Avec son parcours vallonné et une organisation aux petits oignons, c’est toujours un plaisir de revenir dans le Bugey. La semaine a été compliquée côté météo, mais ce matin il fait grand beau et frais à Lagnieu. Le vent souffle déjà mais ne devrait pas trop gêner notre progression une fois entrés sur les petites routes en forêt. Grand et petit parcours démarrent ensemble ; l’occasion de croiser et discuter avec quelques membres du forum VO2 Cycling (Gilles, Charly, Pierre, Manu).

Sur des routes étroites le départ est assez nerveux avec quelques coups de freins. On monte de suite au col de Fay et à froid les jambes ont du mal à répondre : calé en deuxième rideau je tourne les jambes et attends que ça se débloque. Sur un gros freinage j’évite la chute de justesse et dois sprinter pour recoller au groupe de tête, le petit coup d’adrénaline qui manquait pour entrer réellement en mode course 🙂

L’allure s’élève progressivement en approchant du sommet, je bascule en cinquième position mais me fais surprendre par quelques coureurs dans les premiers virages engagés vent de travers. Pierre Ruffaut et Nicolas Roux sont accompagnés de coureurs du petit parcours, et prennent vite 30″ d’avance. Nous les gardons en visuel et la chasse s’organise au moment de reprendre la D1075. Pierre crève à ce moment-là ; bientôt une heure de course donc je me ravitaille avant la prochaine difficulté, bien décidé à rester tranquille dans la première moitié de course.

Le vent de face n’est pas favorable au trio de tête face à un groupe de 25, nous reprenons du terrain malgré une chute à l’arrière provoquée par un ralentisseur mal placé. Nous faisons la jonction au pied du col de Portes ; après un moment de flottement Jérémy Brunello prend les choses en main et imprime un gros tempo. Toujours pas au mieux je subis et reste placé devant, ne songeant même pas à contrer lorsque Cédric Richard tente sa chance en solitaire. Derrière personne ne bouge et une fois la longue difficulté avalée l’allure retombe d’un cran, permettant au coureur du Team BV Sport de prendre le large.

Sur un terrain très vallonné et relativement abrité du vent il n’est guère désavantagé, d’autant que la poursuite n’est pas engagée derrière. Après 65 km de course les deux parcours se séparent : encore une vingtaine de concurrents sont en course pour la gagne, et à ce rythme-là on risque bien de se présenter à autant pour un sprint 😛 William Turnes hausse le ton dans la montée de Colomieu ; c’est trop court et roulant pour créer une sélection mais nous rapproche de l’homme de tête, que nous rejoignons au km 90.

De mon côté les jambes répondent de mieux en mieux, de quoi tenter quelque chose sur les deux dernières difficultés. La plaine est abordée vent favorable ; à partir de là je ne quitte plus les premières positions du groupe, attentif aux éventuelles attaques. Rien ne se passe jusqu’à la côte du Poulet où William allume la première mèche, suivi de Nicolas et Geoffrey Lucat. Une demi-douzaine d’hommes dont Gilles Foucault arrivent à suivre, au sommet j’accélère à nouveau, relayé par mes adversaires directs.

Mais l’écart est très mince, et ça se regroupe à nouveau dans le long retour sur Lagnieu. Avec Gilles et Jérémy nous ne quittons plus les premières positions, assurant un léger tempo au groupe en attendant la dernière difficulté. Et à force de tourner à trois ou quatre devant, Jérémy laisse un trou que personne ne bouche. Sylvain Garde s’en aperçoit et nous prévient : j’appuie mon relais et nous voilà partis en trio à 20 km de l’arrivée 🙂 Gardant la dernière côte à l’esprit nous ne nous livrons pas totalement (autour de 4,5-5 W/kg) et l’écart tarde à grandir, mais le vent est favorable et je compte sur une mésentente dans un groupe encore important.

Un peu court Sylvain nous laisse en duo quelques kilomètres plus loin : toujours sur le même rythme l’écart dépasse les 30″ au pied de la côte de Bouis, à 10 km de l’arrivée ça commence à sentir bon ! Dès le pied je fais le forcing ; moins à l’aise dans la pente Gilles m’encourage et me laisse finir le travail. Me voilà seul en tête sur un final que je connais très bien, une situation inédite pour moi. Gonflé à bloc je lâche tout ce qui me reste, considérant l’arrivée au sommet de la bosse. Autour de 5-6 W/kg ça brûle de partout, j’écrase les pédales sachant que seuls des gars costauds pourront revenir… si ça revient.

J’y crois de plus en plus en arrivant au sommet mais le dernier kilomètre est interminable et je commence à faiblir. Dès le faux-plat descendant je peine à relancer l’allure, aperçoit Nicolas et Geoffrey à moins de 15″… Moins de 4 km, la descente quasiment en ligne droite est avalée à toute allure (70 km/h) mais les deux hommes reviennent : ce sera un sprint à trois et vue l’énergie déployée jusque là ça sent la dernière place 😛

Je me cale dans les roues et récupère un peu, avant d’attaquer une dernière fois pour aborder le dernier virage en tête. Ce n’est évidemment pas suffisant, au bord des crampes je me fais déborder à 200 m de la ligne pour prendre la troisième place scratch. Évidemment déçu d’être passé si près de ma première victoire cyclosportive (qui plus est avec le maillot tricolore sur les épaules), je me console avec mon premier podium scratch cette saison. Reste également la satisfaction d’avoir couru juste, le timing était presque parfait aujourd’hui et je tenterai à nouveau ma chance cette saison 😉

Résultat(s) : Raid du Bugey – grand parcours