Grimpée du Ventoux

Après une nuit agitée pour digérer la performance du samedi, je ne sais pas trop à quoi m’attendre pour la grimpée du Ventoux dimanche matin. C’est la première fois que je tente l’enchaînement cyclosportive/grimpée le même weekend, mais un bon classement au Trophée de Provence (par addition des temps avec le Granfondo Cannondale St-Tropez) passe par là. Le vent a soufflé très fort tard dans la nuit, et bien qu’un peu moins fort il est bien présent au lever. En revanche le ciel est d’un bleu limpide et la température déjà agréable (15°C) : aucune raison pour ne pas participer à la fête, peu importe l’état des jambes l’essentiel est de se faire plaisir.

Grimpée VentouxDures au réveil, celles-ci répondent plutôt bien à l’échauffement, après un petit-déjeuner léger. De toute manière les choses sérieuses commenceront à St-Estève pour les 75 engagés, j’aurai tout le loisir de voir mon état de forme. Sur la ligne on retrouve quelques habitués des grimpées chronométrées, comme Joris Ronflet, Pascal Manderon ou Christoph Fuhrbach, un étonnant pasteur allemand en sandales. Quelques particpants de la veille sont également présents, comme David et Nicolas Raybaud. Le départ est donné à 9h00 pétantes et personne ne s’affole vu la longueur de l’effort, si ce n’est le coureur allemand qui sort d’entrée. Le vent souffle de travers dans le faux-plat menant jusqu’à St-Estève, et je profite de l’allure réduite pour me replacer devant et m’abriter.

Je sens que ça répond pas mal, et attends le premier virage de St-Estève avec envie… Manchettes descendues, maillot ouvert je cale l’affichage du Garmin sur la puissance, histoire de me rappeler à la raison dans les premiers lacets difficiles. Devant David secoue le cocotier : le peloton explose et je me cale dans les dix premiers, sans chercher à suivre le violent démarrage des meilleurs. Je reviens progressivement sur Norbert Ankri, un bon spécialiste de ce type d’effort. Calant mon rythme sur le sien je suis autour des 300 watts : si j’arrive à tenir ce rythme ce sera très bien. Plus haut ils ne sont pas bien nombreux, et j’aperçois Joris qui plafonne en sixième position, suivi d’Hendrick Vos, un grimpeur Hollandais que j’ai l’habitude de croiser dans le Grand Trophée.

Grimpée du VentouxLes virages s’enchaînent dans la forêt et je poursuis ma progression sans piocher : au contraire je tourne bien les jambes malgré les 9 % moyens. A présent je mène devant Norbert, qui finit par décrocher. Hendrick me précède d’une vingtaine de secondes, mais j’hésite à faire l’effort de suite, au risque de casser mon rythme. Restant prudent je continue seul et sors petit à petit de la forêt, avec le vent qui fait son apparition. Il reste environ un tiers de l’ascension, pas le moins difficile vu la force du mistral ! Derrière mes poursuivants directs sont à bonne distance, je remonte mes manchettes dans un court replat pour la fraîche partie finale.

Avant le Chalet-Reynard je suis toujours seul, mais j’aperçois David qui coince au loin : Joris puis Hendrick reviennent sur lui, me voilà à un contre trois vent dans le nez 🙁 Malgré le déséquilibre je leur reprends du terrain, profitant de chaque (rare) passage vent dans le dos. Un peu plus tard c’est au tour de Pascal de craquer : les voilà quatre mais l’entente n’est pas bonne. A la stèle de Tom Simpson ils me précèdent de 15″ à peine, et je fais un gros effort au seuil pour tenter de revenir. Après une bonne heure de grimpée ça fait très mal, mais pas suffisant pour boucher la centaine de mètres qui nous séparent.

Grimpée du VentouxA la flamme rouge le groupe explose : David en fait les frais le premier. Je passe le dernier virage à bloc et franchis la ligne quelques secondes après lui en 8° position. Je bats au passage mon record personnel en 1h16’11 » seul, dans le vent après une cyclosportive la veille ! Une très grosse performance, dommage que je n’y ai pas cru suffisamment au départ. Cinq minutes plus tôt Jean-Noël Sarlin s’impose face à Christoph Fuhrbach. Au sommet la température est bien plus agréable que la veille, nous nous rhabillons vite avant la descente sur Malaucène, histoire de profiter une dernière fois du paysage avec Nicolas et David.

La remise des récompenses s’effectue aux Florans, là où nous logeons ce week-end. Respectivement septième et huitième de l’épreuve du jour, David et moi réalisons le doublé sur le Trophée de Provence. De quoi remplir un peu plus la voiture de lots divers, après ceux du samedi 😉 Je termine le weekend sur les rotules, mais comblé sur le plan sportif et humain avec la rencontre d’un passionné de vélo et photographie : Mickaël Gagne (merci à lui pour les superbes photos). Reste maintenant à bien récupérer cette semaine, avant LE gros morceau de la saison d’ici quelques jours dans les Vosges, là où j’ai franchi mon premier col il y a 16 ans déjà…

Résultats : Grimpée du Ventoux / Trophée de Provence

10 réflexions sur « Grimpée du Ventoux »

  1. Je sors environ 280 W de moyenne sur les 1h16 de grimpée, en faiblissant un peu sur la fin. Avec une FTP estimée sur une heure à 308 W, c’est pas mal vu la fatigue accumulée de la veille 😉

  2. Oui, exact, tu n’étais pas très frais. Et pour un tel effort, ça compte.

    En rapport puissance/poids ça fait combien ?

  3. 60 kg tout rond, donc 4.7 W/kg environ. Je retiens surtout la bonne gestion physique de la montée, puisque les fois précédentes j’explosais littéralement dans le vent (là c’était un peu mieux ^^).

  4. Oui, avec les efforts de la veille sur une grimpée aussi longue et ventée j’ai préféré gérer le départ et j’ai bien fait… Sur la fin il ne me manque pas grand chose pour reprendre les 3/4 coureurs devant (qui eux sont partis à bloc dès St-Estève), seulement un peu d’expérience pour se faire mal au bon moment 😛
    Sur une grimpée courte de 20′ je pars à l’abordage sans calculer, mais là je voulais quand même arriver au-dessus sans zigzagger à la flamme rouge 😉

  5. Un bien beau week-end sur le Ventoux que tu nous as fait là !
    J’ai vraiment l’impression que tu as franchi un cap ces dernières semaines. Je te souhaite de continuer sur ta lancée dès la semaine prochaine.

  6. Bravo et je retiens surtout la belle gestion et connaissance de soi qu’apporte la puissance. Gérer tout de suite à la bonne intensité et éviter le surégime, c’est la meilleure option, indispensable ou presque sur un CLM le capteur!

  7. En effet… plus le chrono est long, plus le capteur devient utile pour le gérer. Surtout au lendemain d’une course assez exigeante !
    Je pense être très proche de mon (premier ?) pic de forme sur 2013, pile-poil pour les Trois Ballons mais un peu tôt pour la Marmotte… j’en profite et on verra bien 🙂

  8. Et ba voilà, l’enchainement cyclo grimpée, ça passe facile! Y’a plus qu’à essayer l’inverse grimpée cyclo, à Savoyères 😉
    Bonne chance pour demain

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