Si les dernières éditions de la Lozérienne avaient souvent échappé à la pluie, ce n’est pas le cas cette année. La pluie annoncée fait son apparition une heure avant le départ à la Canourgue, conjuguée au froid elle va faire des dégâts. Dans le maigre peloton je retrouve quelques-uns de mes rivaux habituels, plus quelques coureurs locaux comme Damien Albaret. Côté habillement j’opte pour la traditionnelle Gabba, un Velotoze sur le casque, gants néoprène et surchaussures. Je glisse également ma veste Goretex dans la poche, au cas où…
Les dernières consignes sont données par Ludovic Valentin, et en avant toute vers la première difficulté : le col du Trébatut. Les premiers kilomètres neutralisés en peloton sont frigorifiants, et mon plan de bataille simple : suivre les meilleurs jusqu’en haut, sans prendre l’initiative trop tôt. Je tarde à remonter lorsque David Polveroni place la première banderille, bien pisté par les autres favoris dont Stéphane Cognet, Jean-Luc Chavanon ou Jean-Baptiste Trauchessec.
Un peu surpris je mets en route pour recoller ; malgré le froid les jambes répondent bien, je veille à mouliner au maximum pour me réchauffer. David, Stéphane et Damien se relaient énergiquement en tête si bien qu’après quelques kilomètres d’ascension nous sommes une petite dizaine en tête avec un écart significatif. Quelques ruptures de pente font mal à la relance : nous voilà sept en tête en vue du sommet (David, Damien, Stéphane, Jean-Luc, Jean-Baptiste, Vincent Cantoni et moi), Elie De Carvalho suivant à quelques hectomètres derrière.
Malgré l’allure très élevée j’ai froid et ça ne s’arrange pas dans la descente, menée tambour battant. Après quelques minutes à la limite je finis par décrocher, transi de froid et manquant de lucidité dans les trajectoires. J’assure l’essentiel pour ne pas partir à la faute dans les épingles détrempées, mais dois m’arrêter pour enfiler l’imperméable. Elie me dépasse ; il parviendra à faire la jonction un peu plus loin. Peu efficace dans la partie plate jusqu’à La Canourgue, je mesure déjà de gros écarts car le groupe de chasse ne m’a pas repris.
Pas au mieux je songe à abandonner, puis me réchauffe un peu en montant à la baraque de Trémolet. J’arrive enfin à manger quelque chose, les sensations reviennent lorsque le groupe de chasse me reprend. On croise Stéphane qui abandonne, frigorifié lui aussi. Ça laisse une septième place à aller chercher ; je me cale dans les roues et tente de me réchauffer en traversant le plateau. L’entente n’est pas terrible, mais de toute façon ce matin c’est de la survie et nous sommes déjà bien loin des meilleurs. Nous restons prudents dans la vertigineuse descente sur la Malène, sous le déluge avec ses passages à 13 %.
Malgré la météo quasi hivernale les gorges sont toujours aussi belles ; nous les traversons calmement jusqu’à St-Enimie et j’en profite pour prendre quelques relais devant, histoire de me réchauffer. La montée de Cabrunas n’est pas très difficile, mais suffit à faire exploser le groupe après trois heures de course. Coincé à quelques secondes des meilleurs je me bats pour revenir, mais les jambes dures je dois m’avouer vaincu après quelques kilomètres de chasse. Les autres battus nous rejoignent au sommet, jusqu’au second passage à Trémolet où je m’alimente en catastrophe, redoutant la fringale.
Avec le vent qui se lève la traversée du plateau est interminable et le mental flanche à 30 km de l’arrivée, en même temps que les jambes. Gros coup de bambou, maintenant seul rallier la ligne compte. La lutte contre les éléments est âpre jusqu’à la Tieule, où nous basculons enfin pour 15 km descendants jusqu’à l’arrivée (ou presque). La pluie diminue, les routes restent trempées donc la concentration est de mise jusqu’au faux-plat final où je n’avance plus 😛 Après un ultime effort je franchis la ligne en un peu plus de cinq heures, dix-septième et très loin (40′) du duo vainqueur : le local Damien Albaret l’emportant devant David Polveroni.
Pas grand chose à retenir d’une telle défaillance, si ce n’est les bonnes sensations dans la première difficulté. Si nous rencontrons rarement de telles conditions météo, je sais au moins quelles erreurs ne pas faire pour la prochaine fois 🙂 En attendant un mini-break est nécessaire pour reprendre ses esprits, et revenir en pleine forme dans le Vercors pour la première épreuve de montagne…
Résultat(s) : Lozérienne – grand & petit parcours