Ventoux – Beaumes de Venise

Après la pluie du début de saison, et même la neige du Vercors dimanche dernier c’est un fort mistral qui nous attend à Beaumes-de-Venise ce matin. La température est clémente (16°C) et le ciel plutôt couvert, mais le vent souffle si fort au sommet du Mont Chauve que la rumeur d’une amputation voire annulation de l’épreuve circule pendant que nous préparons le matériel. Rien de tout ça (fort heureusement pour les centaines de cyclosportifs présents ce matin), mais la prudence est de mise dès le départ en vallée car les coups de vent sont aussi soudains que puissants. Sur la ligne que des habitués ; mal placé dans le sas je fais l’effort pour revenir devant rapidement, avant que les choses sérieuses ne commencent.

Ventoux - Beaumes de VeniseLa côte de Roque-Alric est l’occasion de faire une première (petite sélection), je sens que les jambes répondent bien ce matin, contrairement au reste de la semaine. Comme quoi… Pour éviter les écarts des autres (et probables chutes) je reste constamment dans les premières positions, si bien que dans la descente du col de la Chaîne je me détache avec Patrick Fiorentino et trois autres coureurs, histoire de prendre un peu d’avance avant Malaucène et l’ascension du Géant de Provence. Patrick imprime un tempo impressionnant, et après de longues minutes au-delà de mon seuil anaérobie je me raisonne et décroche pour attendre le groupe suivant.

Emmené tambour battant par David (mon compagnon de chambrée du jour) celui-ci est déjà fort réduit, et revient rapidement sur moi. Je me cale dans les roues, à un rythme qui me convient davantage pour si longue ascension. On retrouve là David, Nicolas Ougier, Sjef Graafmanns, Cédric Paluello, ainsi que Brice Aerts et Ludovic Colomb (petit parcours). La température diminue et le ciel s’obscurcit au fur et à mesure que nous approchons du sommet ; le vent devient de plus en plus fort. Malgré quelques accélérations dans le groupe je tiens bien le choc, et veille à prendre un minimum de vent lorsque celui-ci devient défavorable.

Ventoux - Beaumes de VeniseDevant Patrick creuse l’écart (jusqu’à 1’45 »), et nous franchissons le sommet dans un froid et épais brouillard (3°C), tandis que les rafales redoublent d’intensité en basculant au bien-nommé col des Tempêtes. Ambiance surréaliste où certains déchaussent pour ne pas se faire surprendre par le vent de côté ; bien averti et attentif j’arrive à maintenir le cap sans trop de problèmes. David ne se pose pas de question et part seul à la poursuite de l’homme de tête, qu’il parviendra à rejoindre après un raid solitaire de 70 km ! Derrière je fais une descente prudente, et à Sault Nicolas, Sjef et moi sommes pointés à 4′ de la tête de course.

Les écarts sont importants, et nous entamons une longue poursuite en duo avec Nicolas, puisque le Hollandais ne collabore pas (bien qu’à son aise). Nous sommes loin de l’arrivée (60 km), mais les jambes sont encore bonnes donc je collabore sans arrière-pensée, trop heureux de rouler pour un top 5 scratch (voire podium) ! Les kilomètres défilent jusqu’au col de Veaux, rythmés par les relais réguliers. La température est redevenue agréable sous le soleil, sans être caniculaire : deux bidons suffiront pour aujourd’hui, pas d’arrêt ravitaillement donc. Je veille également à bien m’alimenter : là-aussi pas de stress particulier, sur une épreuve relativement courte (un peu plus de quatre heures).

Ventoux - Beaumes de VeniseLa barre des 100 km est franchie, et le Hollandais n’a toujours pas mis le nez à la fenêtre. J’hésite à en discuter avec Nicolas pour essayer de le faire sauter : à ce stade pas sûr qu’on y arrive, et je n’ai pas envie de craquer et finir les trente derniers kilomètres seul. On continue à l’emmener ainsi jusqu’à l’arrivée, espérant qu’il reste correct et ne dispute pas le sprint. Le retour s’effectue comme l’aller : d’abord les Dentelles de Montmirail, puis le col de la Chaîne… à partir de là c’est gagné, puisque ça descend jusqu’à Beaumes-de-Venise. Enfin presque, car quelques coups de vent traîtres dans les épingles nous forcent à redoubler d’attention.

Les derniers kilomètres sont avalés rapidement, je surveille notre compère du coin de l’œil des fois qu’il tente une sortie au kilomètre… Mais rien de tout ça : Nicolas prend un dernier gros relais à la flamme rouge, et personne ne lui conteste le podium tant il a été actif dans les relais depuis deux bonnes heures. Je le suis de près pour la quatrième place en 4h18’43 », mon meilleur classement en cyclosport assorti d’une victoire dans la catégorie ! Le rythme régulier qu’on a adopté avec Nicolas pendant deux heures m’a permis d’économiser quelques forces bien utiles en vue de la grimpée du Ventoux le lendemain, on peut juste regretter que le troisième larron n’ait pas collaboré.

Cinq minutes plus tôt David a fait… du David 🙂 puisqu’il rejoint et lâche Patrick dans la dernière (petite) difficulté du jour pour remporter en solitaire sa deuxième victoire de l’année (certainement pas la dernière, vu la forme qu’il tient cette saison). De mon côté je deviens leader du Grand Trophée chez les 30-39 ans, et retrouve un maillot que j’avais dû laisser en 2012… A moi maintenant de le défendre dès samedi prochain dans les Vosges, pour une édition des Trois Ballons plus corsée que jamais.

Résultats : Ventoux – Beaumes de Venise – Master

3 réflexions sur « Ventoux – Beaumes de Venise »

  1. Félicitation Rodolphe, les 3 ballons sont pour toi, tu es chez toi, tu auras les meilleurs suiveurs qu’il soit!!!! dommage que je ne puisse être là pour t’applaudir!!
    @+

  2. Félicitations.
    Pour le comportement du 3ème, vous ne lui avez pas demandé de collaborer ? A ce niveau, c’est quand même surprenant de sa part qu’il ne l’ait pas fait de lui-même … bon, au moins il a été correct en vous laissant passer devant lui sur la ligne.

  3. @ Jean-Daniel : samedi ce sera autre chose (80 km de plus !), mais la condition est là… Il faudra être plus attentif sur la gestion des efforts + alimentation. Le moral est excellent en tout cas 🙂
    @ Florent : c’est vrai qu’on ne l’a pas trop « cherché » là-dessus, vu que ça se passait pas trop mal à deux… d’autant que ce n’est pas un novice à ce niveau (plusieurs top 20 à la Marmotte/Trois Ballons, un gros moteur donc). Chacun finit à la place qu’il mérite, c’est bien là l’essentiel.

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