Serre-Che Luc Alphand #2

La défaillance de la veille fut spectaculaire dans le Galibier, la nuit suivante heureusement très bonne mais je ne sais pas à quoi m’attendre ce matin après 220 km et 7h30 de selle, face à un peloton de coureurs frais. La météo est plus fraîche et une averse mouille le départ au moment d’entrer dans le sas ; ce sera le cas pendant toute l’épreuve. J’y retrouve quelques héros de la veille comme Valentin Lacroix, Stefano Sala ou Paul-Emile Lorthioir, avec quelques jeunes coureurs hauts-alpins comme Arnold Reifler ou Loïc Cesano. Encore une fois le départ est détendu jusqu’à la sortie de Briançon, sur route descendante et sèche. Le rythme s’affole avant Prelles, où je fais le dos rond en attendant que les jambes se débloquent.

Serre-Che Luc AlphandComme prévu c’est compliqué de dépasser les 6 W/kg, et je souffre dès les premières accélérations dans la côte des Vigneaux. En deuxième rideau je subis, avant de laisser mes adversaires combler la cassure. La pluie commence à tomber : je préfère mener dans la descente pour avoir la vue dégagée. L’allure est peu soutenue jusqu’à l’Argentière, où Stefano plante une grosse banderille dans un faux-plat anodin. Surpris je tarde à réagir et laisse filer une douzaine d’hommes sans pouvoir boucher le trou, au contraire de Valentin qui flaire le danger et recolle. Il n’y a malheureusement pas grand monde pour relayer ; nous avons 10″ de retard au pied de la côte de Pallon.

Toujours aussi délicate à gérer cette difficulté suffit à faire exploser groupe de tête et poursuivants. Bloqué à 6 W/kg je perds des places au pied, mais remonte progressivement dans l’ascension en reprenant quelques concurrents présomptueux. Au sommet la situation est claire : cinq hommes ont fait le break devant, puis vient un groupe de douze dont j’assure le tempo jusqu’à Champcella. La descente est périlleuse sur route trempée, cela désorganise le groupe qui se reforme en remontant à Réotier. Ça roule pas mal sans être à fond sous l’impulsion de Paul-Emile et Matthieu Donabedian, généreux ce matin.

Entre 4 et 5 W/kg dans les parties montantes de Guillestre nous permettent de limiter la casse avec la tête, et éviter un retour de l’arrière. De mon côté les jambes tournent de mieux en mieux, le cinq majeur semble désormais inaccessible alors je mise tout sur le final. Les averses se raréfient en approchant le col de l’Ange Gardien, tout le monde se ravitaille avant d’entamer le gros morceau de la journée : le col d’Izoard. On baisse les manchettes, ouvre le coupe-vent et c’est parti… Matthieu fait le tempo au pied puis je relaie, focalisé sur un objectif chrono (50′ ou moins) : on fera le point au sommet 🙂

Serre-Che Luc Alphand #2Le groupe se tend rapidement et passe en file indienne à Arvieux : entre 5 et 5.5 W/kg les jambes font mal, mais à cette allure le groupe explosera tôt ou tard. Comme prévu les plus faibles décrochent à la Chalp ; dans la partie la plus raide à Brunissard seuls Paul-Emile et Iztok Dogsa m’accompagnent avant de me relayer dans la forêt à un rythme aussi soutenu. Iztok semble le plus à l’aise du trio et impose son train : plusieurs fois je suis à la rupture avec Paul-Emile mais connaissant par cœur les lieux j’arrive à recoller en force. Les kilomètres défilent ainsi, jusqu’à 3 km du sommet où nous basculons dans la Casse Déserte, quelques secondes derrière le coureur slovène.

A peu près certain de le reprendre dans la descente je ne me mets pas dans le rouge, tout en faisant le forcing après la stèle Coppi-Bobet pour éviter un rapprochement de l’arrière. Paul-Emile en fait les frais, je passe septième au sommet avec 200 m de retard sur Iztok et une petite minute d’avance sur le coureur de Scott Vélo 101. La descente est humide : connaissant bien les lieux je me rapproche lacet après lacet de la sixième place, pour dépasser mon adversaire au Laus. Après Cervières la pente se radoucit ainsi que les virages ; le soleil fait son apparition. L’écart reste insuffisant avec mon poursuivant ; je me relève et ravitaille une dernière fois pour les 20 derniers kilomètres.

L’entente est bonne mais les relais peu appuyés ; la partie finale dans Font Christianne requiert toute notre attention, nous longeons ensuite la Guisane jusqu’à Villar-St-Pancrace. Ça ne roule pas bien fort et Paul-Emile se rapproche à 15″ au pied de Briançon : place à la montée finale sur Chantemerle. Sans calculer Iztok impose son train ; je subis comme à la fin de l’Izoard, pour un résultat similaire… Au milieu du trafic estival je fais illusion pendant quelques minutes avant de lâcher mètre après mètre, trop court pour maintenir 5 W/kg. Malgré tout je tiens bon la barre, surveillant ce qui se passe derrière : au rond-point du Téléphérique je ne vois plus Paul-Emile, me voilà encore septième comme la veille 🙂 en 3h37′ (3h20′ temps officiel).

Quelques minutes plus tôt Arnold Reifler l’emporte devant Valentin Lacroix et Loïc Cesano, pour un trio 100 % haut-alpin. Aujourd’hui j’étais beaucoup trop court pour rivaliser, mais battre mon record personnel dans l’Izoard, en fin de course après une sacrée défaillance le samedi témoigne d’une très bonne condition physique. La récupération sera difficile pour l’Arvan-Villards dès mercredi matin ; gageons que la forme ira crescendo en Maurienne, jusqu’au vendredi 14 juillet 🙂

Résultat(s) : Serre-Che Luc Alphand – moyen parcours

2 réflexions sur « Serre-Che Luc Alphand #2 »

  1. Beau compte-rendu, il faut et une bonne mémoire et une bonne attention pour se rappeler de tous ces faits de course !

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