Serre-Che Luc Alphand

Comme dimanche dernier la météo est très bonne ce matin, et c’est sous un ciel totalement dégagé que je roule vers Serre-Chevalier, départ de l’épreuve. Là-haut il fait encore frais (à peine 10°C), mais une bonne surprise m’attend au moment de retirer mon dossard, puisque des coéquipiers de l’AS Fontaine Cyclisme ont fait le déplacement pour rouler sur le grand parcours (186 km – 3600 m) : merci à Fabrice, Lionel, Olivier et Patrick d’être venus sur les routes hautes-alpines.

Col du MontgenèvreLes premiers km seront neutralisés ; pas besoin d’échauffement, je me dirige tranquillement vers le sas de départ. Il ne fait pas très chaud à l’ombre, et tout le monde attend le départ avec impatience. Celui-ci enfin donné par l’organisation, je remonte tranquillement vers la tête de course, pour attaquer le col du Montgenèvre (12 km – 5.8 %) bien placé. L’ambiance est moins tendue qu’à la Vaujany, et les premiers km de l’ascension se déroulent dans un peloton étonnamment compact. L’allure s’accélère et je tiens bien la cadence en compagnie d’Olivier, tandis que ça commence à écrémer à l’arrière. A quelques encablures du sommet je commence à peiner, et préfère lâcher un peu de lest pour ne pas me mettre dans la zone rouge. Les jambes sont bonnes, et c’est à une trentaine de secondes du peloton que l’on bascule au sommet avec Olivier, qui a aussi de bonnes sensations ce matin.

La descente sur Oulx est sinueuse et rapide ; de nombreux tunnels la jalonnent, et au pied nous revenons sans trop de problèmes sur le peloton. L’ambiance est à la décontraction avant le col de l’Echelle, et je discute avec quelques coureurs isérois aperçus sur d’autres épreuves, comme Nicolas du Chamrousse Team Cyclosport, très à l’aise quand la pente s’élève. Quelques escarmouches secouent le peloton peu avant Bardonecchia, pied de la deuxième difficulté de la journée : le col de l’Echelle (8.8 km – 5.4 %). Dès le pied je suis dans le dur, et le groupe du Montgenèvre se reforme pour monter au train. La route monte à flanc de falaise dans un décor magnifique, et c’est à 8 que nous basculons dans la Vallée Étroite pour une descente tortueuse, où nous apercevons au loin le gyrophare de la voiture ouvreuse.

Rapidement la chasse s’organise et les relais très efficaces, malgré l’étroitesse de la route. Je m’alimente rapidement, et c’est à toute allure que nous revenons sur Briançon pour entamer la deuxième boucle du parcours. Nous reprenons quelques malheureux coureurs victimes de crevaisons, et c’est à un rythme élevé que nous attaquons la légère montée entre Prelles et les Vigneaux, avant de reprendre la nationale à l’Argentière, direction Guillestre. Les bidons commencent à se vider, tandis qu’un signaleur nous pointe à 1’30 » derrière le peloton. Bientôt 120 km de parcourus, les jambes sont encore bonnes avant d’attaquer les gorges du Guil. Malheureusement dans l’euphorie j’oublie de me ravitailler, erreur qui va se payer cash par la suite.

A Guillestre les bidons sont vides, et le groupe s’organise pour prendre des bouteilles au vol et remplir les bidons, afin de perdre le moins de temps possible. Ravitaillement très bien géré, mais les choses se corsent dès la rampe suivante. Dans un passage à 10 % je dois mettre le petit plateau, et crac saut de chaîne ! Je remets ça rapidement en ordre, je repars et… de nouveau la chaîne tombe ; le problème doit être plus sérieux. De précieuses minutes s’écoulent tandis que j’inspecte rapidement la chaîne : un maillon est prêt à céder, heureusement j’ai l’attache rapide et le dérive-chaîne pour repartir. Mais entre temps deux groupes bien fournis sont passés… rageant !

Je repars à vive allure dans les gorges, afin de rattraper un groupe que j’ai en point de mire. Je reviens assez facilement, et attaque le col d’Izoard (15.9 km – 6.9 %) en confiance, tandis que le groupe explose de toutes parts. Les jambes commencent à être lourdes après 140 km de course, mais je progresse au train vers Arvieux puis Brunissard, nœud gordien du col, sur les bases de mon objectif temps du jour (6h00). Et puis d’un coup plus rien, je n’arrive plus à avancer… Je mets du temps à réaliser, mais dois me rendre à l’évidence, c’est la fringale :-(. A bout de forces je m’arrête plusieurs fois pour manger abondamment, tandis que Fabrice, puis Patrick reviennent de l’arrière. Une poignée de minutes est encore perdue, et mes forces reviennent peu à peu à quelques encablures de la Casse Déserte.

Je bascule au sommet très en retard, mais suffisamment lucide pour faire une descente correcte. Le coupe-vent enfilé je plonge sur Cervières en optimisant les trajectoires. Je reprends quelques coureurs dans la descente, et c’est à trois que nous virons en bas de ma ville natale pour remonter sur l’arrivée à Chantemerle. Je finis fort, et lâche mes derniers compagnons de route pour franchir l’arrivée un peu plus loin, après 6h35 d’effort. Olivier, Patrick, Lionel et Fabrice m’y attendent, et nous refaisons chacun notre course en se restaurant. Olivier a très bien géré l’Izoard ; malgré une crevaison dans la descente il finira 29°/364 (14° en basculant du sommet).

A chaud je suis très déçu de mon classement (95°/364), d’autant qu’aujourd’hui la condition était bien présente, et on aurait pu aller loin avec Olivier… Un ennui mécanique et une erreur de débutant (fringale) auront ruiné ma course. Reste la satisfaction d’avoir pu accompagner les meilleurs pendant une bonne partie du parcours, et découvert de nouvelles routes franco-italiennes, aussi belles que celles que j’ai l’habitude de parcourir. Maintenant un de peu VTT pour profiter autrement de la nature, et « décompresser » après ce rendez-vous manqué.

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