A partir de là c’est du 10 % constant : toujours à 5 W/kg j’enroule le 36*28 assis à 90 tpm, c’est la grande forme ce matin 😉

Les favoris du général continuent de s’observer, tandis que nous creusons l’écart avec Lars. Au sommet je passe en tête puis assure la majeure partie du travail jusqu’à la Croix-de-Fer, tout en me ravitaillant. Raphaël place alors une grosse attaque à 500 m de la bascule : surpris avec Cédric nous perdons une poignée de secondes que nous ne comblerons pas dans la difficile descente. La route est étroite mais pas trop encombrée de voitures, donc ça va vite. Coup de théâtre après quelques kilomètres, le leader Tim Alleman semble avoir un souci mécanique… Chaîne coincée ? Crevaison ? Pas le temps d’analyser, nous traversons rapidement St-Sorlin d’Arves lorsque Guillaume Cloître nous rejoint.

Voilà un renfort de choix pour la suite, car il descend très bien et roule plus fort que nous. Lars reste en embuscade à moins d’une minute lorsque nous arrivons au col du Mollard. Avec le rythme élevé maintenu dans la descente la transition se passe bien et je reprends les commandes du groupe, toujours à 5 W/kg. Les premiers kilomètres défilent vite sur un revêtement parfait ; en forêt la température est idéale. C’est plus difficile à 2 km du sommet sur une route gravillonnée voire défoncée ; Cédric prend le relais alors que Lars se rapproche… Au sommet chacun prend un bidon de l’organisation, ne perdant que quelques secondes : parfait ! Beaucoup d’organisations cyclosportives pourraient s’en inspirer, car ça rend inutile les ravitaillements « privés » 🙂

La descente est à nouveau technique et piégeuse : je laisse Guillaume faire, Cédric perd quelques longueurs à la fin mais le trio se reforme pour le retour en faux-plat jusqu’à St-Jean. A trois c’est mieux, rien à voir avec l’édition précédente où j’avais perdu beaucoup de terrain seul dans ces longs bouts droits. Les 90 km de course sont franchis en arrivant au pied de la montée du Corbier. Sous le soleil de midi il fait chaud mais j’ai encore de la force ; un dernier ravitaillement et je suis prêt à livrer bataille pour la quatrième place générale, voire le podium. Toujours à l’aise j’emmène le trio à 5 W/kg en tournant bien les jambes : très bon signe, malgré un petit vent contraire mes adversaires souffrent dans la roue.

Après quelques kilomètres à ce rythme je tombe deux dents et accélère à 6 W/kg, pour voir. Guillaume craque, Cédric perd mètre après mètre ; je ne relâche pas la pression et après une minute d’effort le break est fait. Je régule à nouveau l’allure vers 5 W/kg : à 11 km de la ligne c’est encore loin, mais je dois creuser l’écart donc pas le choix. 10″, 20″, 30″… En montant au train j’augmente mon avance, jusqu’à perdre Cédric de vue. Là ça sent très bon, d’autant qu’il y a un replat après Fontcouverte 🙂 A 5 km du but les jambes brûlent et je reste vigilant sur l’alimentation/boisson. Quelques nuages offrent un peu de fraîcheur et quelques frissons ; toujours personne à Villarembert, plus que 2-3 km et je tiendrai mon top 5 de l’étape !

Arvan-Villards #3Faiblissant sous le Corbier je mets plus de braquet et finis en force pour franchir la ligne en 4h07′, à la cinquième place du jour. Cédric a perdu notre bras de fer, dépassé par Lars et Guillaume dans le final… Tim franchit la ligne 10′ plus tard : je monte donc sur le podium au classement général, inespéré le matin même 🙂 Devant Raphaël gagne l’étape et le général, faisant plier Stéphane dans les derniers kilomètres de l’ascension. Florian et Simon suivent pour le podium du jour, après une belle passe d’armes à chaque échelon de la course. Dommage pour Tim, impérial depuis deux jours dans les ascensions qui devra attendre la prochaine édition pour tenter de remporter l’épreuve, après deux places de dauphin en 2015 et 2016. Si je réalise la course parfaite aujourd’hui, lui reprendre plus de 6′ à la régulière était très compliqué vu le niveau affiché à la Madeleine, puis au Galibier.

Voilà l’épilogue de trois jours de rêve sous le soleil mauriennais, menés de main de maître par Ludovic Valentin Organisation. Juillet commence bien mieux que juin n’avait terminé ; j’ai enfin vaincu le signe indien de la dernière étape avec des ascensions records sur l’enchaînement Glandon, Mollard, Corbier. C’est toujours une joie d’échanger après-course avec les rivaux du classement général, dans une chouette ambiance cyclosportive. Maintenant place à la récupération pour les prochains objectifs : de nouveau chez LVO pour la Chambérienne Chartreuse et Bauges fin juillet, j’enchaînerai avec les championnats de France Masters à Marseille début août, puis le Tour de l’Ain la semaine suivante 😉

Résultat(s) : Arvan-Villard #3 – étape / Arvan-Villard #3 – général

2 réflexions sur « Arvan-Villards #3 »

  1. J’ai vu passer l’info sur velo101 avec la photo ^^ Bravo à toi 🙂

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