Granfondo les Deux Alpes

Le ciel est bleu et clair ce matin sur les Deux Alpes, annonciateur de beau temps et de froid au départ (5°C). La montée chronométrée de la veille n’était qu’une mise en bouche, aujourd’hui vient le plat de résistance avec une grosse virée entre Oisans et Valbonnais (174 km / 4000 m) ; nous descendons au départ réel (17 km plus bas) avec Jérémy Brunello, transis de froid. On y retrouve William Turnes, Jérôme Phanon, Frédéric Ostian et les autres habitués cyclosportifs sous les ordres de la direction de course.

Granfondo Deux AlpesAprès quelques minutes de regroupement, le départ officiel est donné et les corps se réchauffent petit à petit au soleil. Jérôme mène grand train dès le col d’Ornon, pas trop d’à-coups, tout ce que j’aime. Cédric Richard vient aussi en tête avec Stefano Sala, Carlo Fino, Julien Lodolo… De mon côté je reste tranquille dans les vingt de tête, songeant surtout à la difficulté suivante. Malgré tout j’y bats mon meilleur temps, avant que ça ne s’excite dans la descente.

Les choses reviennent dans l’ordre assez vite, tout le monde craint le col du Parquetout qui va forcer la décision. Sous les coups de boutoir de Julien et Stefano un groupe de cinq se dégage : j’ai du mal à mettre en route (5 W/kg tout de même) et perds quelques longueurs, avant d’accélérer et revenir sur Cédric et Julien Gueydon. Dans ces pentes infernales le 36*28 est souvent de mise ; William lâche du lest mais parvient à recoller au sommet, où nous basculons à 40″ des hommes de tête (record personnel sur l’ascension).

Granfondo les Deux AlpesLa descente est fraîche sous les nuages et prudente sur route gravillonnée : Cédric et moi assurons les trajectoires devant Jérémy, William et Julien… Encore du terrain perdu en remontant à Siévoz (1’15 »), rien de rédhibitoire pour le moment 🙂 Dans les parties planes William fait parler sa puissance ; Jérémy dictant le rythme dès que ça monte. A la mi-course les jambes tournent encore bien, mais j’ai trop connu la défaillance dans le final pour m’enflammer. Alors on se ravitaille et prend des relais efficaces, sans en rajouter.

Le col de Malissol est franchi à 5 W/kg dans la roue de Jérémy, impressionnant pendant que d’autres grimacent. Vient ensuite la remontée jusqu’à Lavaldens, vent de face : l’écart passe à 1’40 » au pied de la Morte où j’assure le tempo vent contraire, bien relayé par Jérémy et Cédric sur un sommet particulièrement exposé au vent. Ravitaillement à nouveau, avant de plonger sur Séchilienne : connaissant bien les lieux je m’occupe des trajectoires, imaginant que devant ça va vite, très vite derrière Stefano 😛

L’écart dépasse les 3′ au moment de retrouver la Romanche et le soleil, vent favorable 🙂 Là sauf miracle c’est plié pour la gagne, surtout connaissant les motos devant… Chacun en a conscience et les relais sont moins appuyés ; certains tirent même au flanc. Confiant et encore plein de force j’assure le boulot avec Jérémy et Cédric, veillant à ne pas dépasser 250 W trop longtemps. L’allure reste soutenue, nous avons tôt fait d’arriver à Rochetaillée puis Bourg-d’Oisans dans un trafic estival dense et pénible.

Granfondo Deux AlpesLes bidons se vident ; il va falloir s’arrêter sur la route des balcons d’Auris. Alors j’accélère dès le pied de la Garde : à 7 W/kg pendant 30″ il n’y a guère que Jérémy pour suivre et nous partons à deux pour la sixième place, suivis de près par Cédric puis William. Cédric parvient à rentrer et les écarts restent faibles : derrière la Garde nous nous arrêtons tous deux pour remplir un bidon et voir nos adversaires directs nous dépasser.

