Madeleine

Les vacances sportives se poursuivent, à nouveau en Maurienne sur une épreuve où j’avais enfin vaincu l’an passé : la Madeleine. La météo reste caniculaire ce qui n’est pas pour me déplaire : en plus aujourd’hui l’ensemble du Team Vercors (Mathieu Blanchin, Arnaud Feodoroff, Cyril Gaillard, Julien Gaillard et moi) bénéficie de ravitaillements liquides dans les différentes ascensions avec Patrice (le père de Mathieu) et les parents de Cyril. Autant dire que les conditions sont idéales pour de belles performances, même si la partie s’annonce serrée, très serrée car la quasi totalité du top 10 du week-end précédent est présente avec de nouvelles (grosses) têtes d’affiche comme Tommaso Electtrico… ayant tout juste récupéré de sa victoire au Granfondo Valais la veille 🙂

MadeleineComme d’habitude ça part tambour battant en vallée ; l’allure est à la fois plus rapide et régulière que l’an passé du coup les attaques ne prennent pas plus d’une minute d’avance sans avoir à mettre le nez à la fenêtre. Les jambes répondent parfaitement, il suffit de conserver sa place dans les 15-20 premiers du peloton afin d’éviter les chutes éventuelles dans les traversées de villages et la première heure se passe sans encombre. Premier ravitaillement à St-Jean-de-Maurienne, et c’est parti pour le col de la Croix de Fer.

Là pas vraiment de round d’observation : quelques coureurs ont pris du champ mais Carlo Fino mène grand train devant Paolo Castelnovo. Calé dans leurs roues à 6 W/kg je sais que ça peut durer un moment vu leur niveau ; je ne bronche pas et attends que ça se passe, à ce rythme-là l’écrémage va rapidement se faire. A Pierrepin le replat permet de souffler, mais nous ne sommes plus qu’une vingtaine en tête avant les cinq kilomètres difficiles vers la Combe Bérard. Carlo reprend alors le manche au même rythme ; Cyril est le dernier de l’équipe à m’accompagner avant de craquer à la bascule, c’est difficile pour Cédric Richard, Julien Bérard… et même pour moi qui accuse le coup dans les tunnels. Heureusement ça se calme ensuite, la sélection est faite avant de remonter l’ancienne route du col par St-Jean-d’Arves : nous ne sommes plus qu’une douzaine.

Je reconnais Tim Alleman, Ruari Grant, Pierre-André Anizan ; Tommaso est là ainsi que Carlo, Paolo, Cédric, Julien… que du très costaud avant même la partie finale du col. Carlo, Paolo, Julien et Ruari s’arrêtent au ravitaillement de St-Sorlin et reviennent juste avant la partie difficile, où Carlo remet un bon 5,5 W/kg jusqu’au sommet. Là je suis dans les cordes, fais l’élastique mais parviens à relancer dans les virages, et bascule avec les meilleurs au sommet : plus que sept (sachant que Carlo et Paolo vont tourner sur le moyen parcours) et derrière ça passe déjà à plus d’une minute. Je me positionne devant au Glandon pour entamer la descente en tête, avant que Ruari, Pierre-André et Tommaso ne plongent dans celle-ci à toute vitesse.

Ces lacets je commence à bien les connaître, devant ça file grand train sous l’impulsion de Ruari et j’ai beaucoup de mal à calquer mes trajectoires et freinages sur les siennes. La connaissance du terrain est un gros plus, ainsi que les véhicules de la direction de course qui nous ouvrent la route. Ça se calme un peu à St-Colomban-des-Villards, malgré d’énormes relais de Ruari à près de 70 km/h dans le faux-plat descendant. La force est toujours là, j’arrive à garder le contact jusqu’à St-Etienne-de-Cuines où on retrouve la plaine, ce qui permet à tous de souffler et ravitailler.

