JPP Neuf de Coeur

Avec quelques incertitudes sur la météo et la récupération du moment, je ne me décide à participer à la JPP Neuf de Coeur que quelques jours avant. La montée chrono de la veille fut difficile mais ce sera l’occasion d’enchaîner les efforts sur une épreuve inédite pour moi, bien que je connaisse la plupart des cols proposés. Ramaz, Encrenaz, Joux Verte, Joux-Plane et les Carroz pour finir : c’est du très costaud, il faudra en garder pour bien finir. Garé à l’arrivée aux Carroz d’Arâches, l’air est frais et la route sèche pour descendre jusqu’au départ de Cluses, mais à une heure du départ les nuages noirs s’accumulent sur les montagnes environnantes.

JPP Neuf de CoeurL’ambiance est décontractée dans le sas du grand parcours où je croise Nicolas Roux, Duncan Alexander, Aloïs Falenta et Joffrey Degueurce ; sans oublier les grimpeurs locaux, toujours présents sur ce type d’épreuve. Pendant que le speaker chauffe les spectateurs au micro les premiers éclairs déchirent le ciel, suivis par quelques grosses gouttes : les coureurs sont libérés sous un violent orage, inondant la route en quelques minutes. Heureusement je suis en première ligne, chacun est très attentif aux bandes blanches et ronds-points qui se négocient sans problème. La neutralisation dure jusqu’à Marignier, où Aloïs attaque dès le coup de klaxon dans la côte de Cormand.

Contrairement à ce que j’imaginais la course part pleins gaz : déjà à fond je me contente de suivre le groupe de chasse derrière les quatre hommes de tête, où Duncan et Joffrey ont fait la jonction. Sous un ciel bleu retrouvé ça roule fort à tous les étages, souvent relayé par Nicolas et Rémi Capron l’écart n’excède pas 30″ mais on est déjà au rupteur avant même le col de la Ramaz. Au fur et à mesure du relief nous perdons des unités et sommes une dizaine au pied de la première difficulté du jour, où Nicolas va faire le ménage. Moins aérien que le week-end dernier je craque dès les gros pourcentages avant le Sommand : autour de 5-5.5 W/kg je laisse filer un trio en chasse derrière la tête de course, dont j’observe le regroupement à distance dans le replat à mi-col.

JPP Neuf de CoeurParti plus prudemment Kévin Boscardin me revient dessus, je lutte longtemps à quelques secondes derrière lui lorsqu’un saut de chaîne me stoppe net dans mon élan 🙁 Pas suffisamment souple sur le changement de plateau je m’en veux, un autre coureur de Seynod me rejoint mais je repars le couteau entre les deux et franchis le sommet en huitième position, à plus de 2′ de la tête de course. A 90 km de la ligne la route est encore très longue et j’active le mode gestion dans la descente, négociée prudemment car la route est humide voire boueuse, avec beaucoup de feuilles. Peu de répit avant d’aborder le col de l’Encrenaz, où je retrouve Joffrey qui a décroché du groupe de tête. A 5 W/kg je m’isole au sommet, pendant les deux heures qui viennent il n’y a que de la montée/descente, peu pénalisant pour un homme seul… on fera le point ensuite.

A Montriond on attaque le col de la Joux Verte, les sensations sont encore bonnes en passant devant le lac où j’aperçois Kévin à moins de 30″. Connaissant parfaitement les lieux je gère le faux-plat avant d’arriver dans la partie difficile sous les Lindarets, où je rejoins Kévin. Lui aussi mène très bien son affaire dans les forts pourcentages et je comprends vite qu’il ne lâchera pas prise facilement 🙂 Quelques lacets plus haut nous apercevons Aloïs qui est en train de coincer ; l’entente est bonne dans le replat où nous continuons notre rapproché, avant de franchir ensemble le portique de chronométrage au sommet. Celui-ci ne reprend qu’à Morzine, alors on profite de la descente neutralisée pour satisfaire un besoin naturel, récupérer et se ravitailler en boisson.

On repart sans trop tarder, histoire de garder le moteur chaud car il reste encore un gros morceau à négocier : le col de Joux-Plane. La traversée de Morzine est prudente avec la Spartan Race qui se déroule en même temps : Kévin laisse quelques longueurs au pied du col avant de repasser devant la cellule de chronométrage. Dès le pied du col on prend du 10 % et j’ai encore de la force, rassurant après 3h30′ de course alors que je ne vois plus personne derrière. L’embellie dure jusqu’au replat à Charniaz, où Kévin revient fort alors que je ressens la fatigue… Sans surprise il fait la jonction puis me lâche ; à 4.5 W/kg je ne suis pas défaillant mais ça ne suffit plus pour s’accrocher. Nous revenons chacun notre tour sur Aloïs ; nous voilà cinquième et sixième en vue du sommet, que je franchis en force à 35″ de Kévin.

Au bord du lac sommital je relâche un peu la pression pour me ravitailler, avant de filer dans une descente rapide et sinueuse. Globalement la route est sèche, mais je prends garde aux quelques passages encore humides en forêt avec quelques gros freinages en devers. Malgré de bonnes relances je perds du terrain et me sens bien seul au moment de retrouver la route principale à Verchaix, vent de face 😛 Cette transition jusqu’à Châtillon est pénible dans le trafic estival, c’est presque un soulagement d’entamer l’ascension finale vers les Carroz, secteur inédit pour moi. J’aborde les premières pentes comme le reste depuis quasiment le départ : en mode chrono, gérant l’effort tout en essayant de perdre le moins de temps possible… Au cas où ça craque devant.

Il fait chaud désormais, le dernier bidon devrait suffire d’autant que quelques replats et passages en forêt apportent de la fraîcheur. Pas grand chose à signaler jusqu’à l’arrivée, je grimpe encore à 4.5 W/kg dans les parties ascendantes mais suis incapable d’emmener du braquet dès que ça s’aplatit… Les tous derniers kilomètres se font gros plateau, plutôt en force pour couper la ligne en 5 heures pile (parties neutralisées incluses) en sixième position. Auteur d’un final tonitruant Kévin monte sur le podium derrière un Nicolas intouchable aujourd’hui, et Duncan qui aura résisté jusqu’au bout malgré une grosse gamelle dans la descente de Joux-Plane. Didier Blanc et Rémi Capron suivent dans cet ordre, dans un top 5 relevé où il m’était difficile de figurer avec les sensations et la fraîcheur du moment.

Souhaitons que cet enchaînement me serve dès vendredi prochain en Maurienne, avec encore plus de cols et dénivelé avant une coupure bien méritée. En marge de la mythique Marmotte l’expérience fut très chouette en tout cas, sur une belle épreuve très bien organisée au profit d’une noble cause… Avec un parcours très montagneux et dans un cadre magnifique, ce qui ne gâte rien. Voilà une date que je cocherai à nouveau en 2020 😉

Résultat(s) : JPP Neuf de Coeur – grand parcours

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