Tandis que nous faisons route vers St-Jorioz pour la dernière cyclosportive de la saison, Emmanuel et moi sommes agréablement surpris par la couleur du ciel ce matin. Contre toute attente il ne pleut pas, mais en plus un soleil généreux se lève progressivement au bord du lac d’Annecy. Voilà qui règle une première question, comment s’habiller… De plus la température est idéale pour faire du vélo. Dans le sas de départ les costauds sont là ; leur présence promet une belle bataille dès la première difficulté du grand parcours (133 km – 3000 m).

Après un départ neutralisé où j’évite de peu une gamelle collective en sortant du port, direction le col de Leschaux (12 km @ 4 %). Comme de coutume un premier écrémage s’y fait avec quelques accélérations. Je reste aux avants-postes, les jambes tournent relativement bien en arrivant au sommet. Cédric Paluello (la Toussuire-Sybelles) est déjà très actif avec Antoine Bouqueret (Scott la Clusaz), et ça ne fait que commencer… Dès les premières pentes du Crêt de Châtillon (12 km @ 5.7 %) les attaques sont plus franches ; plusieurs fois je lâche du lest, pour recoller quand le groupe de tête se relève.

A ce petit jeu je fais encore partie des douze de tête dans le replat à trois kilomètres du sommet, quand Cédric remet une grosse couche, relayé par son équipier William Turnes. Là je craque avec Laurent Debaene, mais maintiens l’effort jusqu’au sommet pour les garder en visuel… Des fois que ça rentre dans la descente. Derrière les écarts commencent à se creuser, c’est le money time. Au sommet Laurent me prend un gros relais ; plus à l’aise que moi dans la descente technique il revient sur les hommes de tête, je l’imite peu avant Quintal après une descente rapide mais prudente.

A peine le temps de se ravitailler que les relais s’organisent efficacement : les meilleurs sont là, tout le monde a intérêt à rouler. Je ne compte pas mes efforts, mais un top 10 est à ce prix… L’entente est bonne jusqu’au col de Plainpalais (12 km @ 4.7 %) où les accélérations se succèdent ; à nouveau à la limite je m’en veux de m’être montré généreux dans la vallée 🙁 Et je craque logiquement à deux kilomètres du sommet, lorsque le team Scott prend les choses en main avec Antoine et Jean-Francis Pessey. Laurent m’accompagne encore, et nous faisons la descente à bloc malgré un écart approchant la minute avec la tête de course.

Les difficultés s’enchaînent : nous revenons dans leur sillage au pied du col des Prés (8.3 km @ 7.3 %), où la bagarre fait rage more info. Les forts pourcentages avant Thoiry font exploser le groupe, duquel s’extraient Antoine et Jean-Francis. De mon côté les sensations ne sont pas si mauvaises : je m’isole et cale mon effort à 280-300 W, me rapprochant petit à petit de ceux qui ont lâché devant. Les jambes sont encore bonnes, dans une position de chasseur que j’adore 🙂 Je dépasse Rémi Aubert (Besançon), Nicolas Ougier (Scott la Clusaz) et Cédric… Dixième au pied du col, me voilà sixième provisoire au sommet. Il reste cependant 40 kilomètres bien cassants à couvrir ; ce n’est pas encore le moment de s’enflammer.

Seul au sommet je roule sans me mettre à bloc ; quelques kilomètres plus loin Nicolas et Rémi fondent sur moi. Un peu juste en fin de course Rémi passe quand il peut, tandis que Nicolas prend des relais impressionnants au plat et dans les descentes. Un peu plus à l’aise dans les côtes, je me charge d’y assurer un bon tempo. L’entente règne ainsi jusqu’aux contreforts du col de Leschaux, où Rémi lâche prise sans que je ne hausse franchement le ton. Nicolas s’accroche alors que Katy nous annonce le cinquième pas loin devant ; la remontée continue !

Connaissant un peu les lieux je sais qu’à Bellecombe la bascule est proche ; ensuite une longue descente nous emmène jusqu’à l’arrivée. Me sentant capable de tenir 20 bornes seul je décroche Nicolas au train, avant de dépasser Antoine dans l’un des derniers faux-plats avant le col. Dernier ravitaillement au sommet, reste à rouler à bloc jusqu’à la ligne. Ce que je fais avec application, sans songer que les deux équipiers Scott vont s’entendre derrière pour la poursuite… La descente tourne beaucoup mais n’est pas très raide, imposant de pédaler constamment ; ne voyant personne arriver derrière je relâche inconsciemment mon effort, pensant le top 5 acquis.

Erreur : à la flamme rouge je vois Antoine et Nicolas revenir comme des balles, et cette année l’arrivée n’est pas jugée en côte… Antoine fait un gros effort pour ramener Nicolas à 500 m de la ligne ; ce dernier déboîte aux 200 m et je m’incline au sprint pour prendre la sixième place après 4h14′ de course intense. Un peu déçu du dénouement mais bien content d’avoir retourné une situation mal engagée à mi-course, grâce à un bon final. Quelques minutes plus tôt Kenny l’emporte au sprint devant Jean-Francis, largement mérité sur l’ensemble d’une saison riche en podiums pour le Néerlandais 😉

Résultat(s) : Cimes du lac d’Annecy – grand parcours