Héraultaise

Ce matin j’ai rendez-vous en terre inconnue à Gignac, au départ de l’Héraultaise. Si le vent est tout aussi présent qu’en Drôme provençale deux semaines plus tôt le paysage est nettement plus tourmenté entre gorges, routes étroites et plateaux jamais plats et toujours exposés au vent. Arrivé la veille j’ai eu le temps de me frotter à Éole ; je m’attends une fois de plus à souffrir face à un élément que je « lis » difficilement 😛 Le parcours est truffé de côtes, et le plateau de qualité sur les 162 km du grand parcours : avec Jean-Luc Chavanon, Frédéric Ostian, Mickaël Rodriguez et quelques têtes connues de Montagnac (Damien Albaret, les jumeaux Couffignal) l’empoignade promet d’être sévère pendant 4h30.

HéraultaiseLe départ neutralisé est donné à 8h45 pour les 400 coureurs répartis sur les parcours 138 km et 162 km : toujours en rodage je ne cherche pas à remonter coûte que coûte aux avants-postes, surtout avec un vent majoritairement de face… De toute manière la route est étroite, le peloton lent et compact donc difficile de se frayer un chemin jusqu’aux premières positions. St-Jean-de-Fos et son Pont du Loup marquent l’entrée dans les gorges de l’Hérault, en pente douce jusqu’à St-Guilhem-le-Désert. L’allure tranquille nécessite un minimum d’attention mais permet de profiter du paysage, en attendant les premières difficultés. Le rythme s’accélère logiquement dans la montée de la carrière, ce qui étire franchement le paquet.

Tandis qu’un trio s’échappe je parviens sans mal à me replacer dans le top 20 et bascule devant le peloton dans la descente. A ce stade (km 22) j’économise les coups de pédale, surtout vent de face car la route est encore longue. Le peloton est particulièrement fourni et compact jusqu’à Ganges, ce qui occasionne quelques coups de freins et tensions lors des traversées de villages, lorsque les nécessaires motos ouvreuses nous dépassent. Le rythme de sénateur permet à certains de satisfaire un besoin naturel ; à moi de me ravitailler une première fois avant les choses sérieuses. L’écart enfle logiquement avec la tête pour dépasser les 5 minutes ; coincé derrière je remonte progressivement devant, pour me placer au mieux avant la séparation des parcours.

Elle intervient au pied de la côte de Madières (km 62), où je relaie dès le pied pour imposer un gros tempo au-delà des 5,5 W/kg (voire 6 W/kg à la relance). Ça tient pendant les quelques kilomètres d’ascension, avant de souffler au sommet : le groupe est réduit à une vingtaine d’hommes, pas si mal. En tête un seul homme a viré sur le grand parcours et possède toujours 3’30 » d’avance en approchant la mi-parcours. Le vent étant plutôt favorable au retour, il va falloir s’organiser pour revenir, et vite. Malheureusement ça ne collabore pas, les cassures sont nombreuses avec la Tramontane et je fais le dos rond avant de redescendre dans le Cirque de Navacelles.

HéraultaiseLe vent violent impose la plus grande prudence dans la descente, offrant un panorama de ce magnifique site naturel. Connaissant parfaitement le terrain Damien prend les devants suivi par Mickaël et un autre coureur de Montagnac ; je ne m’en occupe pas et reste concentré pour ne pas me faire embarquer par une rafale. Malheureusement Damien part à la faute dans le dernier virage, laissant son équipier et Mickaël en duo au pied de la côte de Navacelles. C’est aussi long et plus raide que l’ascension précédente ; sous l’impulsion de Raphaël Taieb ça monte très vite et je perds quelques places pour me battre en queue de groupe, avant de lâcher quelques mètres avec Frédéric, Jean-Luc et Paul-Emile Lorthoir.

L’écart est faible au sommet et le vent toujours défavorable : avec une bonne entente la situation est rétablie en quelques minutes, ouf ! Nous sommes à présent une quinzaine sur un plateau jamais plat, personne ne relaie franchement et le duo de contre-attaquants sort de notre mire… A 60 km de la ligne Frédéric sort en solitaire, vent de face. Derrière personne ne prend la poursuite à son compte (surtout pas moi :)) et l’écart tourne longtemps autour des 30″, nous permettant de l’apercevoir de temps en temps. Une longue et rapide descente dans une vallée encaissée nous protège d’Éole ; Sébastien Pillon en profite pour sortir et faire la jonction avec Frédéric. Deux machines à rouler qu’on ne reverra pas de sitôt…

Dans la montée de Fozières (km 120) Lionel Genthon sort du bois ; en queue de groupe je suis à fond et dois me faire violence pour ne pas décrocher sur une ascension roulante, rugueuse et irrégulière à souhait. Au cap des 4 heures de course les jambes brûlent mais ça tient avant de redescendre sur St-Privat ; en principe nous en avons fini avec les grosses difficultés. Toujours aucun visuel sur la tête de course ni les contre-attaquants : à moins de 30 km de l’arrivée, majoritairement vent de dos nous allons probablement nous battre pour les places d’honneur. Alors je passe quelques relais, sans me mettre dans le rouge pour accompagner ce beau monde jusqu’à la ligne.

Le terrain reste accidenté et tortueux, propice à une offensive solitaire : Lionel en profite et sort, esseulé à sa poursuite je lâche mes dernières cartouches, sans parvenir à faire la jonction. Le regroupement s’opère entre la dizaine d’hommes restante et les relais s’organisent à peu près correctement en se rapprochant de l’arrivée. Un dernier homme parvient à sortir à 6 km de la ligne, pour aller chercher un top 5. Le retour sur le pont étroit de Lagamas se passe sans encombre : tout le monde en a visiblement plein les soquettes et attend le sprint. Celui-ci est mené de main de maître par Jean-Luc, parfaitement placé dans le rond-point à 500 m de la ligne. Calé au milieu du groupe je suis le mouvement et lâche tout dans la dernière ligne droite, pour m’intercaler entre les frères Couffignal.

Je prends la treizième place en 4h38′, à 3′ du vainqueur Geoffrey Rouat : pas mal sur un tel parcours 😉 Devant Frédéric va chercher une superbe deuxième place devant Sébastien ; Lionel, Florian Esquer et Mickaël complètent le top 6 quelques secondes devant notre groupe. Voilà un solide résultat sur une durée similaire au Granfondo de St-Tropez la semaine prochaine, qui devrait mieux convenir à mes qualités de grimpeur. Rendez-vous donc en Méditerranée, sur cette classique du calendrier qui sera qualificative pour les Mondiaux UCI de Varese 🙂

Résultat(s) : Héraultaise – grand parcours

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