Marmotte

Ce matin j’ai rendez-vous avec le mythe, le rêve de tout cyclosportif : la Marmotte. Boucle de 174 km et 5000 m de D+ par les cols du Glandon, du Télégraphe, du Galibier, elle se termine par les 21 virages de l’Alpe-d’Huez… Il va y avoir du sport pour les 7000 engagés au départ, surtout en pleine canicule. Dans le sas prioritaire on retrouve le gratin du cyclosport : Dulaurent, Ougier, Snel, Dekker, Dematteis… et j’en oublie. De mon côté je m’y présente avec un peu de fraîcheur, préférant ne pas rouler cette semaine ; pour la première fois je porte le maillot de leader du GT, je compte bien lui faire honneur.

MarmotteLe coup de pistolet retentit quelques minutes après 7h00, et voilà la première vague de 2000 concurrents partie. Ça roule vite et frotte jusqu’au barrage d’Allemont, aussi je reste aux avants-postes, très vigilant. J’aperçois Bugno et David bien placés eux aussi, et un peu plus loin Pierre du Team Chamrousse. Les premières pentes se présentent sous nos roues au Verney, et bonne nouvelle les jambes répondent bien. Puis nous attaquons la première difficulté du jour : le col du Glandon.

Sur le papier il n’a rien d’un épouvantail (24.1 km @ 4.8 %), mais il reste long et très irrégulier, avec des pourcentages frôlant les 11%. Le genre de col que je n’apprécie guère, et je dois batailler pour rester au contact, aidé par les favoris qui n’ont pas encore déclenché la grande bagarre. A 1 km du sommet je craque et perds pas mal de temps ; la descente est technique et en principe neutralisée, je ne me fais pas de souci sur ma capacité à recoller avant la vallée. Mais devant on n’amuse pas le terrain, et je n’ai guère le temps d’admirer les magnifiques alpages du col, gardant un maximum de concentration pour enchaîner les épingles à vive allure.

Avec l’aide d’un concurrent on reprend le peloton peu avant St-Alban-les-Villards : mission accomplie. Tout le monde se ravitaille ; j’en fais de même. Le paquet est bien fourni (50 coureurs environ) ; maintenant il n’y a plus qu’à remonter la Maurienne bien à l’abri, jusqu’au pied du Télégraphe. Olivier Dulaurent essaie de partir seul devant et creuse rapidement l’écart ; le peloton tarde à embrayer derrière lui, puis le rythme s’accélère sous l’impulsion de David et des coureurs de Bourg-d’Oisans ; à St-Michel-de-Maurienne l’homme de tête compte néanmoins 1’30 » d’avance.

MarmotteOn attaque le col du Télégraphe (11.8 km @ 7.3 %) au train, et rapidement je maîtrise l’allure, laissant les 25 meilleurs filer mètre après mètre. On va enchaîner quasiment 30 km de montée, ce n’est pas le moment de se mettre dans le rouge… Un joli col comme je les aime : pente soutenue mais très régulière, route impeccable, je m’éclate. Au cours de l’ascension je reprends des coureurs du Team Ekoi dont Magda de St-Jean, encore une fois épatante. Je croise également Olivier de l’ASF Cyclisme, parti en éclaireur pour m’encourager sur le parcours. Au sommet nous basculons à cinq, et il fait déjà très chaud ; les bidons se vident et je ne dois pas manquer le prochain ravitaillement.

C’est chose faite peu après Valloire, avant d’attaquer le Galibier (18.1 km @ 6.9 %). Je dois laisser le groupe mais peu importe : pour les km (et l’heure) à venir ça n’a aucune importance. Sachant que le col se raidit après Plan-Lachat, j’évite de griller des cartouches jusque-là, restant un peu en-dessous de mon seuil. Après 105 km les sensations sont encore bonnes, et je grimpe à un rythme correct, sans vraiment me rendre compte que là-haut, c’est l’un des plus hauts col de France. Le paysage de haute montagne est splendide, et au fur et à mesure que j’approche du sommet la neige apparaît sur les bas-côtés, apportant une bonne dose de fraîcheur. Dans les derniers km je baisse un peu de rythme, et avec les nombreux cyclistes sur la route aujourd’hui j’ai du mal à estimer ma position lorsque je ravitaille acheter kamagra.

Je descends sur le col du Lautaret très vite, mais rapidement je me rends compte que je suis absolument seul ; pas bon alors qu’il reste 30 bons km à faire jusqu’à Bourg-d’Oisans. J’en profite pour bien me ravitailler et m’hydrater, et pédale à vive allure jusqu’à Villar-d’Arêne, la Grave. Peu après 3 concurrents me reprennent et roulent à un bon rythme : nickel. Il me reste encore des forces, et nous prenons de bons relais jusqu’au pied de l’Alpe-d’Huez, par des routes que je commence à connaître, surtout depuis le barrage du Chambon (retour de la Vaujany).

6 jours plus tôt à la Vaujany j’étais carbonisé à ce moment de la course ; ce n’est pas le cas aujourd’hui, et tant mieux ! Coup d’œil au chrono à Bourg-d’Oisans : 5h46. En gérant correctement l’ascension (13.2 km @ 8.1 %) je dois passer sous les 7h de course, voire mieux. Nous attaquons les premières rampes avant la Garde et le groupe explose d’entrée. Je me sens bien, et malgré la difficulté je commence à prendre quelques longueurs à mes compagnons de route… Mais la chaleur est infernale, et à mi-pente le ressort casse dans la tête. Je n’arrive pas bien à expliquer ce qui se passe, mais je reste scotché à 10 km/h alors que je n’ai ni crampes, ni fringale : simplement l’envie qui n’y est plus. Je me traîne ainsi jusqu’au sommet, reprenant du poil de la bête dans les deux derniers kilomètres.

