Trois Ballons Master

Retour sur d’anciennes routes d’entraînement en ce matin gris pour les Trois Ballons. Les routes sont trempées de la nuit précédente, et le ciel bien chargé ; rien de bien engageant au départ de Champagney, mais ce sont les aléas de la météo. Au menu : 205 km et 4300 m de dénivelé, avec le Ballon de Servance, col du Ménil, col d’Oderen, col de Bramont, Grand Ballon, col du Hundsruck, Ballon d’Alsace et la Planche des Belles Filles pour finir. Largement de quoi frôler l’indigestion de cols et d’heures de selle !

Trois Ballons Master

Je pars dans la roue de David du GMC38 qui vient en habitué des routes vosgiennes, et ça frotte un peu pour bien se placer avant le Ballon de Servance (9.5 km – 6.1 %). La route est très étroite, et après Plancher-les-Mines les choses sérieuses commencent. Les parties les plus raides me forcent à mettre 36*23 et font monter le cœur au-delà des 180 bpm, mais pas question de lâcher si tôt. Derrière ça décroche, et au sommet je suis à 50 m d’une vingtaine d’hommes en tête ; au sprint me voilà rentré pour la descente.

Technique et difficile par temps sec (gravillons), elle l’est encore plus par temps humide, et je dois redoubler d’attention pour éviter les pièges de la route. Malheureusement à mi-descente un concurrent roule dans un trou et perd ses deux bidons devant moi ; je les évite de justesse mais pas le trou, mon second bidon se fait la malle… Je songe un instant à le récupérer, mais ça ne vaut pas le coup de se faire faucher, tant pis.

Au Thillot arrêt obligatoire au feu rouge ; un groupe de 50 coureurs se constitue pour aborder les cols du Ménil, puis d’Oderen (5 km – 5 %). Ça ne roule pas vite, et au sommet je remplis mon bidon presque vide. Gros bazar et perte de temps avec tous les suiveurs, et je repars vite fait pour rentrer avant le col de Bramont. La descente est glissante et je ne peux pas doubler la longue file de voitures derrière le peloton, mais c’est chose faite à l’entrée de Kruth après un gros effort sur le plat : ouf !

Le temps de me replacer en tête du paquet, et nous abordons tranquillement le col de Bramont (7.5 km – 5.3 %). La pente se durcit au fur et à mesure que l’allure s’accélère, et préférant ne pas me mettre dans le rouge je laisse filer les 15 meilleurs avec David devant, tandis que ça explose dans les derniers lacets du col. Avec ce groupe nous attaquons ensuite la longue montée vers le Grand Ballon, via la route des crêtes. On est à plus de 1000 m et le brouillard fait son apparition dans une atmosphère très humide.

Le vent souffle de côté, et l’allure imprimée par les costauds du groupe ne me rassure guère. On sent que la tête de course n’est pas loin, et je dois m’employer pour rester au contact sur un terrain tantôt montant, tantôt descendant. La route se redresse au-dessus de Markstein, et je prends quelques longueurs dans les derniers lacets pour ravitailler dans de bonnes conditions. La descente est sèche, et malgré quelques virages pavés tout se passe bien ; le groupe descend en file indienne jusqu’à Willer/Thur via le col Amic. Le brouillard a disparu, la température remonte en même temps que le moral ; le cap de la mi-course est franchi, la météo s’améliore et je suis encore pas mal. A Bitschwiller-lès-Thann nouvel arrêt obligatoire, et direction le col du Hundsruck (5.5 km – 6.8 %).

Le col est court, mais suffisamment pentu après 115 km de course pour jauger les adversaires. Les coureurs du Team Veltec font le train et le groupe se morcelle à nouveau, tandis que j’aperçois mes parents venus me ravitailler. Impeccable : je prends un bidon et laisse ma pèlerine, ça fera toujours ça de moins dans les poches. Au sommet je me fais violence pour rester au contact ; mon père nous annonce la tête de course à 5′. Regroupement dans la descente, et on roule tranquillement vers Masevaux, puis Sewen ; chacun pense à se ravitailler et reprendre son souffle sous le soleil retrouvé. De mon côté les sensations restent bonnes, mais il reste encore 70 km à parcourir.

