Risoul – Queyras (France Masters)

Cette fois on y est : après une légère mise en bouche le vendredi sur le contre-la-montre individuel, place à l’épreuve en ligne des Championnats de France Masters. Le parcours très montagneux tracé entre France et Italie, dans le magnifique Queyras constitue une occasion unique de remporter le titre dans la catégorie M1 (30-34 ans) ; soutenu et accompagné par le Vélo Club Pontois sur cette course je ressens davantage de stress que d’habitude. Après deux jours orageux la météo devrait être ensoleillée durant l’épreuve, la récupération est très bonne depuis la Maurienne le week-end précédent… Bref, tous les voyants sont au vert pour une belle partie de manivelles 🙂 Le plateau est évidemment très relevé, la perspective d’un maillot tricolore aiguisant l’appétit de beaucoup de coureurs.

Risoul - QueyrasLe départ neutralisé est tranquille jusqu’à Guillestre, où personne ne se découvre avant les premières pentes qui mènent à la vallée du Guil. Seul Loïc tente de sortir au sommet, vite arrêté par la voiture ouvreuse car un bus est bloqué dans un rétrécissement de la vallée. Moment de flottement : on s’arrête ? on repart ? Finalement le peloton s’infiltre, les trois parcours se retrouvent mélangés. L’allure reste modérée quelques minutes, puis la course reprend ses droits. Les jambes tournent très bien en approchant Château-Queyras, puis Ville-Vieille… Parfaitement calé dans les premières positions j’évite l’effort de trop.

La première difficulté sous Molines crée enfin des écarts, que la montée vers Prats-Hauts va accentuer. Tout à gauche dans des pourcentages à deux chiffres je suis à l’aise dans les premières positions malgré l’allure élevée : les jambes sont là, reste à courir intelligemment. Le groupe est réduit à une vingtaine d’hommes lorsqu’on reprend la route du col Agnel. Certains tentent leur chance mais le vent de face les ramène à la raison dans les portions les plus roulantes (6-7 % tout de même). Toujours attentiste je fais le compte des Masters 1 dans mon groupe : nous ne sommes déjà plus que trois.

Risoul - QueyrasA moins de 5 km du sommet William et Cédric font la sélection, j’évite de me mettre dans le rouge et me retrouve avec Marcos, le dernier rescapé dans la catégorie. On se relaie et passe à une minute du trio de tête à la frontière franco-italienne, dans le top 10. Descente neutralisée jusqu’à Pontechianale : chacun prend le temps de s’habiller, se ravitailler… et profiter du magnifique paysage offert par ce versant. On se regroupe au pied, demi-tour et c’est parti pour le terrible versant italien. Avec 10 km à 10 % en altitude, personne ne se livre et l’allure reste modérée derrière Stefano.

A mi-pente je sens Marcos dans le dur ; je décide d’accélérer en tête de groupe. Mon adversaire direct perd immédiatement du terrain, Loïc et Samuel sont distancés. Dans l’euphorie je poursuis mon effort, tout le monde souffre avec l’altitude et William enfonce le clou au sommet. Derrière Cédric, Stefano, David, Jérôme je suis à la rupture, conscient de perdre un sacré groupe pour la descente, puis la vallée. Marcos accuse déjà 2’30 » de retard au col, l’affaire commence à sentir très bon après trois heures de course ! Stefano fait la descente à fond : Cédric, William et David s’accrochent aux branches, derrière je reprends Jérôme et limite l’écart à 20″ dans les parties les plus techniques.

Risoul - QueyrasAidée par un vent favorable la vitesse avoisine les 90 km/h, derrière le motard qui m’ouvre parfaitement la route. Mais à un contre quatre bêtes à rouler je ne peux rien faire dans les portions moins pentues, et perds de vue la tête de course. Dans Pierre-Grosse Jérôme se rapproche, pour faire la jonction à St-Véran. Comme en 2015 nous voilà ensemble pour rallier Guillestre, avec j’espère la même conclusion. Les relais tournent bien jusqu’à Château-Queyras, le vent est défavorable mais faible : idéal pour conserver des forces pour le final.

