Supergranfondo Izoard

Après un vendredi plutôt ensoleillé, ce sont malheureusement des trombes d’eau qui nous réveillent samedi matin à Briançon, à l’heure du petit-déjeuner. Avec un aller/retour prévu à Valloire dès 7h30 et deux passages au sommet du Galibier, j’hésite à prendre le départ et scrute fréquemment ciel et prévisions météo… Qui ne sont guère encourageants. Même ressenti chez mes collègues Nicolas Raybaud et Sylvain Clavel : 200 km et trois cols à plus de 2300 m dans ces conditions ce n’est pas raisonnable d’autant que le ciel se découvre franchement sur l’Izoard, la boucle du petit parcours. Celui-ci partant à 10h30 on aura bien plus chaud : banco, on lâchera les watts sur le petit parcours. Le temps de prendre un café, d’avaler un riz au lait en attendant le départ (le petit-déjeuner de 5h30 étant déjà loin 😛 ) le soleil sort généreusement et la route sèche : parfait.

Supergranfondo Galibier IzoardMoins de questions à se poser au départ : 100 km, trois heures de course donc deux bidons suffiront amplement ainsi que coupe-vent et manchettes vu que la température excède déjà 20°C. Bien qu’en descente le départ est serein jusqu’à St-Pancrace, le rythme imposé par le Team Garlaban et les locaux de Serre-Chevalier est suffisamment rapide pour étirer le peloton et avaler les kilomètres de nationale à toute allure jusqu’à Guillestre. Parfaitement calé dans les premières positions je prends peu de vent et vois tout ce qui se passe en arrivant à l’entrée du Queyras.

Supergranfondo IzoardDès les contreforts de Guillestre Luca Cingi attaque, j’y vais direct à 7 W/kg et le peloton s’étire un grand coup. Une brève rupture de pente nous emmène dans la partie la plus difficile de la déviation ; entre deux ronds-points je monte sans me relever à 6 W/kg et le groupe explose. Dès le replat Sylvain puis Renaud Castiglioni relaient fort : nous voilà six en tête avant la route de la Viste où ça ne débranche pas. Luca, Michaël Mory et Nicola Cardaci tiennent le choc avant la descente sur la Maison du Roy, toujours très compliquée avec les gravillons. Connaissant un peu les lieux j’y impose mes trajectoires et le petit groupe se reforme dans la vallée du Guil.

L’entente n’est pas bonne dans l’approche de l’Izoard, chacun relaie sur la réserve et Sylvain finit même par sortir en facteur avant le col de l’Ange Gardien, sans que personne n’aille le chercher. Avec 2′ de marge sur nos poursuivants je garde des forces dans les relais ; nous sommes à 30″ de l’homme de tête lorsque je hausse le rythme dans les courts lacets précédant le col de l’Izoard.

Supergranfondo IzoardNous sommes quasiment revenus sur Sylvain en démarrant le col ; vent dans le dos je ne me pose pas de questions et accélère longuement à 7 W/kg bien avant Arvieux. Cela distance Luca et Nicola et nous faisons la jonction avec Sylvain : à Arvieux nous sommes quatre, la victoire va se jouer entre nous. Un peu court face à trois purs grimpeurs Sylvain cède du terrain dans les premiers gros pourcentages à La Chalp : les gravillons sur 1 ou 2 km rajoutent de la difficulté et Renaud fait l’élastique, comme je le pressentais Michaël reste le plus à l’aise. Toujours à 5 voire 5.5 W/kg les écarts se creusent à Brunissard puis dans la forêt, où Michaël me relaie… On progresse ainsi sur un gros rythme, et je réfléchis à comment me défaire de mon adversaire avant le sommet, si possible.

L’occasion semble se présenter à 2 km de la Casse Déserte : Michaël laisse une longueur en se ravitaillant alors j’accélère un coup, pour le tester. Il revient immédiatement et contre : bloqué à 6 W/kg je ne peux que constater les dégâts et l’écart enfle jusqu’à 20″ en basculant dans la Casse Déserte. Je m’y ravitaille, pas le temps de saluer la stèle de Fausto Coppi ; tout le monde est à fond et si je creuse l’écart avec Renaud (dont je crains les capacités en descente) je perds du terrain sur Michaël qui caracole en tête. Il franchit le sommet avec quasiment 1′ d’avance ; la route est encore longue d’ici Chantemerle alors je m’habille promptement et fais une descente aussi propre et efficace que possible.

Supergranfondo IzoardLa route sèche et fermée à la circulation facilite l’entreprise mais je ne reprends rien et perds même du temps dans la traversée de Briançon où de grosses bourasques nous annoncent un déluge imminent. A fond jusqu’à Villar-St-Pancrace on vire à droite pour traverser une dernière fois la Durance, et filer plein pot sur Chantemerle. Si je n’aperçois pas Michaël, Renaud fait un beau rapproché : moins de 30″ en pied de ville, faut que ça tienne encore 6 km alors je finis gros plateau, souvent en force face au vent violent qui se lève. Autant motivé par la deuxième place que par l’orage qui approche au loin je donne tout jusqu’à la ligne : le break est fait à St-Chaffrey et dans les deux derniers kilomètres je sais qu’il n’y aura pas de sprint compliqué à gérer 😛

Je franchis donc la ligne en moins de trois heures, quelques minutes avant l’orage : timing parfait ! Bravo à Michaël, clairement le plus fort dans une ascension très rapide de l’Izoard (moins de 45’55 » contre 46’45 » -nouveau record personnel- 😉 ). Renaud complète le podium devant Sylvain pour la médaille en chocolat : pas de regrets en voyant arriver les courageux du grand parcours : si les meilleurs (dont le vainqueur David De Vecchi) ont franchi le Galibier sous le soleil et fini sous le déluge à Briançon, la plupart auront pris la douche froide dès l’Izoard. Ne pas prendre le départ initialement prévu est une première, mais après quelques cyclosportives particulièrement arrosées cette année j’ai fait le choix de la raison (voire de mon intégrité physique). On verra si ce choix est payant pour la suite, dès dimanche prochain à l’Alsacienne 🙂

Résultat(s) : Supergranfondo Izoard – petit parcours

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