Albigeoise

Avec Brice ce matin nous avons rendez-vous en terre inconnue, sur les routes tarnaises autour d’Albi. Beaucoup d’effervescence devant la cathédrale Sainte-Cécile au moment de s’engouffrer dans les sas de départ, car aujourd’hui c’est l’une des rares occasions de se qualifier pour les Mondiaux Masters UCI qui auront lieu dans trois mois au même endroit, sur le même parcours. C’est également l’opportunité de voir à quoi ressemble le parcours, dont le profil ne nous inspire guère. Avec la première (et principale) difficulté après 50 km de plat sur des routes tortueuses, nous autres frêles grimpeurs ne seront évidemment pas à la fête face à un peloton international de costauds prêts à écraser les pédales dans le vent.

AlbigeoiseDès le départ fictif pour sortir d’Albi la tension est palpable, bien plus que sur les épreuves « roulantes » habituelles (comme la Corima). Malgré l’allure réduite ça frotte, ça monte sur les trottoirs, prend les ronds-points à contre-sens pour grappiller quelques précieuses places… De mon côté je veille à garder un minimum d’espace autour de moi ; pas à l’aise je navigue dans le ventre mou du peloton en redoutant le départ réel pleine balle sur les routes de campagne. Après 3 km on passe sous le portique de chronométrage, avec vent favorable ça roule très fort. Tout le monde veut être devant, avec les motos de signaleurs qui tentent de remonter, certains qui n’ont pas l’habitude de frotter… et vlan, premier accrochage après 10 km de course 🙁

Anticipant au maximum j’évite la chute, repars, comble la cassure et aperçois Frédéric Ostian, lui aussi retardé. Ça se calme un peu, puis l’allure s’accélère de nouveau, quelques kilomètres parcourus et autre accrochage, à côté de Brice et en côte ce coup-ci. Même scénario, je m’arrache pour revenir (au moins les jambes sont bonnes ^^) sur le peloton principal, toujours très large donc impossible de remonter ne serait-ce que dans les 200 premiers. Certains tentent l’impossible, empruntant le bas-côté et patatras, en légère descente cette fois-ci.

Ça s’empile devant moi, à 50 km/h je ralentis mais pas suffisamment pour éviter le concurrent devant moi : en une fraction de seconde je choisis l’herbe du fossé, passe par-dessus le vélo sans me faire mal. Le temps de vérifier le matériel (guidon légèrement en travers, roue arrière bien voilée mais en état de rouler) je m’extirpe de la meute, ça prend une bonne minute et la tête de course est déjà loin… Hors du coup après 25 km de course j’accuse le coup et traîne en queue de groupe, attendant la première difficulté.

Le pas de la Ligné arrive au kilomètre 55 et dure quelques kilomètres, j’en profite pour remonter facilement en tête de groupe et imagine mon debours à deux minutes ou plus… Vu le peu d’entente qui règne dans le paquet c’est peine perdue pour rentrer : j’en profite pour m’arrêter au ravitaillement, remplir un bidon pour plus tard et tenter de redresser mon cintre. Mes efforts sont vains car il est trop serré, et je ne trouve personne pour me prêter une clé allen. Tant pis, on ira comme ça jusqu’à l’arrivée.

AlbigeoiseLa suite se fait en queue de groupe, à vive allure dans des villages tarnais pittoresques et de jolies petites vallées 🙂 Cela amène un peu de fraîcheur, alors que le mercure dépasse déjà les 30°C. 40 km/h de moyenne après 80 km de course : là clairement je ne suis vraiment pas sur mon terrain ! Ce qui n’empêche pas de rentabiliser le déplacement, me dressant sur les pédales dès que la route s’élève (rarement). Vers le kilomètre 90 je sors dans la bosse de St-Antonin-Noble-Val, personne ne suis et au sommet j’aperçois un petit groupe 20″ devant. Après quelques kilomètres de chasse intense je parviens à rentrer, et impose mon rythme dès que ça monte.

