Vaujany Master

C’est à la fois confiant et tendu que je me présente ce matin départ de la Vaujany (174 km – 4000 m). Confiant car l’été est (enfin) arrivé, tendu car la difficulté du parcours m’avait beaucoup marqué l’an passé, et une semaine difficile ne m’a pas vraiment permis de récupérer complètement de l’hivernale Morzine le dimanche précédent. Néanmoins je retrouve avec joie Bugno, David, Fred et Nico dans le sas de départ, juste au-dessus du barrage d’Allemont.

Vaujany MasterDossard prioritaire, donc pas besoin de partir à bloc pour remonter le peloton ; je suis déjà devant. Le peloton reste calme jusqu’à la nationale, où ça décide d’embrayer. C’est nerveux, et je reste calé dans les premières positions pour aborder les différents ronds-points et ilots avec un maximum de visibilité. On roule ainsi à vive allure jusqu’à Séchilienne, où j’attaque l’Alpe-du-Grand-Serre dans les 10 premières positions.

Le col est long et suffisamment pentu (15.3 km – 6.5 %) pour faire la sélection, qui intervient dès le premier tiers. Préférant garder des cartouches je laisse filer une dizaine de coureurs devant dont David, gardant en point de mire Fred, qui décroche un peu plus loin. Au sommet les dix se sont fait la malle, et je me retrouve dans un bon groupe avec 3 membres du Team Chamrousse : Fred, Nico et Yves. Grâce à des relais impressionnants de leur part nous ne perdons rien dans la vallée, si bien que nous sommes pointés à 2’30 » au pied du col d’Ornon.

Celui-ci n’est pas bien difficile (14.3 km – 3.9 %), mais les jambes ne sont pas extra aujourd’hui, donc je suis sagement le tempo. Au sommet je prends un peu d’avance pour ravitailler : peine perdue aucune bouteille n’est prête pour remplir les bidons, que des verres ! Je repars aussi sec, et recolle dans la descente ; on verra au prochain ravito. Il intervient à la bifurcation des deux parcours ; tout le monde part sur le Master, mais personne ne s’arrête prendre de l’eau… Tant pis, de très longs km d’ascension m’attendent jusqu’à Sarenne, je n’aurai besoin de personne d’ici-là.

C’est parti pour l’Alpe-d’Huez, versant Nord (22.6 km – 4.9 %) : j’attaque la première partie vers Villard-Reculas prudemment, gardant des forces pour la seconde partie après Huez, la plus raide. Je n’ai pas perdu beaucoup de temps au pied, pourtant je n’aperçois personne : ça doit grimper fort devant. Peu avant Huez un léger replat permet d’admirer la vue sur l’Oisans, spectacle toujours aussi magique… Dans les derniers lacets de l’Alpe un Belge me passe en injection avec sa voiture suiveuse : je continue à mon rythme sans trop faiblir, et peu avant le ravitaillement du sommet une spectatrice m’annonce 16° :).

Ça fait du bien au moral, et après un arrêt express au ravito pour varier l’alimentation j’attaque le col de Sarenne (3.2 km – 7.8 %) très fatigué, mais confiant. Sans surprise la route est défoncée après le rude hiver dernier, et je descends doucement pour éviter la casse. Dans la dernière remontée un autre Belge me dépasse, mais je bascule avec lui dans la longue descente sur le barrage du Chambon, pour éviter de terminer seul jusqu’à Rochetaillée.

Au pied ses relais sont impressionnants ; je lutte pour rester avec lui dans les tunnels et n’arrive même pas à me ravitailler ! Finalement je lâche l’affaire peu avant le pied de la descente ; je préfère éviter la fringale, quitte à revenir seul jusqu’à Vaujany. Ce que je m’emploie à faire tant bien que mal, gardant un rythme correct mais sans plus sur le plat (35-40 km/h max). Les jambes brûlent, et à Bourg-d’Oisans j’aperçois Patrick et Philippe de l’ASF Cyclisme, venus rouler en Oisans en ce beau début d’été. Coup de chance, car 500 m plus loin je perce de l’arrière :(.

Pas de panique ; je démonte la roue et Patrick arrive en voiture pile au même moment : en 2′ il change la chambre, regonfle tandis que Philippe arrive en vélo. Je remets la roue et on repart illico, Philippe m’emmenant à un train d’enfer pour recoller le groupe qui vient de passer… C’est chose faite à Rochetaillée : merci pour le coup de main ! J’ai perdu une dizaine de places dans l’histoire, mais c’est vraiment un moindre mal. Les gars du groupe sont étonnés de me voir revenir si vite, et nous abordons à 7 la montée finale vers Vaujany (5 km – 9.3 %).

D’entrée je mets tout à gauche, et le long calvaire commence, sous un soleil brûlant. Je ne cherche même pas à suivre les autres ; l’important maintenant est de finir. Patrick m’a suivi et m’arrose régulièrement du bord de la route, tout en m’encourageant jusqu’au sommet : un grand merci à lui. 3 km, 2 km… puis enfin la flamme rouge et l’arrivée : je boucle l’épreuve en 6h15′, exténué. Dans des conditions similaires à l’an dernier je gagne 21′ sur mon temps de référence, mais une fois de plus je lâche complètement dans cette montée qui ne me réussit pas…

Dans le final des Trois Ballons j’avais beaucoup mieux terminé il y a deux semaines, et j’ai du mal à expliquer ce « craquage » qui me fait perdre 6 ou 7 places scratch. Malgré tout je me classe 27°, à 35′ de l’extra-terrestre italien Dematteis, déjà vainqueur à la Morzine dimanche dernier. Côté GT c’est le carton plein ; le leader n’ayant pas terminé l’épreuve je porterai le maillot rouge et noir pour mes débuts sur la Marmotte, la plus belle et la plus difficile des cyclosportives… A moi maintenant de soigner la récupération, car samedi va vite arriver, et le final aux 21 virages ne pardonnera aucune défaillance cette fois-ci.

4 réflexions sur « Vaujany Master »

  1. On te suis avec plaisir . presque impatient de lire l’épisode suivant..
    Bon pour la suivante je te dis M….

  2. oui la suite risque de faire mal…
    je suis à la fois excité et effrayé de me frotter enfin au mythe après tant d’années de vélo 🙂

  3. Salut Rodolphe,

    Bonne marmotte à toi. Attention grosse chaleur en vue, ça va griller dur dans l’alpe!
    C’est dur mais c’est mythique comme course!! Il y a que sur celle-là où il y a autant de monde sur le bord des routes ( surtout l’alpe et ces Hollandais).
    On attends le CR avec imtatience.

  4. Oui ça risque d’être encore plus chaud qu’à la Vaujany… mais on verra bien, l’important étant de garder suffisamment de forces pour les 21 virages (et ainsi se faire plaisir un maximum) 🙂

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