Alsacienne

Après les orages du Galibier il y a une semaine la canicule s’invite ce week-end dans les Vosges, contraignant l’organisateur à annuler le grand parcours « Indomptable » de l’Alsacienne. Je m’aligne donc sur le parcours « Intrépide », offrant tout de même 125 km et 3700 m de dénivelé… Très peu de plat donc, la durée de course sera similaire à la Morzine donc je choisis l’attaque dès la première difficulté 🙂 Si une bonne partie du peloton cyclosportif roule en Oisans sur la Vaujany, je retrouve quelques connaissances aux premières loges du sas de départ : Maxime Galletti, Hervé Gebel, Jocelyn Verdenal… On discute tranquillement en attendant le départ à l’ombre de la forêt d’Uffholz, il fait déjà plus de 20°C.

AlsacienneLe départ est donné au pied du col Herrenfluh à 7h30′ très précises, rigueur alsacienne oblige 😉 Pas de round d’observation puisqu’un coureur local tente de sortir dès les premières minutes ; les jambes tournent parfaitement alors je contre violemment avec Maxime qui ne tarde pas à relayer. Au-delà de 6 W/kg le trou se creuse rapidement, derrière ça tarde à réagir alors en avant toute ! L’entente est parfaite et l’écart enfle lentement mais sûrement ; à la bascule on lève un peu le pied, permettant le retour de Sebastian Schaub et Emmanuel Hollebeke. Bien emmené par Maxime et Sebastian dans le court replat on file à toute allure vers le col Amic, pour retrouver de la pente direction le Grand Ballon. Dans les forts pourcentages je reprends la barre, un petit groupe de quatre avec Lucas Brondani et Jocelyn résiste à 30″ mais le peloton pointe déjà à plus de 2′.

Dans les derniers kilomètres le vent souffle fort, un peu surpris mais peu gêné par la chaleur déjà bien présente je continue de caresser les pédales à 5-5.5 W/kg, si bien que je franchis le sommet seul en tête, sous les encouragements de mes parents. Cela me permet de manger tranquillement dans les premiers lacets avant la route des crêtes, avant que le regroupement ne s’opère. Nous voilà huit en tête avec une majorité de coureurs généreux dans l’effort : Lucas et Maxime roulent fort dans la transition roulante vers le Markstein, petit temps mort au ravitaillement pour récupérer des bidons avant de descendre à toute allure vers Linthal. Au premier tiers de l’épreuve la route est encore longue mais l’affaire semble très bien engagée, reste à bien gérer la phase de transition jusqu’aux dernières difficultés, forcément décisives car les plus pentues du jour.

AlsacienneEn plaine chacun prend son relais sans en faire trop ; certains subissent davantage dans le col du Bannstein, court et roulant. Un peu plus loin le col du Firstplan est aussi roulant mais plus long ; 5 W/kg suffisent à révéler les faiblesses de certains. Si j’hésite à accélérer pour tester mes adversaires, Maxime met un gros tampon et je suis seul à répondre : comme au départ on écrase les pédales à 6-7 W/kg et l’écart se creuse, Lucas revient dans la descente et les autres font la jonction sur la route de Wasserbourg. La température monte dans le village en attaquant le col du Petit Ballon : jusqu’à l’Auberge du Ried on a 4 km à 10 % de moyenne, calé à 5 W/kg la différence se fait au train et seuls Maxime et Lucas arrivent à suivre. Après un bref replat en forêt je passe la deuxième couche : Lucas craque, nous voilà plus que deux en route vers le sommet 🙂

Le plan est presque parfait ; même si nous piochons tous deux dans les derniers hectomètres, Lucas et Sebastian pointent déjà à 1′ et 3′ au sommet lorsque Maxime prend la descente à son compte. Sur un revêtement irrégulier il fait parler sa puissance et je souffre pour garder son sillage, alors qu’il y a peu d’épingles et relances. Les jambes dures je finis par lâcher du lest ; à 40 km il y a encore du chemin avec le col du Platzerwasel, dont je garde en mémoire une terrible défaillance deux ans plus tôt 😛 Au pied la transition est difficile, j’accuse 45″ de retard lorsque la pente se cabre à nouveau. Je gère à 5 W/kg, j’aperçois Maxime au loin et sens venir une crampe derrière la cuisse droite au moment d’accélérer 🙁 Un peu en panique je gère comme je peux : j’avale la moitié du bidon, alterne les positions et ça finit par passer, ouf !

AlsacienneDans l’aventure l’écart monte à 1’30 » alors que je grimpe toujours à un bon rythme : mon rival ne faiblit pas, bien au contraire. Dans les derniers kilomètres ça va mieux, j’arrive même à reprendre du terrain dans l’enchaînement avec le col du Breitfirst pour pointer à 1’15 », rien n’est perdu même si le retour sur la route des crêtes me sera moins favorable. Derrière Sebastian tient solidement le podium à plus de 4′ ; en basculant au sommet je passe en mode chrono, remontant gros plateau les concurrents du petit parcours. Souvent à plus de 4.5 W/kg ça avance encore bien jusqu’au Markstein où je prends un dernier bidon. A 2’30 » de l’homme de tête la tendance n’est clairement pas en ma faveur, d’autant que j’attrape de nouveau des crampes juste avant le Grand Ballon. Même protocole qu’une heure plus tôt : on tourne les jambes, boit énormément et ça passe à nouveau.

A partir de là je passe en mode gestion ; faisant jeu égal avec Sebastian je garde une marge confortable (plus de 4′) et effectue une descente prudente jusqu’au col Amic, sur un goudron qui commence à fondre. La transition vers le Vieil Armand est malplate, ça passe assez vite à l’ombre malgré les 4 heures de course et je bois toujours abondamment car il reste le « mur » du Molkenrain à franchir pour rallier l’arrivée. Au pied je mets tout à gauche pour effectuer une transition aussi souple que possible musculairement, et me cale à 5 W/kg en tournant bien les jambes. Pas de crampes cette fois-ci, je progresse efficacement entre les coureurs du petit parcours. La deuxième place est acquise depuis longtemps lorsque je franchis la ligne avec un large sourire en 4h21′, prenant une belle revanche sur 2017 😀

Maxime l’emporte avec près de 5′ d’avance après une course brillante puisqu’il était à l’attaque dès le départ avec moi. Sebastian me suit à 4′ pour nous accompagner sur le podium ; Louis-Paul Niemerich et Thierry Masade complètent le top 5 avec de très gros écarts sur la suite du classement. Comme le week-end précédent je tombe sur plus fort, bravo à Maxime qui remporte sa première victoire cyclosportive : de mon côté j’ai vécu une journée presque parfaite, à l’attaque dès le départ devant mes proches, sous un soleil généreux et une organisation sans faille de A à Z… j’en redemande pour le mois de juillet !

Résultat(s) : Alsacienne – moyen parcours

Une réflexion sur « Alsacienne »

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