D’autres volontaires relaient et le groupe avance bien, même si certains -comme toujours- tirent au flanc. Peu importe ; la fin de parcours est très roulante, avec le vent de sud il faut s’entendre pour rallier l’arrivée le plus rapidement possible. A ce moment-là je n’ai aucune idée de combien ils sont devant ; au moins une centaine j’imagine. Donc je ne me fais guère d’illusion sur mon classement dans ma catégorie (surtout en arrivant au sprint sur un circuit automobile). Par conséquent je laisse pas mal de forces dans la bataille, gardant ce qu’il faut en réserve pour ne pas lâcher le groupe.

Le plan se déroule gentiment jusqu’à la côte de Coufinie où un coureur du club de la Défense attaque. Bel esprit après avoir profité de notre boulot jusque-là 🙁 Je le relaie et le lâche au sommet, prolongeant mon effort devant une demi-douzaine de coureurs. On se regroupe et je laisse faire ceux qui n’avaient pas collaboré jusque-là. Et là tout le monde se colle à gauche de la droite, pour former l’éventail car le vent vient de la gauche. Logique, sauf qu’on est sur route ouverte et les souvenirs de l’accident de David dans le Vercors sont encore intacts 🙁 Malgré mes réprimandes personne n’entend raison : pire je me fais pourrir en prenant mal mes relais.

Ecoeuré j’arrête de rouler, d’autres se relèvent aussi et des grappes de coureurs commencent à rentrer pour se retrouver à une trentaine. Vue l’ambiance générale je ne pense plus qu’à rallier l’arrivée en bon état. Encore 20 km à ce rythme, et ce sera mission accomplie. Nous reprenons la route principale et les kilomètres défilent rapidement, certains tentent leur chance pour éviter le sprint mais vu le gabarit des gars qui roulent derrière ce n’est pas la peine d’essayer 😛 Dans le final nous reprenons Richard Feldman, vainqueur du contre-la-montre jeudi chez les 45-50 ans mais pas à la fête aujourd’hui, portant les stigmates d’une chute.

Nous entrons enfin dans le circuit automobile d’Albi, la chaleur est écrasante et comme prévu le sprint est particulièrement disputé, au point qu’une énième chute collective se produit après la ligne. 132ème au scratch à plus d’un quart d’heure de la gagne, je termine 42ème des 18-34 ans ce qui n’est pas suffisant pour me qualifier aux Mondiaux. Vus les comportements observés ce matin (mauvais esprit, déchets… aux antipodes de ce que je recherche en cyclosport) et la tension permanente qui régnait pendant ma petite heure au sein du groupe de tête c’est mieux ainsi. Je retiendrai simplement les sensations correctes trois jours après les Trois Cols, et le fait d’être à l’arrivée sans bobo ni casse.

Résultat(s) : Albigeoise – grand parcours

8 réflexions sur « Albigeoise »

  1. Ouai c’est une expérience à vivre, mais pas le genre de course qui donne envie, c’est clair ! A bientôt dans le cols, ce sera mieux !

  2. Les comportements que tu évoques (mauvais esprit, gestion déplorables des déchets) sont valables sur toutes les cyclos. Sauf que tu es devant et que tu ne le vois pas spécialement. Ca fait partie des raisons qui m’ont plus ou moins poussé à ne pas poursuivre en cyclosport et ne m’incitent pas à y revenir. En FFC / FSGT et en rallyes cyclos, tout n’y est pas rose (oui, même sur les quelques randos que j’ai faites, j’y ai vu des trucs moches) mais je trouve que c’est quand même mieux globalement. Sur ta prochaine épreuve montagnarde, va voir celui qui termine à la 160ème place et demande-lui si dans son groupe tout le monde a pris ses relais et s’il en a vu jeter un emballage dans la nature … je connais déjà la réponse à ces deux questions 😉

