Trilogie de Maurienne #3

Après deux jours de bataille dans les cols du Chaussy, Madeleine, Télégraphe et Galibier, le bouquet final proposé aujourd’hui a de quoi faire peur. 128 km et 4500 m de dénivelé sont en effet proposés, via les cols du Glandon, Mollard, la Toussuire et la Croix-de-Fer pour terminer. Autant dire qu’il va falloir gérer un minimum l’affaire, sous peine de rester planté en bas de l’ascension finale. Fraîcheur et soleil nous accompagnent à nouveau au départ, peu de coureurs frais le dernier jour ce qui m’arrange : au moins tout le monde sera plus ou moins logé à la même enseigne niveau fatigue. Les premiers kilomètres jusqu’à St-Etienne-de-Cuines sont particulièrement rapides et font office d’échauffement : un important peloton attaque le col du Glandon, premier obstacle du jour.

Trilogie de MaurienneDerrière Anthony Laubal qui attaque dès les premières pentes, Yoann Le Goff assure un bon tempo qui limite l’écart à 30-40″ et écrème petit à petit le peloton. Le col est long, je laisse faire calé dans les roues avec les leaders Jon Breivol, Jonas Ellingsen, Tim Alleman, Stéphane Cognet, Cédric Richard… Jusqu’à ce que ce dernier ne casse sa roue avant à St-Colomban-des-Villards, dommage pour lui qui tenait la grande forme ce week-end 🙁 La course continue dans le replat où un autre coureur prend un gros relais : à 5 voire 6 W/kg le groupe continue de perdre des unités, je me sens bien et prends l’initiative à quelques kilomètres du sommet ; une fois Anthony rejoint nous ne sommes plus qu’une dizaine lorsque Jon accélère.

Le groupe de tête éclate logiquement, je gère la crise à quelques secondes et profite du dernier replat pour rentrer, tout le monde s’observe avant les derniers kilomètres d’ascension, les plus difficiles à près de 10 % de moyenne. A bloc je ne peux accompagner les huit meilleurs, et plafonne au sommet alors qu’un vent frais nous saisit dans la transition vers le col de la Croix-de-Fer. A moins de 10″ de la tête je continue sur le même rythme, creusant l’écart sur mes poursuivants mais hésite à tout donner pour rentrer sachant que je ne tiendrai pas le rythme dans la descente scabreuse du versant est du col. Et ça ne manque pas : deux lacets plus bas Stéphane prend les choses en main et l’écart grandit dans la partie technique jusqu’à St-Sorlin-d’Arves.

Trilogie de Maurienne #3Sur un revêtement dégradé je fais particulièrement attention dans la traversée du village ; avec 1′ de débours à l’entrée des longs bouts droits jusqu’au pied du col du Mollard je ne reviendrai pas seul devant ; je gère à 4 W/kg car la journée va être longue… Il y aura forcément des défaillances. Derrière un petit groupe se rapproche pour revenir à 30″ au pied de la difficulté : je hausse le rythme à 4.5-5 W/kg dans l’ascension pour avoir le temps de me ravitailler en eau au sommet. Le coup de pédale est encore souple et efficace : mission accomplie à Albiez-Montrond où j’accroche tout juste les roues avant la longue descente vers St-Jean-de-Maurienne.

Le plus jeune du trio enfile les virages comme des perles puis nous relayons fort jusqu’au pied de La Toussuire : cette transition passe à toute vitesse, parfait 😉 La montée est très longue et dès l’entame j’impose mon train autour de 5 W/kg. A cette allure mes compagnons ne résistent pas longtemps et me perdent de vue à Jarrier, où la pente se radoucit. Me voilà huitième, seul au monde dans cette ascension irrégulière je perds un peu le fil mais poursuis ma marche en avant en reprenant Anthony, bien que j’imagine les hommes de tête déjà très loin devant. La fin est plus difficile, à 4.5 W/kg je n’arrive plus vraiment à relancer et bascule avec soulagement à La Toussuire, remplissant un bidon au ravitaillement.

Trilogie de Maurienne #3Le début de la descente est un billard, ça va vite sans forcer son talent avant de devoir pédaler et relancer vers Villarembert, puis Foncouverte. Bientôt 4 heures de course, plus qu’une difficulté et pas des moindres : le col de la Croix-de-Fer et ses 25 km interminables d’ascension. Une dernière pause technique rapide pour se mettre à l’aise, et c’est parti… Après une courte descente on prend 5 km @ 9 %, qui donnent aussitôt une indication sur l’état physique. Forcément entamé après 100 km et 3500 m de dénivelé ça commence plutôt bien : plus de 4.5 W/kg les premières minutes. Je compte manger au sommet, malheureusement c’est un peu tard et je sens venir la fringale 2 km trop tôt et bascule dans le tunnel complètement sec, avalant tout ce qui me reste dans les poches.

Je perds un temps précieux à reprendre mes esprits dans la courte descente jusqu’à Belleville, poussant péniblement 4 W/kg dans le faux-plat montant jusqu’à St-Jean-d’Arves. A 13 km du sommet ce n’est guère encourageant, je vois même Yoann et un autre coureur se rapprocher avant St-Sorlin où mes forces reviennent petit à petit. L’un d’eux s’arrête à un point d’eau dans le village ; on ne le reverra plus tandis que Yoann me lâche dans la partie la plus raide, tout en dépassant Diego Piva, encore plus mal que nous. Je pointe alors en septième position, derrière c’est loin et la cinquième place au général semble assurée : comme dans une Alpe-d’Huez en fin de Marmotte je me cale à 4 W/kg, prenant le temps de regarder le paysage dans les derniers kilomètres d’ascension.

Sans trop piocher j’arrive à reprendre Yoann à mi-pente, on aperçoit bientôt le sommet et ça sent bon l’écurie avec un petit vent qui se lève sous les nuages. Je finis l’ascension au train, Yoann s’accroche et repasse devant pour les derniers kilomètres avant d’arriver enfin au Glandon. Dans la roue je profite du paysage et relance une dernière fois pour franchir la ligne en 5h16′, septième juste derrière mon ultime compagnon de galère. Très loin devant Jon a mis tout le monde d’accord pour l’emporter devant Jonas, Tim, Stéphane et Thomas Champion : les écarts sont abyssaux avec la fatigue générale, même sans défaillance à 25 km de la ligne je n’aurais pas pu jouer longtemps le match, surtout en roulant les 90 derniers kilomètres quasiment seul.

Après un repas bien mérité à St-Colomban il est temps de revenir à la voiture et dresser le bilan d’un week-end riche en dénivelé et discussions intéressantes avec Frédéric et Nicolas, mes colocataires durant ces trois jours 🙂 Encore une fois j’étais présent en très bonne condition le(s) jour(s) J, mais le niveau de plus en plus élevé chaque année ne me permet pas de progresser au classement général. Voilà qui conclut une grosse série de week-ends cyclosportifs, avant une brève coupure et reprise dans deux semaines à Risoul… Quelques jours avant des vacances bien méritées qui resteront sportives 🙂

Résultat(s) : Trilogie de Maurienne #3 – étape / Trilogie de Maurienne #3 – général

Laisser un commentaire