Le tunnel, puis quelques virages et l’arche d’arrivée est enfin en vue. Je me retiens de lever les bras en la franchissant, tellement je suis heureux d’en avoir terminé. Bugno arrive sur mes talons (comme à la Vaujany), et Pierre un peu plus loin. Je suis 76° au scratch (19° des 18-29 ans) en un peu moins de 7h… moi qui pensais boucler l’épreuve 13.2 km plus tôt en 6h45, j’ai perdu 10 bonnes minutes dans le final ; l’addition est lourde. Reste la satisfaction d’être finisher de la Marmotte, sans hypoglycémie ni crampes (pas facile avec la chaleur qu’il y avait aujourd’hui), avec un temps plus que respectable. Je reste solide leader du Grand Trophée, jusqu’à la prochaine manche fin août : la Pantani.

12 réflexions sur « Marmotte »

  1. Cela fait plusieurs articles que je te lis et, vraiment, ça fait envie !
    C’est d’ailleurs en lisant tes lignes que j’ai découvert l’existence de la Planche des Belles Filles que j’ai
    pu essayer (et merci, j’en ai bien bavé XD ).

    Tout ça donne envie de continuer à se faire « mal » sur un vélo. Bonne chance pour la suite !

  2. Merci beaucoup, même si le gros de la saison est maintenant derrière moi.
    J’ai peu à peu abandonné les vire-vire FFC pour des parcours cyclosportifs empruntant de vrais cols, et je dois dire que je ne suis pas déçu (particulièrement cette année) 🙂

  3. Slt,

    super content que ta marmotte ait été une franche réussite. Tu dois posséder une belle avance au classement !

    Je me retrouve un peu dans tes commentaires sur l’ascension de l’alpe mais bien plus lentement. Cette fournaise m’a achevé, je n’ai pu dépassé les 8-9 km/h…et en plus j’ai fait honneur à l’ensemble des points d’eau de la montée.

    Je ne sais pas si tu pars sur la Luc Alphand comme l’année passée, j’ai vu que le parcours a été modifié, on emprunte désormais l’Izoard et le Granon !

  4. Oui j’ai déjà mon dossard pour la Serre-Che depuis quelques mois…
    Dommage pour le Montgenèvre et l’Echelle, j’avais trouvé cette partie fabuleuse l’an passé ; mais vu mon état de fatigue ce ne sera pas plus mal de raccourcir, même si l’arrivée au Granon (11.5 km @ 9.2 %) fait peur 😀
    Quant au GT j’attends le classement officiel, mais c’est très très bien parti.

  5. Salut Rodolphe,

    Félicitations pour cette belle course même si tu sembles un peu déçu par la fin. 7 h c’est déja top vu la difficulté et la chaleur. Souvenir souvenir pour moi de l’année derniere. J’avais monté l’alpe aussi en 1h15 mais après avoir géré tous les autres cols. Du coup j’avais 7h45 compteur et 8 h 20 CHRONO. Pas mal d’arret ravito + crevaison…Tiens sinon j’aurai le dossard 42 à la luc serre che. Du coup je me tate avec le grand parcours depuis qu’il a été raccourci!!

  6. Dossard 47 pour ma part, et suivant les sensations dans l’Izoard (je commence à être bien fatigué, physiquement ET mentalement), ce sera St-Chaffrey direct ou le Granon… un peu déçu quand même de ne pas repasser au col de l’Echelle, mais bon c’est comme ça.
    Évidemment à chaud j’étais déçu de ma perf, mais avec le recul c’est plutôt pas mal pour une première 😉
    @ dimanche donc ! on devrait avoir un peu moins chaud…

  7. Salut Rodolphe,

    Ca y est je mets un visage/un prénom/un maillot sur le pseudo albator83 du forum veloptimal 😉 Je t’ai en effet aperçu discutant avec David dans la montée du Glandon et me suis dit que je ne te connaissais pas.
    Bravo pour cette 1ère Marmotte. Ne t’inquiète pas, la « caisse » pour monter l’Alpe plus vite tu l’auras en enchainant les épreuves comme celles-ci. Avec ton année de GT tu verras l’an prochain que ça va payer.

    Bonne chance pour la Serre-Che

  8. Bonjour Olivier,

    Moi aussi j’ai fait ta connaissance en course, après avoir lu quelques uns de tes articles pour CycloSport Magazine.
    Je me suis demandé où tu allais comme ça en partant seul avant le Télégraphe, mais vu le résultat final tu savais ce que tu faisais 😉
    C’est une expérience intéressante d’enchaîner 6 ou 7 CS dures en autant de weekends ; je n’avais aucune idée de comment mon organisme allait réagir, et finalement ça ne s’est pas si mal passé.

    @+ sur d’autres épreuves, peut-être d’ici la fin de saison.

  9. Toujours sympa de te lire , neutre , complet , impartial le top comme compte rendu
    Fait toi plaisir et mal aux jambes aussi ! dimanche , bonne course

  10. Salut Rodolphe, dans ton CR tu dis que Bugno arrive pas loin de toi mais je le trouve pas dans les classements. Sais tu pourquoi?
    Merci
    Alban

  11. Merci Olivier, venant de toi j’apprécie le compliment 🙂
    Alban : en effet il me suit à l’arrivée (j’ai bien cru qu’il me reprendrait en arrivant au tunnel), mais visiblement sa puce a buggé à l’arrivée ; il n’apparaissait pas dans les classements provisoires 🙁

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