  3. Difficile à dire en effet… mais sur les Trois Ballons 2015 (où j’ai visité la 150-200ème place pendant 7h suite à ma crevaison d’entrée) je n’ai pas eu cette impression : les gars gardaient à peu près leurs déchets, et surtout roulaient pour aller au bout de l’aventure, pas pour éjecter le copain d’à côté. Des saligots pollueurs et/ou des ratons, j’en croise aussi pas mal en tête de gondole 🙁
    Après ne nous leurrons pas : les pros à la TV balancent leurs gels/bidons n’importe où, y’a aucune raison que les amateurs ne fassent pas pareil (le fameux mimétisme, malheureusement)… Même s’il y a des zones prévues pour jeter le superflu (comme c’était le cas hier, bonne idée).
    Tant qu’on ne déclasse pas celui qui sera pris la main dans le sac (avec tous les motards qu’il y a pour la sécurité, ça doit forcément se voir) les mentalités n’évolueront pas. Même combat pour le code de la route, les ronds-points, etc. le règlement existe mais pas appliqué donc c’est la fête du slip. Quand bien même les règles de sécurité sont rappelées longuement juste avant le départ…

    Bref, j’y suis allé, j’ai vu… on ne m’y reprendra plus 😛 Bonne chance à tous les collègues qui ont réussi à se qualifier : aux Mondiaux les catégories d’âge seront espacées de 5-10min apparemment, réduisant grandement la taille des pelotons au départ donc le risque d’accrochage. Ce qu’il aurait fallu faire dès hier (même s’il faut bien le reconnaître, la qualif était loin d’être acquise vu le niveau).

  4. slt
    j’y était mais avec mon age,c’était le 97,effectivement c’est partis fort sur le plat,50km/h,
    dangereux.C’était pas une vrai cyclo.

  5. Pour le mimétisme, je ne suis pas certain que les comportements soient vraiment liés à ce qui se passe chez les pros. Le comportement du « je jette n’importe quoi n’importe où » se vérifie bien au delà du vélo : combien d’emballages de mac do, combien de canettes de soda ou de bouteilles de bière, combien de machines à laver ou de chauffe-eau, combien de sacs plastiques ou de bouteilles d’eau, (….) as-tu vu dans les fossés au cours de tes sorties ? Selon moi, le problème est bien plus vaste que le cyclisme.

    Le problème du déclassement sur délation est assez complexe je pense. J’avais fait partie de la patrouille « je roule propre » du grand Trophé, j’avais signalé des incidents (dont un mec de mon groupe qui jette un gel, je lui demande avec tact de ne pas recommencer … 10 min plus tard, il se retourne, me regarde et balance un emballage avec un grand sourire pour me narguer) … j’attends toujours le déclassement de ces dossards que j’avais signalé (alors que j’étais quand même dans la patrouille officielle de l’organisateur quand même, bref). De manière globale, sur délation, imagine si tu pars à 3 ou 4 dans une descente et qu’à l’arrivée celui qui fait 5ème dit « ils ont coupé un virage dans la descente ce qui a provoqué la cassure ». Même si une moto à vu, même avec une caméra sur le vélo du 5ème, ça me semble compliqué de déclasser les 3/4 coureurs de tête. Et si tu ne le fais pas pour la tête, c’est compliqué à faire pour une 15ème place dont pour une 25ème place et ainsi de suite. Et si c’est sans image et sans motard sur simple déclaration, je ne t’explique pas les abus pour se « venger » d’un mec qui trouve qu’un autre n’a pas pris ses relais et va donc faussement déclarer qu’il l’a vu jeter un papier.

  6. Tu as raison Florent… même combat aujourd’hui avec la patrouille Eco-Cyclo. Mais à part signaler les gars je ne vois pas comment régler le problème (vu que le bon sens ou l’éducation sont loin d’être suffisants) ; avec les dérives que tu soulignes.
    En dehors du vélo il me suffit de traverser la rue, ou juste les abords de ma copro… une catastrophe.

  7. Ton expérience me rappelle celle vécue sur l’étape du Tour 2016, une ambiance pas sympa que je n’avais encore pas rencontré sur les autres cyclos et qui m’a dégouté d’y revenir.
    Ton vélo et toi rentrez entiers, c’est en effet l’essentiel 😉

  8. C’est ça… même sur des Marmottes ou Trois Ballons très internationaux avec de gros paquets je n’ai jamais vu ça.
    M’enfin c’était une expérience à vivre, pas forcément très heureuse mais comme tu dis ça se termine sans casse pour moi et mes collègues isérois 🙂 Par les temps qui courent c’est toujours ça de pris.

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