Boucles du Verdon

Une fois de plus la pluie s’invite à Gréoux-les-Bains ce dimanche matin. S’il ne fait pas froid (une dizaine de degrés) les nuages et brumes alentours n’incitent guère à l’optimisme pour la suite. Je m’habille en fonction, gardant une petite marge au cas où les conditions se détériorent en cours de route bien que nous n’ayions pas de longues ascensions ou descentes à affronter sur un parcours de puncheur. La taille du peloton au départ s’en ressent : environ 200 coureurs dont mes adversaires habituels avec l’accent chantant du sud pour la plupart 🙂 Il fait plutôt bon sur la ligne de départ ; je discute avec un de mes lecteurs en attendant le départ sur les coups de 8h30.

Boucles du VerdonLe peloton s’élance prudemment sur route mouillée, avant de s’exciter à la sortie de Gréoux sur la route tortueuse menant à St-Pierre-de-Vassols. On reste attentif sur une chaussée qui sèche petit à petit, les espaces me permettent de remonter devant lorsque les premières attaques secouent le peloton. Pierre Ruffaut tente notamment sa chance, je laisse faire dans les roues attendant que les jambes se débloquent… Lorsque je remarque mon premier bidon qui se « balade » de plus en plus : une vérification rapide et je me rends à l’évidence, le porte-bidon se dévisse de plus en plus 🙁 Avant de perdre une vis je pare au plus pressé en roulant : plaçant le bidon dans ma poche et faisant le tour d’un groupe de tête bien réduit suite à l’enchaînement de côtes vers Montmeyan.

Le très sympatique Guillaume Potier me dépanne en laissant sa sacoche 🙂 j’y trouve un jeu de clés allen et entreprends de resserrer les vis du porte-bidon récalcitrant tout en roulant, quelques mètres derrière le peloton… L’opération n’est pas aisée mais j’y arrive avec un peu de concentration, juste avant qu’une chute en montée ne jette à terre plusieurs coureurs dont Guillaume 🙁 qui repartira. Derrière ça temporise et l’allure accélère de nouveau en passant vers Bauduen, où la pluie s’intensifie avant d’entamer la montée de Font Castellan. Là ça ne rigole plus, mal placé au pied je vois le groupe exploser en plusieurs parties avec les leaders au loin et mets en route pour limiter les dégâts.

Proche des 6 W/kg je suis à bloc, m’isole à la poursuite d’un trio avec notamment Jean-Luc Chavanon et poursuis mon effort jusqu’au sommet. Seuls Julien Pesce et Paul Enjalbert arrivent à suivre et relaient dans la courte descente qui suit, c’est tendu mais nous comblons l’écart seconde après seconde et faisons la jonction aux abords du lac de Ste-Croix après un effort total, ouf ! Le temps de souffler quelques minutes et le groupe de neuf continue de monter vers Aiguines ; l’allure baisse d’un ton mais l’écart continue de se creuser avec nos poursuivants, le bon coup est là 🙂 Pour la vue sur le lac on repassera, un brouillard humide nous enveloppe quasiment au sommet lorsqu’on bascule dans une descente trempée mais large et rapide.

Pierre y est à l’aise comme d’habitude, tout comme Julien Bérard et je suis les trajectoires en milieu de groupe alors que d’autres comme Paul-Emile Lorthioir peinent davantage sous le déluge. Le groupe se scinde en deux mais se regroupe dans le court replat avant de remonter à Moustiers-Ste-Marie ; on se ravitaille, les relais tournent bien et chacun attend -ou redoute- la difficulté suivante avec ses pourcentages à deux chiffres. Avec le froid, l’humiditié et la fatigue les jambes ne répondent pas comme prévu et ça coince logiquement dès le pied lorsque Pierre accélère avec Mickaël Plantureux, Loïc Gouasdoue et Anthony Zaragoza. Dernier du groupe je me bats à 5 W/kg pour rester avec Julien et Paul-Emile, tandis que devant l’écart se creuse à 6 W/kg. Au sommet le quatuor embraye et s’envole vers la victoire à 50 km de la ligne ; derrière on retrouve Paul et on relaie à quatre sans connaître les écarts.

L’entente est bonne et la progression homogène ; la pluie cesse et quelques rayons de soleil apparaîssent sur la route de Ste-Croix, puis Montagnac… De quoi réchauffer les coeurs et les jambes avant les dernières difficultés. La côte de Valensole se fait en deux parties, l’occasion de nous rendre compte qu’une demi-douzaine d’hommes nous talonne ! A plus de 25 km de la ligne ça réveille tout le monde : il faudra se battre jusqu’au bout pour les places d’honneur, vu que devant ça se chamaille à plus de 4′. Julien imprime un gros tempo (5 W/kg) quand ça monte, je m’accroche aux branches sachant que ces dizaines de secondes gagnées peuvent faire la différence à la fin. Paul-Emile lâche prise à Valensole, nous voilà trois contre sept ou huit hommes avec une grosse minute d’avance pour 20 km.

Plus qu’un long faux-plat descendant qui tourne beaucoup ; on se livre à fond et les kilomètres défilent vite à 45 km/h, nous profitons de quelques lignes droites pour voir si ça revient. Toujours rien jusqu’à 5 km de l’arrivée, où une moto ouvreuse nous dépasse… Comme souvent c’est le signe du retour d’un groupe : moins de 30″, on lâche tout ce qui reste et tant pis pour le sprint 😛 A deux kilomètres c’est presque gagné, rester à garder une once d’énergie pour rallier l’arrivée en côte après la flamme rouge. Julien est le plus costaud et lance le sprint de loin, suivi par Paul ; sans surprise je me couche à 200 m la ligne, septième scratch avec 20″ sur nos poursuivants : mission accomplie 🙂 Pas grand chose à regretter aujourd’hui dans des conditions peu favorables, je livre une course solide où les meilleurs s’expliquent loin devant. Cap désormais sur la montagne, avec le Ventoux dans deux semaines où nous espérons davantage de soleil.

Résultat(s) : Boucles du Verdon – grand parcours

2 réflexions sur « Boucles du Verdon »

  1. Belle course Rodolphe par ce temps là c’est bien courageux!! j’adore ces routes, j’y passe 3 semaines tous les ans en octobre ça me tarde les lacs sont tellement beaux!!! et les routes tellement sympas, on peut faire un parcours nouveaux tous les jours… @ plus et encore bravo!

  2. En fait y’a guère que pour faire une course que je me force à rouler sous la pluie… à l’entraînement je l’évite au maximum (sauf quand je me fais avoir en cours de route). Là au moins il ne faisait pas froid, mais bon c’est dommage de louper ces magnifiques points de vue sur le lac 🙂

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