Madeleine

Hasard du calendrier, cette nouvelle édition de la Madeleine tombe le jour de mes 36 ans. Il fait beau et chaud sur la ligne de départ ombragée, où mes amis cyclosportifs me souhaitent un joyeux anniversaire en attendant une bataille épique sur les pentes des col de la Croix-de-Fer, du Chaussy et de la Madeleine pour boucler ce périple mauriennais. Après une semaine haut-alpine particulièrement chargée en kilométrage et dénivelé je ne sais pas à quoi m’attendre côté sensations, malgré une bonne récupération ces derniers jours. Quelques indications du directeur de course et le départ est donné peu après 8h30, aux ordres des élus locaux.

MadeleineUne longue boucle jusqu’à Epierre permet de s’échauffer et d’étirer le peloton, plus calme que les autres années vu le copieux menu qui s’annonce. Seuls deux courageux tentent l’aventure en duo loin de la première difficulté : Lucas Laubal et Maxime Vekeman. Derrière la chasse s’organise avec Stefano Sala, Frédéric Ostian et moi mais l’écart atteint les 4 minutes au pied du col de la Croix-de-Fer, à l’heure de course. Depuis St-Jean-de-Maurienne il fait déjà chaud sur un bitume comme neuf, avec une pente autour de 8-9 % il est temps de se mettre à l’ouvrage pour revenir sur les deux hommes de tête, à 28 km du sommet.

Avec David Polveroni et d’autres concurrents du moyen parcours on étire le peloton à 5 W/kg, ce qui suffit à se rapprocher et faire une grosse sélection avant le barrage de Belleville, où la pente est plus réduite. Stefano imprime un tempo modéré qui permet à certains de revenir, avant que tout ne s’accélère dans St-Sorlin où la pente se cabre à 10 %. Daan Vermeulen place une accélération à 6 W/kg, j’y réponds de suite et ce qui reste du peloton explose : Bruno Morel, Diego Piva et un autre coureur se joignent à nous tandis que nous apercevons la tête un peu plus haut… Mais à 5.5 W/kg j’ai du mal à tenir les roues et lâche une dizaine de secondes, en compagnie de Stefano qui parvient à prendre mon sillage.

MadeleineJ’effectue la majeure partie du travail, sachant que Stefano sera un allié précieux pour la descente du Glandon et la courte vallée qui suit jusqu’à l’enchaînement final. Le plan se déroule presque sans accroc : les leaders rejoints nous passons à 30″ du nouveau quatuor de tête, avant que Stefano ne prenne les commandes dans la descente. Pas le temps d’enfiler un coupe-vent ni de boire, ça défile à toute allure jusqu’à St-Colomban-des-Villards où nous reprenons (et lâchons) Diego ; quelques virages plus loin nous apercevons Daan, qui s’accroche au train en marche dans St-Etienne-de-Cuines. Légèrement détaché je profite du ravitaillement de mes deux compères pour recoller : il reste à filer pleins gaz jusqu’à Pontamafrey, où nous maintenons l’écart à 30″ au pied du col du Chaussy.

Dès les premiers lacets ça tourne toujours aussi bien : je mène le trio à 5 W/kg et nous reprenons un autre adversaire, ce qui laisse Bruno seul en tête. Sentant Stefano à la limite je poursuis l’effort : il décroche et Daan commence également à piocher à la sortie des lacets de Montvernier, où je m’arrête remplir un bidon car le soleil de midi tape fort contre les falaises. 15″ de perdues dans l’affaire, que je n’arrive pas à boucher sur Daan : je plafonne et il relance fort dans la partie plus facile du col, jusqu’à ce que je le perde de vue dans les derniers kilomètres. Il revient même sur Bruno avant le sommet ; le jeune coureur de Vaulx-en-Velin m’y précède d’une minute… La victoire se décidera dans le col de la Madeleine mais essuyant une légère défaillance je songe surtout à bien manger et boire dans la descente, quitte à y perdre quelques secondes.

MadeleineJ’entame la Madeleine fatigué, avec de meilleures sensations qu’en haut du Chaussy je repars au combat dans une atmosphère plus fraîche et ombragée. Je m’arrête une dernière fois au ravitaillement de Montoudras pour assurer la boisson jusqu’au sommet et continue à rythme correct de 4.5 W/kg, guettant un éventuel retour de l’arrière. L’ascension se poursuit ainsi jusqu’à l’Epalud où j’aperçois le maillot rouge de Daan en difficulté ; je le rejoins en quelques minutes, il s’accroche sur le replat avant de coincer définitivement dans la pente. Deuxième à ce moment-là on m’annonce à moins d’une minute du leader, soit le même écart qu’en haut du Chaussy malgré une descente tranquille et un arrêt boisson.

Surprise, au kilomètre suivant j’aperçois la voiture ouvreuse et commence à y croire : Bruno a des crampes, plus que 20″ sous St-François-Longchamp 🙂 Galvanisé je relance à 5 W/kg dans la station et le dépasse à 5 km du but : me voilà en tête ! Sans m’enflammer je continue de m’alimenter régulièrement, boire… Je pioche de plus en plus, quelques frissons sous les nuages mais l’écart se creuse rapidement avec mes adversaires directs : avec 2′ d’avance à 3 km de la ligne je peux voir venir, d’autant que la vue dégagée dans les derniers lacets me permet de contrôler. Encore 2 km, puis la flamme rouge, enfin la ligne d’arrivée… j’ai largement le temps de savourer ma victoire, la première en cyclosport avec la manière ; le jour de mon anniversaire 😀

2’30 » plus tard Stefano souffle la deuxième place à Bruno qui conserve le podium ; David et Daan complètent un top 5 d’habitués sur ce genre d’épreuve. Après tant d’efforts, de places d’honneur et de défaites sur le fil lever enfin les bras est une immense joie ; alors même que je pensais en avoir trop fait et raté le bon wagon (comme trop souvent lorsque les sensations sont excellentes) à mi-course. Reste à surfer sur cette belle condition physique pendant le reste des vacances : au Critérium du Ballon d’Alsace, aux Cimes du lac d’Annecy ou la Maurienne Galibier… A très bientôt 😉

Résultat(s) : Madeleine – grand parcours

6 réflexions sur « Madeleine »

  1. Félicitations Rodolphe. C’est mérité après tant de places d’honneur et une progression petit à petit chaque année. Bravo pour ta persévérance.

  2. Bravo Rodolphe je pense que c’est peut être ta plus belle victoire, en plus le jour de ton anniversaire c’est un signe.

  3. Bon c’est fait! Tu vas maintenant c’est certain prendre les risques qu’il faut pour recommencer!…

Laisser un commentaire