Il est 8h30 : déjà quelques heures que des centaines de furieux pédalent au Tour du Mont-Blanc, tandis que nous partons de Jarrier pour une descente neutralisée jusqu’à St-Jean-de-Maurienne. Dernière étape de la trilogie mauriennaise aujourd’hui, le soleil réchauffe les montagnes pour une très belle journée de vélo. Le classement général présente quelques écarts, mais avec 116 km et 3600 m de dénivelé proposés tout peut encore changer aujourd’hui. Les principaux protagonistes sont là : Samuel, Daan, Stéphane, Cédric, Paul-Emile, Jocelyn, Guillaume… ainsi qu’un contingent très relevé -et frais- sur cette épreuve. Vu la liste des engagés il serait déjà difficile d’intégrer le top 10 sans la fatigue des deux derniers jours… alors je décide de me concentrer uniquement sur le général.

La seule partie vraiment plate précède le col du Glandon ; certains tentent d’anticiper la difficulté mais ça roule derrière pour limiter l’écart. Calé dans les roues je laisse faire, bien décidé à économiser le moindre watt ce matin. Quelques secondes séparent le peloton des hommes de tête à St-Etienne-de-Cuines, ça rentre vite dans l’ordre sous l’impulsion de Fabian Hollbach notamment. Il insiste et crée une sélection de vingt coureurs : déjà dans le dur je subis mais reste dans les roues jusqu’au replat. Daan semble déjà en difficulté et perds quelques longueurs, avant de revenir. Petit à petit les sensations reviennent, lorsque William démarre à la sortie de St-Colomban.

Dans ces pourcentages difficiles le groupe explose, et malgré 290-300 W au compteur je dois déjà laisser filer une quinzaine de coureurs. Daan est en retrait derrière, Cédric et Guillaume m’accompagnent alors que Samuel, Stéphane et Paul-Emile tiennent bon le groupe de tête. Je me fais violence pour rester au contact jusqu’aux trois derniers kilomètres, les plus délicats avec l’altitude et une pente dépassant les 10 %. Daan revient à son tour et nous laisse sur place, tandis que nous reprenons Frédéric en légère difficulté, qui gère la crise en cette fin de col. Au sommet Guillaume fait l’effort pour rejoindre et basculer avec le petit groupe précédent ; derrière nous jouons à un contre un avec Cédric et Frédéric, pas l’idéal dans les pourcentages roulants du col de la Croix de Fer.

Léger vent de face, il fait frisquet et nous basculons dans une descente compliquée sur St-Sorlin. Sans surprise Frédéric me laisse sur place, mais plus surprenant je perds du terrain sur Cédric, que je perds de vue à la sortie du village. Sans m’affoler je me cale à un rythme autour des 200-250 W, pour éviter de trop perdre de temps sans laisser des cartouches, car la route est encore longue. J’aborde le col du Mollard à 30″ de Cédric, éprouvant quelques difficultés à remettre en route après une fraîche descente. Gardant parfois mon adversaire en visuel dans l’ascension, je bascule à une minute au sommet et prends soin de me ravitailler avant une autre descente technique sur St-Jean.

Moyennement négociée encore une fois, je maintiens malgré tout l’écart avec Cédric au moment d’aborder la longue ascension vers la Toussuire, avec un premier passage à Jarrier. Les premiers kilomètres sont les plus pentus (9 % de moyenne), il commence à faire chaud mais je me rapproche du coureur stéphanois. Derrière aussi ça se rapproche avec Dominique, mais les écarts évoluent peu. Bonne initiative de LVO au ravitaillement de Jarrier, qui propose des bidons aux coureurs. J’en attrape un puis jette mes affaires superflues à la voiture quelques hectomètres plus loin : prêt à en découdre pour la dernière heure de course. Il reste alors une dizaine de kilomètres jusqu’au sommet.

La succession de replats et pentes difficiles use tout le monde, je n’arrive pas à trouver mon rythme mais réduit l’écart avec le quatrième du classement général. Plus surprenant, je rattrape un Daan défaillant à cinq kilomètres de la bascule. Cela donne un coup de boost au moral, sur cette lancée je reviens à 20″ de Cédric, persuadé de revenir dans la descente… Ce ne sera pas le cas, au contraire de Dominique qui fond sur moi et me laisse sur place pour aborder l’ascension finale vers Jarrier avec plusieurs longueurs d’avance. Cédric est plus loin, l’affaire se complique d’autant que l’euphorie de la boucle précédente fait place à une grosse fatigue.

Dès le pied je donne tout et fais le forcing mais ne reprends rien, bien au contraire. Malgré une gestion correcte de cette dernière difficulté je finis donc à la 19° place scratch, loin du vainqueur William Turnes (20′). Samuel Equy (2° scratch), Stéphane Cognet (9° scratch) et Paul-Emile Lorthoir (10° scratch) complètent le podium au classement général, encore une fois inaccessible cette année. J’achève ce gros week-end de vélo seulement septième au temps cumulé, à la fois déçu et rassuré sur ma condition physique car j’ai battu la plupart de mes chronos de 2015. Si j’ai moins bien récupéré que mes adversaires directs, j’ai surtout couru à contre-temps aujourd’hui, beaucoup trop esseulé pendant 80 km (et surtout les vallées) pour prétendre à un meilleur classement.

Reste à récupérer d’ici vendredi et surtout dimanche, pour LE rendez-vous de la saison à Risoul : les championnats de France master 🙂

Résultat(s) : Arvan-Villards #3 – grand parcours / classement général