Lozérienne

La température est douce à La Canourgue et les prévisions météo sont optimistes ; mais la brume persistante et l’expérience de l’an passé m’incitent à me couvrir un peu plus au départ de la Lozérienne. Une épreuve lointaine, pour laquelle je fais volontiers l’aller/retour dans le week-end car l’organisation est de qualité, et fait la part belle aux magnifiques paysages du Tarn et de Lozère. Comme toujours en cyclosport le peloton est relevé et promet une course rapide : les locaux Damien Albaret (sextuple vainqueur) et Mathieu Caramel sont là, ainsi que Stéphane Cognet, William Turnes, Sébastien Pillon, Raphaël Taieb, Cédric Richard, Paul-Emile Lorthioir, Jean-Luc Chavanon…

LozérienneQuelques kilomètres neutralisés nous mettent en jambes dans la fraîcheur matinale, puis la température monte d’un cran dans le col du Trébatut. Un coureur accélère dès les premiers pourcentages, Stéphane relaie : autour des 6 W/kg je reste dans les roues et laisse faire, la sélection par l’arrière se fait en quelques kilomètres. Le groupe se réduit à une quinzaine d’hommes en tête, les jambes tardent à se débloquer alors je veille à monter en souplesse, économisant la musculature pour la suite. Si l’allure tombe à 5,5 W/kg au sommet (en même temps que le capteur de puissance se coupe, faute de batterie :-P), l’écart est fait avec le peloton ; il est temps de se concentrer sur la descente.

Elle est sèche, ensoleillée et propre donc très rapide : parfaitement calé dans les premières positions je ne fais pas d’erreur, ainsi que l’ensemble du groupe qui aborde le replat à St-Germain-du-Teil. A peine le temps de manger quelque chose que Mathieu attaque, bien pisté par Damien. Profitant d’un moment de flottement à l’arrière les deux hommes prennent 15″ au terme de la première boucle : connaissant la suite je préfère garder du jus plutôt que de tenter une vaine poursuite sur terrain plat, donc défavorable. La chasse est assurée par Cédric et Stéphane, qui font le forcing au pied de la montée du Sabot. C’est tendu, tout le monde est à fond et le groupe explose dans cette courte difficulté.

LozérienneStéphane, Cédric, William et Sébastien parviennent à faire la jonction au prix d’un gros effort : derrière je ne peux que constater les dégâts et mener un rythme très soutenu accompagné de Jean-Luc, Paul-Emile, Raphaël, Geoffrey Rouat, Vincent Cantoni et Digan Schiari-Muller. Au sommet l’écart reste sous les 30″, Geoffrey relance l’allure mais personne ne peut relayer et à la Baraque de Trémolet l’écart excède la minute. Après 60 km de course les meilleurs sont devant, il est temps de se déshabiller un peu car la température avoisine les 25°C. Boire et manger également, tandis que Geoffrey continue d’assurer un bon rythme sans se retourner.

La descente des Vignes est très rapide et parfois piégeuse, malgré une route large et belle. Nous arrivons en petit comité dans les gorges du Tarn baignées de soleil : c’est magnifique, les relais tournent comme une horloge sans s’entamer ce qui permet de profiter du paysage 🙂 Sans vent et autour de 35-40 km/h les 25 km de léger faux-plat sont vite avalés, bien encadrés par la moto ouvreuse et à peine perturbés par le trafic printanier. A tous les étages de la course on en garde pour la côte de Sainte-Enimie ; après 100 km de course cette montée devrait départager les hommes forts devant et derrière, alors l’écart avec la tête se stabilise autour des 2′.

Dès le pied Raphaël accélère, suivi par Paul-Emile. Je les suis et en moins d’un kilomètre l’écart se fait avec le reste du groupe, au train. 10, 20, 30″… l’écart augmente progressivement et nous relayons Raphaël dans les parties roulantes tout en apercevant les hommes de tête un (gros) lacet plus haut : vu l’allure « élastique » du groupe ça a l’air de rouler fort, environ 2’30 » voire 3′ devant. Au ras des falaises il fait de plus en plus chaud et l’effort se poursuit jusqu’au sommet, où on se relaie énergiquement car il reste de solides rouleurs derrière. L’entente est parfaite sur le Causse de Sauveterre ; sans vent pour nous gêner les kilomètres défilent rapidement et nous reprenons même Damien, qui a craqué dans la difficulté précédente.

LozérienneHabitant La Canourgue il connaît chaque mètre de terrain et nous briefe sur les difficultés restantes : en retrait dans les ascensions il reste efficace dans les replats et descentes. De fait la progression de notre quatuor est régulière : à 30 km de la ligne j’ai encore de la force, et je sais que ça bascule au km 140 environ. Seule inquiétude : avec la chaleur les bidons se vident, mais c’est pareil pour tout le monde alors on fait avec. Quelques kilomètres plus loin nous avons Cédric en ligne de mire : lui aussi a craqué dans Sainte-Enimie et roule seul depuis un bon moment. L’arrivée se rapproche, chacun y pense car il reste des places d’honneurs à distribuer.

Concentré sur mon effort je ne suis pas assez méfiant quand Raphaël démarre avant La Tieule : Cédric et Paul-Emile ne réagissent pas, Damien y va de suite mais je suis trop court pour faire le jump et viens mourir à 100 m du duo. Même pas 10″ que je réduis mètre après mètre… mais la bascule arrive trop vite pour une longue dégringolade le long de l’autoroute. Damien relaie devant et fait parler sa puissance, l’écart grimpe à 30″ et je les perds de vue à 10 km de la ligne : game over 😛 Septième à ce moment-là, il reste à achever le travail tout en gérant les crampes car les bidons sont vides. La connaissance du terrain est un avantage, je passe en souplesse la côte de La Fagette : personne derrière, je peux aborder la descente rapide sur Banassac sereinement.

Le retour à La Canourgue sera rapide et sans histoire ; je coupe la ligne septième en 4h22′ entre Damien et Cédric, à une minute d’écart. La décision s’est faite loin de la ligne, le débours avec le vainqueur est conséquent : neuf minutes plus tôt Mathieu remporte l’épreuve d’une courte tête devant Stéphane et William, Sébastien prenant la médaille en chocolat après un raid solitaire de 50 km devant notre groupe. Très satisfait des sensations ce matin il m’a manqué comme souvent de l’explosivité pour tenter de suivre le coup gagnant avant la mi-course, au risque de le payer plus loin… Dans le feu de l’action j’ai joué la sécurité, pour un très bon résultat final 😉

Résultat(s) : Lozérienne – grand parcours

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