Une minute de perdue, ça m’agace et je repars tambour battant. Cédric ne résiste pas, je reviens sur William, le déborde et rejoins Jérémy. Calé à mon rythme (souvent au-delà des 5 W/kg) je ne demande aucun relais sur une route que je connais par cœur. William fait de la résistance derrière, bientôt nous ne l’apercevons plus sur la route sinueuse et pensons à tort que le break est fait, d’autant que nous revenons sur un Jérôme défaillant… donc un possible top 5 🙂

A la bascule on se relâche inconsciemment, nous laissant un peu descendre au Freney histoire de souffler avant le bouquet final. William en profite et se rapproche à 50 m dans le village ; je m’en rends compte à 10 km de la ligne et remets un coup de collier pour éviter son retour. Jérémy subit le rythme et donne un coup de main dès qu’il peut, mais après cinq heures de course ça se joue au mental pour tout le monde. Place à l’ascension finale : les Deux Alpes.

Granfondo les Deux AlpesToujours à 15″ malgré des relances vigoureuses de ma part, William résiste les premiers hectomètres. Gardant en tête la grimpée de la veille je sais où mettre du braquet/relancer en danseuse et où relâcher/monter assis en souplesse. A ce petit jeu nous forçons enfin la décision en abordant la courte descente sous le télésiège : plus que 5 km à gravir, objectif cinquième place. Les jambes brûlent pour tout le monde, j’ai de plus en plus de mal à tenir 5 W/kg mais c’est pareil pour Jérémy qui fait l’élastique.

Il tend et rompt à 2 km de la ligne : maintenant on ne pense plus à rien d’autre que boire et donner tout ce qui reste dans les soquettes 😉 J’aperçois même Diego Piva à l’abord de la flamme rouge, synonyme d’un probable podium dans la catégorie… Mais je pars de trop loin et l’Italien se défend suffisamment pour conserver 20″ d’avance sur la ligne. Dommage, mais ce top 5 royal aux Deux Alpes conclut une course maîtrisée de bout en bout où j’explose ma référence de 2016 (sous la pluie, mais déjà en grande condition) de près d’un quart d’heure.

Loin devant il n’y avait rien à faire contre Stefano Sala qui l’emporte avec une marge confortable sur Carlo Fino et Julien Lodolo. L’Italien s’adjuge évidemment le Trophée les Deux Alpes (temps cumulé avec la grimpée du samedi) duquel je termine à la deuxième place devant Cédric. Voilà qui conclut une semaine très chargée de vélo en montagne (plus de 20h de selle, 570 km et 14000 m de D+), comme quoi en soignant récupération et sommeil le corps est capable d’encaisser et surcompenser de grosses charges. A bientôt !

Résultat(s) : Granfondo les Deux Alpes – grand parcours

6 réflexions sur « Granfondo les Deux Alpes »

  1. Tout d’Abord un grand bravo pour ton bon resultat sur la cyclo des 2Alpes ,mais je ne suis pas surpris car tu joint la volonté ,au savoir courrir .c’est la classe.
    Maintenant ceci dit j’aimerais savoir si tu connais Les parcours et leurs dénivelés pour la cyclo des cimes du lac d’Annecy car Florian Giboin ( mon petit fils) envisage d’y participé
    Je te remercie d’avance.
    Amitiés sportives

  2. Merci… pour Annecy y’a deux parcours : un grand avec Semnoz, Plainpalais, Prés, Leschaux (135 km / 3000 m) et un moyen sans le Semnoz (100 km / 2000 m environ).

  3. « Voilà qui conclut une semaine très chargée de vélo en montagne (plus de 20h de selle, 570 km et 14000 m de D+), comme quoi en soignant récupération et sommeil le corps est capable d’encaisser et surcompenser de grosses charges. »
    Il faut quand même avoir une base solide pour encaisser cette charge. Une personne peu entraînée ne récupérera pas d’une sortie à la suivante donc s’écroulera …

  4. C’est vrai, je suis à peu près certain qu’une ou deux saisons en arrière ce ne serait pas passé… d’ailleurs je n’étais pas certain d’encaisser le choc hier (au pire j’aurais pris la chose comme une grosse rando en montagne).

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