Quelques kilomètres plus loin Loïc et Samuel nous rejoignent : respectivement troisième et vainqueur du contre-la-montre individuel deux jours plus tôt, voilà du renfort pour avaler la vallée. Un premier relais de l’ancien champion de France amateur donne le ton : à 50 km/h il ne faudra pas prendre un coup de vent. J’y laisse quelques plumes mais la vallée du Guil défile à toute allure, et sauf accident personne ne risque de rentrer derrière. Mon plus proche adversaire en Master 1 pointe à plus de 5′ en arrivant à Guillestre ; j’entame sereinement le « dessert » de la matinée.

Risoul - QueyrasJérôme accélère dès le pied de la montée de Risoul, Samuel lâche prise. Sous les encouragements du coach Jean-Luc je cède du terrain dans cette partie pourtant roulante : à 300 W je sens que ça ne va pas tenir, et préfère calmer le jeu pour finir en bon état. L’écart grandit inexorablement en doublant les coureurs des autres parcours : personne devant ni derrière, mais je pioche de plus en plus. Continuant de m’alimenter sous la chaleur je maintiens péniblement 250 W dans les parties difficiles, pour tomber à 220 W dans les rares replats.

Les kilomètres défilent lentement, j’ai mal partout et ne pense qu’au titre, toujours soutenu par Jean-Luc. Un kilomètre = une gorgée d’eau, la règle est simple et je ne pense qu’à la borne suivante. 5 km, puis 4, 3 , 2… J’aperçois enfin l’entrée de la station, synonyme de flamme rouge… Plus que quelques minutes avant la délivrance, je donne tout dans la voie piétonne, dernier talus à gauche, la gorge nouée. Puis la ligne, enfin : je m’effondre sur le vélo puis craque physiquement et nerveusement ; tout à l’heure j’enfilerai un maillot de champion de France pour la première fois de ma carrière 🙂

Quelques minutes plus tôt un trio 100 % quarantenaire s’empare du podium : Cédric Dubois s’impose devant David De Vecchi et William Turnes, dans le même ordre pour une catégorie Master 3 de haute volée. Jérôme Phanon s’empare de la quatrième place face à Stefano Sala dans les derniers kilomètres, puis Loïc Herbreteau complète le top 6 qui me précède. Les écarts se comptent en minutes, tout le monde a énormément souffert y compris le matériel. En effet j’ai bouclé la seconde moitié du parcours avec un rayon cassé à l’arrière sans m’en rendre compte, preuve qu’aujourd’hui une bonne étoile veillait sur moi 😉

Résultat(s) : Risoul Queyras – grand parcoursFrance Masters - course en ligne

8 réflexions sur « Risoul – Queyras (France Masters) »

  1. Salut Rodolphe,
    Un grand bravo à toi, je suis plus qu’impressionné, c’est super pour toi.

  2. Super Victoire Rodolphe!
    Tu ma fait tre mal !
    J’ai explosé à Risoul!
    A la prochaine Cyclo

  3. Très beau récit bien écrit ! toutefois le niveau de performance me laisse dubitatif, pour lutter avec des vieux briscards comme Samuel ou Loic ??. Tu es certes jeune, tu devrais courir en DN1 et pour un peu tu battrais mon idole Rebellin !
    Moi j’ai tjs été un coureur moyen devenu handicapé par 2 graves chutes et je n’ai pas la distance. Ce genre de « bagarre » sur un tel parcours m’interpelle ?

  4. Salut Gérard,
    J’ai essayé la FFC, jusqu’en 2ème caté mais je ne sais pas frotter, ni m’abriter du vent ni rouler… donc aucune chance en DN. Du coup je me fais plaisir en cyclosport sur des parcours à fort D+, le reste ne m’intéresse plus (jouer sa peau dans une descente ou un peloton à 60 km/h, très peu pour moi quand il faut aller bosser le lundi matin 🙂 ).
    Après je suis d’accord, le parcours avantageait clairement les grimpeurs, il y avait peu de densité dans les catégories avec des écarts dès la seconde bascule à Agnel… mais comme on dit « les absents ont toujours tort » et fallait profiter de l’opportunité 😉
    @+

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