L’ascension du Ballon d’Alsace (13.2 km – 5.1 %) commence doucement, mais le travail de sape des Veltec fait son effet dès les plus forts pourcentages, où je lâche petit à petit. C’est dur pour tout le monde, et je m’accroche pour limiter la casse avant d’aborder la descente. Au sommet je prends un autre bidon, qui devrait suffire jusqu’à l’arrivée. J’entame la descente que je connais par cœur avec le groupe en point de mire, et les rejoins peu avant la-Roche-du-Cerf. Peu de Français dans ce groupe dominé par les Veltec, mais je reconnais Pascal, très bon cyclosportif que j’ai salué avec David au départ. Les relais s’organisent et nous filons grand train vers le pied de l’ascension finale, par les petites routes escarpées autour de Champagney.

J’en profite pour avaler mes dernières barres, mais je n’ai pas l’impression qu’elles passent alors que 30 km restent encore à couvrir. Craignant une fringale dans la Planche je demande à Pascal s’il a du rab : heureusement pour moi c’est le cas, merci à lui ! Ce moment de doute passé je rassemble mes dernières forces en queue de groupe, tandis que nous traversons Plancher-Bas puis Plancher-les-Mines.

J’attaque la Planche des Belles Filles (5.5 km – 8.2 %) par un arrêt pipi (!) obligatoire car je ne pouvais plus tenir. Les autres filent, et je repars aussitôt à l’assaut de la pente, aussi raide que dans mon souvenir. Sur le 36*25 je garde malgré tout un rythme très convenable après 200 bornes dans les jambes, et dès le premier km j’aperçois quelques membres du groupe, scotchés dans la pente. Je ne souffre pas outre mesure, et refais mon retard petit à petit, doublant 3 ou 4 concurrents jusqu’au sommet. Dernier virage, encouragements des parents et j’aperçois la ligne.

Je repasse gros plateau sur le replat avant l’arrivée, mais c’est insuffisant et je termine sur les talons de Pascal, 26° en 6h47 (8° Français). Un excellent chrono, sachant que j’étais parti pour faire moins de 7 heures, surtout dans une épreuve aussi relevée. 7° de ma catégorie à seulement 18′ de la gagne ; un palier supplémentaire est franchi par rapport à la Ventoux il y a une semaine, c’est bon pour le moral. De son côté David termine à une excellente 7° place scratch, sur le podium des 18-29 ans inaccessible pour moi aujourd’hui ; quant au Grand Trophée je continue de me rapprocher du leader malgré une manche de retard…

Un grand merci à mes parents qui sont venus me ravitailler et me soutenir sur la fin de parcours ; sans leur aide le résultat n’aurait peut-être pas été aussi bon.

7 réflexions sur « Trois Ballons Master »

  1. Tu monte en puissance , te voilà dans le cercle très fermé d’un prétendants au top 10 d’une cyclo
    Beau CR , vivant , sympa à lire , bonne continuation et au plaisir d’une rencontre

  2. Merci Olivier,
    C’est vrai que nous nous « lisons » beaucoup, mais on ne s’est pas encore croisé 😉
    Pour un top 10 ça dépend surtout de qui s’aligne au départ, mais je me sens de mieux en mieux dans les ascensions difficiles, et c’est bien là l’essentiel vu le programme alpestre qui arrive (Morzine, Vaujany, Marmotte, Serre-Che en moins d’un mois).

  3. Très sympa ton CR. ET quel enchainement de cyclosportives!! Je suis impressionné! Tiens je vois que tu seras à la luc serre che. Comme moi! mais sur le moyen parcours me concernant!! Elle va être sympa celle la avec 70 % des routes fermées à la circulation!Bonne continuation!

  4. Avec le Grand Trophée je suis obligé d’enchaîner, pour éviter d’avoir à courir en septembre (parcours lointains, moins intéressants).
    A la Serre-Che je serai sur le magnifique grand parcours, dans ma ville natale où j’ai connu quelques mésaventures l’an passé 🙂

  5. Sympa ton compte-rendu ! Nous, nous avons fait la route des crêtes, dans les Vosges, l’été dernier, mais en voiture … D’ailleurs, énorme purée de pois durant tout le parcours, mais c’était très sympa, jusqu’à Gérarmer !

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