La météo est incertaine ce dimanche matin à Morzine, mais pas de pluie au départ et une température correcte (une dizaine de degrés) accompagnent les 630 cyclosportifs répartis sur les parcours Senior et Master. Venu la veille avec Nicolas Raybaud (Team BV Sport) j’ai gagné quelques heures salutaires au réveil, et me place dans le sas prioritaire bien concentré sur la course du jour. Loin de l’effervescence des Trois Ballons et ses milliers de participants, l’ambiance est presque familiale au départ. Le plateau est réduit, mais de qualité avec le tenant du titre Frédéric Ostian, le Team Scott la Clusaz (Roland Chavent, Nicolas Ougier, Jean-Francis Pessey), David De Vecchi, Jérôme Phanon, Patrick Guéraud et quelques locaux comme Guillaume Novel venu s’essayer sur le grand parcours.

Après une très bonne course aux Trois Ballons et une semaine d’entraînement sérieuse, j’ai hâte d’en découdre sur un parcours que j’apprécie en vallée d’Aulps. On entre de suite dans le vif du sujet avec l’ascension du col de Joux-Verte, et Guillaume prend rapidement les choses en main dès les premiers hectomètres. Ça monte vite, très vite si bien qu’aux Lindarets plus qu’une douzaine d’hommes se trouve en tête : j’en fais partie, même si la mise en route est un peu difficile. Malgré tout les jambes répondent bien, et je veille à pédaler souple pour économiser la musculature.

La descente sur Morzine est rapide, et chacun se relève pour ravitailler dans le replat qui suit en direction de St-Jean-d’Aulps. J’en fais de même, tandis qu’un groupe conséquent revient de l’arrière. Très vite nous arrivons à Biot, au pied du col du Corbier. Là encore ça part au sprint dans la rampe la plus difficile, ce qui disperse le peloton de tête. Pas assez explosif je préfère revenir progressivement sur les sept hommes de tête, mais ne peut tenir le rythme. Finalement je bascule à 20″ au sommet, pensant -à tort- que ça va se relever devant.

Frédéric me reprend dans la descente technique : je me fais violence pour le suivre, accompagné d’un membre de l’équipe Chris’Net. A trois l’entente est bonne sur le plat, mais malgré une collaboration efficace nous plafonnons à une trentaine de secondes des hommes de tête. L’effort se poursuit dans le col du Grand Taillet où nous parvenons enfin à faire la jonction, mais au prix de gros efforts. Nous voilà dix en tête, assurément les plus costauds 🙂

Après ces deux premières heures endiablées la côte de la Vernaz se profile : l’allure est modérée. J’assure même le tempo en tête du groupe, histoire de prendre un verre d’eau au sommet. Les routes ne sont jamais plates et tournent souvent, du coup les kilomètres défilent assez vite jusqu’au col de Jambaz. Le léger vent de face m’incite à rester dans les roues, tandis que les costauds du groupe assurent le train. Rien non plus à signaler dans la descente, où quelques hommes reviennent de l’arrière, dont Jérôme Phanon et Oege Hiddema.

Cela agace quelques-uns, et le team Chris’Net plante une banderille à Mégevette, pile au moment où je me ravitaille. Placé en tête de groupe j’arrive à prendre les roues : cette accélération réveille le groupe, qui se met à rouler à vive allure jusqu’à Taninges. Chacun assure sa part de travail, et la vitesse tombe rarement sous les 45 km/h : c’est sûr, plus personne ne reviendra de l’arrière maintenant 😛

Au ravitaillement personne ne s’arrête, je fais l’impasse : il me reste une moitié de bidon pour la difficulté finale, je prends le risque. En approchant Samoëns les relais sont plus rares : chacun se réserve pour le col de Joux-Plane. Dès le pied ça attaque, flirtant avec les 400 watts après 3h40 de course je préfère laisser filer les avions, plaisantant sur la situation avec Frédéric. L’allure devant stagne dans un replat, sans que l’on puisse revenir.

Connaissant le terrain je gère la montée au capteur de puissance, essayant de maintenir 280 watts jusqu’au sommet. J’y arrive plutôt bien dans la première partie, autour de la douzième position. Frédéric me prend quelques longueurs et je garde un petit groupe en visuel, un lacet plus haut. Dans les pourcentages difficiles certains décrochent devant ; le top 10 en tête je force l’allure pour les reprendre, après avoir bu ma dernière goutte d’eau.

Concentré sur mon ascension les kilomètres défilent vite malgré la difficulté ; jouant du dérailleur j’essaie de tourner les jambes au maximum, et finis par dépasser un, puis deux coureurs. A quatre kilomètres du sommet le brouillard fait son apparition, lorsque je rejoins un coureur d’Etupes. Il s’agit de Fabien Doubey, vice-champion du monde junior de cyclocross en 2011 ; sans eau depuis un moment je suis au bord des crampes, mais nous finissons ensemble l’ascension dans une brume épaisse, avant la descente finale sur Morzine.

Celle-ci intervient véritablement après le col du Ranfolly, 10 km restent à couvrir. Il faut rester prudent dans cette belle descente sinueuse, tout en s’assurant que personne ne revienne de l’arrière. Ce n’est pas le cas, et nous franchissons ensemble la ligne en neuvième et dixième positions : bel esprit de ce jeune coureur, qui n’a pas cherché à me disputer le sprint 🙂

Quelques minutes plus tôt David De Vecchi (Semur-en-Auxois) l’emporte devant Nicolas Ougier (Scott) et Emilio Corbex (Vaulx-en-Velin), après une attaque décisive dans Joux-Plane. Grosse performance pour ma part : sur un parcours à peine raccourci (et sec) je gagne 23′ sur mon temps de 2011 et surtout 5′ dans le final vers Joux-Plane, mieux géré qu’en 2011. Il manque encore un petit quelque chose pour jouer le top 5 voire le podium, mais la différence se réduit course après course : voilà qui est motivant ! Au général du Grand Trophée je prends le large, avec plus d’une manche d’avance (344 points) sur mon plus proche poursuivant (Sander Smits).

Un dernier mot pour souligner le bon travail des services routiers : sachant le rude (et récent) hiver qu’a connu cette région, les routes étaient en bon état, surtout quand on sait que Joux-Plane était encore fermé à la circulation la semaine précédente… Merci à eux.

Résultats : Morzine – Vallée d’Aulps Master