Serre-Che Luc Alphand

Ce matin c’est l’heure des braves, à Chantemerle au départ de la Serre-Che Luc Alphand. 205 kilomètres de haute montagne sont en effet proposés aux coureurs, près de 4500 m de dénivelé via les cols du Montgenèvre (12 km @ 5.8 %), Mont-Cenis (25 km @ 6.4 %) et le terrible enchaînement Télégraphe/Galibier (34.9 km @ 5.5 %) pour finir. Autant dire qu’il faudra en garder sous la pédale pour ne pas coincer dans le final ! Près de 400 valeureux cyclosportifs se retrouvent sur la ligne, dont le Team Chamrousse, Scott – Vélo101 ou Scott – la Clusaz. La météo est très fraîche mais sèche et ensoleillée, les premières averses n’étant annoncées qu’en milieu d’après-midi.

Serre-Che Luc AlphandLe départ est neutralisé jusqu’au pied du col du Montgenèvre, où les fauves sont lâchés. Comme lors de mes dernières sorties les jambes répondent bien, et un groupe d’une vingtaine de costauds se dégage rapidement sous l’impulsion de Diego Van Looy et Loïc Ruffaut qui impriment un tempo idéal. Au sommet ça visse un peu plus fort, je me retrouve à 50 m des cinq hommes de tête (David, Fabien, Loïc, les Italiens Andrea Paluan et Stefano Sala) et hésite à partir dans l’échappée si loin de l’arrivée, pensant -à tort- que le regroupement sera général dans la longue vallée jusqu’à Suse. Nous sommes une bonne douzaine derrière avec Jean-Luc Chavanon, Nicolas Fine, Michel Roux, Jean-Noël Sarlin, Kenny Nijssen… Du beau linge mais l’entente n’est pas bonne dans la plaine.

L’écart passe à 2′ au pied du col du Mont-Cenis, premier gros morceau de la journée. La pente est difficile dès le pied, et ça dure 25 km avec quelques replats. Jean-Noël imprime un gros tempo souvent relayé par Diego ; bien calé dans leurs roues je suis à l’aise tandis que Jean-Luc et Nicolas décrochent pour gérer la suite de l’ascension (ils termineront le reste du parcours ensemble). Devant ça bouge : Loïc et Fabien s’isolent et nous prennent régulièrement du temps (5′ au sommet) alors que nous sommes pointés à 3′ du groupe de David. De mon côté je force un peu l’allure en vue du sommet, dans les nuages (on devine à peine le magnifique lac du Mont-Cenis).

Serre-Che Luc AlphandLe ravitaillement au sommet désorganise un peu le groupe ; perdant un peu de temps pour remplir les deux bidons nous revenons à deux dans la rapide descente sur Lanslebourg, après regroupement nous voilà neuf pour rallier St-Michel-de-Maurienne, 40 km plus loin. L’entente n’est pas meilleure, ça se tire dans les pattes à chaque traversée de ville. A Modane le ciel se couvre de plus en plus avec une petite averse, ce qui fait craindre le pire pour le Galibier… Dans le trafic du samedi matin on se détache à deux sans trop le vouloir avec Diego, Michel réagit avec un temps de retard et finit par revenir : nous voilà trois à rouler vers St-Michel, avec guère plus de 20″ d’avance sur nos poursuivants.

On ne laisse pas trop de forces dans la bataille, car nous attaquons groupés le col du Télégraphe où Michel et Jean-Noël prennent de suite les choses en main. Le groupe se réduit à cinq unités : je ferme la marche sur les routes en cours de réfection. Sur une petite accélération de Michel à mi-pente Jean-Noël finit par craquer ; je l’imite bientôt en songeant à ce qui nous attend après Valloire… Erreur car je vais garder le trio intercalé en point de mire jusqu’à Plan-Lachat, sans bénéficier du moindre abri face au vent. Au sommet je bascule sur Valloire avec 30″ d’avance sur Jean-Noël, cherchant un point d’eau car mes bidons sont presque vides.

Serre-Che Luc AlphandLa sortie de Valloire est rendue plus difficile par le vent contraire qui souffle ce midi. Sous un ciel couvert et frais je lâche beaucoup de forces dans cette approche interminable de Plan-Lachat, sans eau 🙁 Mon salut viendra de Luc Alphand en personne, accompagnant la course en moto et ravitaillant les coureurs avec sa fille : merci à toi Lucho, je t’en dois une ! Je me remobilise un peu, bois un bon coup et mange mais c’est de plus en plus dur. Jean-Noël se rapproche mais je suis incapable de relancer dans les portions plus faciles, scotché sur le 36*25.

Le trio devant est hors de vue depuis un moment quand Jean-Noël me rejoint aux Granges : il reste 4 km à couvrir mais je ne peux tenir sa roue plus de quelques mètres. Il ne fait pas bien chaud, connaissant les lieux je sais que les derniers kilomètres sont les plus raides, surtout après le tunnel… 3 km, 2 km, 1 km ; j’atteins le sommet à bout de forces après 6h de course, et mange tout ce que je peux au ravitaillement avant de me couvrir pour les 30 km descendants jusqu’à l’arrivée. N’apercevant pas mes poursuivants de nombreux lacets derrière, je ne m’affole pas.

Serre-Che Luc AlphandDès la bascule le ton est donné : de grosses rafales déportent le vélo dans les virages, et il faut beaucoup pédaler dans le vent contraire… bref, ce n’est pas gagné. Je gère le final en mode chrono, surtout après le Lautaret où il reste 20 bons kilomètres de faux-plat. Concentré sur mon effort je me fais violence jusqu’au bout, et me retourne de temps en temps pour voir ce qui se passe derrière. Je lâche mes dernières forces jusqu’à la ligne, franchie en dixième position après 6h44′ de selle. C’est loin, très loin (25′) du grand vainqueur Loïc Ruffaut, suivi de Fabien Muzette, Andrea Paluan, David Polveroni et Stefano Sala juste devant un épatant Michel Roux qui revient sur le top 5 dans le Galibier !

Je remporte ma catégorie d’âge, mais l’essentiel était ailleurs sur un des parcours les plus difficiles (mais aussi le plus beau) que j’ai eu l’occasion d’affronter. Place maintenant à un peu de récupération avant les trois étapes de l’Arvan-Villards le 14 juillet, car aujourd’hui j’ai eu mal à des muscles dont je ne soupçonnais pas l’existence 😛

Résultat(s) : Serre-Che Luc Alphand – Granfondo Valsusa

4 réflexions sur « Serre-Che Luc Alphand »

  1. c’est de plus belle granfondo que j’ai fais deja 😉

    Congratulations de votre prestation 😉

    grtz Diego

  2. Merci de m’avoir répondu pour les tubeless, du coup j’ai bien envie d’essayer les « one » pour comparer aux galactik qui sont effectivement des 22 sur les Shamal.
    Ce qui m’a retenu jusqu’à présent : J’ai peur qu’ils se comportent comme les fusion 3 tubeless que j’ai trouvé un peu camion par rapport aux galactik
    En tous cas
    Je me régale avec vos compte rendu ( Les articles de Rodolphe sont bien plus sympa à lire que……………..L’EQUIPE ! )
    Bonne chance pour vos prochaines aventures
    Michel

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