Tim et Arthur Blanc font la jonction, nous voilà six en tête et ça roule régulier jusqu’à Pontamaffrey ; chacun songe déjà au rude menu final. Il commence par le col du Chaussy via les lacets de Montvernier, où je récupère un bidon donné par les parents de Cyril : le timing est parfait, la bataille peut commencer. Très motivé et encore en jambes je laisse Ruari mener devant Tommaso et Tim, de toute manière à 5,5 W/kg je ne fais pas le malin au cap des 100 km de course. Arthur lâche prise, puis c’est au tour de Pierre-André qui perd mètre après mètre. Ruari relance fort à chaque virage, l’élastique se tend et je finis par coincer à la sortie des lacets, bientôt imité par Tim.

Quatrième à ce moment-là je creuse régulièrement l’écart avec Pierre-André tout en maintenant 20-30″ avec Tim, le gardant en point de mire. Si la victoire semble hors de portée avec les deux avions en tête, la podium reste envisageable car l’ascension est longue et il reste encore la Madeleine à franchir. Alors je gère le reste du col à 5 W/kg, un très bon rythme après quatre heures de course, en pointant régulièrement Tim. A quelques kilomètres du sommet Patrice me donne un autre bidon, je lui laisse les vêtements superflus : me voilà prêt à livrer bataille jusqu’à la ligne 😉

C’est plus difficile sur la fin du col, j’ai du mal à relancer dans les parties roulantes et Tim en profite pour accentuer son avance à près d’une minute mais je garde le moral car la descente sur Montaimont m’est favorable. Elle est rapide mais prudente et je prends le temps de récupérer et bien me ravitailler, pour aborder le col de la Madeleine dans les meilleurs dispositions. A 14 km de la ligne je suis revenu à moins de 30″ du podium, ça regonfle le moral et je fais le forcing dès le pied pour tenter de faire douter mon adversaire belge.

Maillot grand ouvert je relance souvent à plus de 5 W/kg, la force est toujours là et je grappille seconde après seconde pour revenir à 20″ de Tim, qui se retourne souvent pour jauger son avance. Sauf qu’il ne craque pas, et arrive à maintenir cet écart minimal jusqu’au replat à mi-pente, où malgré une grosse relance grand plateau je ne reprends plus rien. Même schéma sous St-François-Longchamp : à 6 km de l’arrivée je perds à nouveau du terrain et commence à baisser pavillon… d’autant que Tim est capable d’en remettre une couche pour le final. A la sortie de la station le bras de fer tourne en sa faveur : une minute, puis deux… à partir de là je baisse d’un ton et me contente de finir au train (4-4.5 W/kg tout de même) en surveillant ce qui se passe derrière :-p

Si Ruari l’emporte largement (malgré deux chutes), Tim toujours aussi bon finisseur profite de la défaillance de Tommaso pour prendre la deuxième place ; je termine à moins de 1’30 » de l’Italien, qui aura fini par accuser les efforts de la veille sur un parcours aussi long et difficile. Bruno Morel (avec qui nous bataillions pour la victoire l’an passé) finit très fort pour me talonner à moins d’une minute, au terme d’une course extrêmement relevée et rapide (j’abaisse mon chrono de près d’un quart d’heure… en terminant à 9 minutes du vainqueur).

La condition physique était excellente, encore meilleure que l’an passé ou le week-end dernier ; mais quand on lutte avec des candidats très réguliers à la victoire sur des épreuves type Marmotte, Marathon des Dolomites ou Haute Route, on ne peut qu’espérer une défaillance de leur côté, et une course quasi-parfaite du mien 😛 Aujourd’hui seule la seconde condition était remplie, et c’est déjà très satisfaisant ! Prochain rendez-vous à Annecy dans deux semaines, où le plateau s’annonce encore très dense au départ.

Résultat(s) : Madeleine

3 réflexions sur « Madeleine »

  1. Bravo Rodolphe ! Toujours au avant poste avec une belle lucidité. ça va être serré pour se faire une place à Annecy. Bonne continuation

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