Morzine – Haut-Chablais

20°C à 8h00 au centre de Morzine, grand soleil… J’aurai attendu ma quatrième participation à cette épreuve pour la courir sous un ciel d’été ! Ça tombe bien, le jour de l’été tombait la veille. Tous les feux sont au vert sur une épreuve très exigeante mais que j’apprécie, car elle se joue souvent en petit comité dans les belles montagnes du Haut-Chablais. Les habitués du Grand Trophée sont tous là ou presque et la langue française est majoritaire, ça change des Trois Ballons 😉 Arrivé la veille avec Alban je suis bien reposé ; pour les jambes on sera très vite fixé dès le col de Joux-Verte, proposé en entrée.

Morzine - Haut-ChablaisSous l’impulsion de Jérôme Phanon et de Patrick Guéraud (sympa de le revoir à un très bon niveau) la sélection se fait gentiment par l’arrière, sur un tempo idéal comme mise en route. Les jambes tournent bien, même quand Loïc Ruffaut décide de tester un peu tout le monde : d’une vingtaine de coureurs le groupe se réduit à une petite dizaine aux Lindarets, tous en file indienne. Quelques-uns reviennent dans le léger faux-plat avant le sommet, quand Loïc repasse une couche sans se relever. Avec Jean-Francis Pessey nous sommes les derniers à s’accrocher à ses basques ; Frédéric Ostian et Clément Tschopp suivent pas bien loin à la bascule.

Derrière il y a une trentaine de secondes tout au plus avant la descente, que l’on effectue rapidement à cinq mais sans prendre de risques. La traversée de Morzine est un peu plus délicate, mais les relais s’organisent sans temps mort et personne ne revient derrière : le bon coup semble parti ! A St-Jean-d’Aulps l’écart atteint la minute sur un petit groupe de quatre, sans se mettre franchement à la planche. Le col du Corbier arrive très vite, Loïc imprime d’entrée un train d’enfer. Nous sommes tous à la limite et le laissons filer quelques mètres : au sommet notre avance passe à 2′ sur nos plus proches poursuivants. Du coup pas besoin de faire une grosse descente ; chacun se ravitaille et au tiers de la course, nous avons pris notre rythme de croisière.

Morzine - Haut-ChablaisLe col du Grand-Taillet se monte un peu moins vite et groupé : si Loïc se balade, Clément semble à la limite mais assure sa part de travail en vallée sans retenue… Bel esprit de ce jeune cyclosportif occasionnel 🙂 Il commence à faire chaud, les bidons se vident et d’un commun accord nous nous arrêtons au ravitaillement de la Vernaz : avec 4′ d’avance nous pouvons nous le permettre. L’entente est parfaite entre les cinq, la route est encore longue mais je préfère rouler devant en échappée plutôt que tirer trente planqués prêts à dégainer en fin de course. L’ambiance est décontractée, les ravitaillements nettement facilités.

Rien à signaler dans le col de Jambaz, toujours aussi roulant : Jean-Francis maintient le rythme et l’écart augmente encore pour passer à 5’… Là sauf accident, la victoire devrait se jouer entre nous : il faut penser à gérer le final. Virage à gauche dans Mégevette pour une dernière côte avant Mieussy : nous la franchissons ensemble avant de filer à bonne allure sur Taninges. Là Clément attrape une bouteille d’eau et on remplit les bidons chacun notre tour : nous voilà parés pour le juge de paix de la journée.

Contrairement aux autres éditions l’approche du col de Joux-Plane est directe via Verchaix, du coup les bidons cachés la veille au pied ne serviront pas (désolé Alban ^^). Virage à gauche dans Samoëns, je suis aussitôt dans le dur. Comme prévu Loïc accélère d’entrée et creuse un petit écart sur Jean-Francis et Frédéric qui résistent ; Clément lâche d’entrée. Sentant les crampes venir je ne m’accroche pas au podium à tout prix, même si je n’ai pas envie de terminer à la place du c*. Malgré la pente sévère et la vitesse peu élevée le trio de tête disparait rapidement de ma ligne de mire, alors que je sens mes forces diminuer.

Morzine - Haut-ChablaisCela n’est guère rassurant à l’approche des pourcentages les plus difficiles, où je suis scotché au bitume. Profitant d’un léger replat je m’alimente sous une petite averse salvatrice, et la machine redémarre sans pour autant affoler les compteurs. Plus qu’au podium je songe surtout au retour d’un Jérôme ou Patrick, tous deux d’excellents grimpeurs qui ont certainement laissé moins de forces que nous dans la vallée. Les kilomètres défilent lentement et je finis par apercevoir Jean-Francis à l’approche du sommet, encore plus mal que moi. Ça fait du bien au moral et je relance l’allure, prenant quelques secondes pour manger au ravitaillement, juste après lui.

La jonction se fait dans le replat avant le col du Ranfolly, une toute petite côte avant de plonger sur Morzine. Au bord des crampes je le dépasse à l’injection ; il ne cherche pas à s’accrocher. Regonflé à bloc je descends proprement sur la route étroite, parmi les concurrents restants du petit parcours. Difficile de voir où en est le membre du Team Scott la Clusaz, mais il ne doit pas être bien loin. Troisième traversée de Morzine, avec une crampe derrière la cuisse : les bidons sont vides depuis un moment, je gère en tournant les jambes, tendu mais ça « doit » le faire.

Morzine - Haut-ChablaisEncore quelques virages à négocier avant la remontée finale sur le lac de Montriond : sous une bonne averse je vire quasiment arrêté, et Jean-Francis revient très près au pied de l’ultime difficulté. Ce serait vraiment trop bête de craquer maintenant, alors j’accélère d’entrée avec ce qu’il me reste de forces pour les trois derniers kilomètres ascendants. Au milieu des concurrents du petit parcours je ne sais pas trop où se situe mon poursuivant pendant ces minutes interminables : dans le doute je me fais la peau jusqu’à la ligne. Je la franchis exténué et les larmes aux yeux en 5h13′, derrière Loïc intouchable ce matin et Frédéric toujours aussi combatif et gestionnaire dans le final.

Victimes d’un impressionnant retour de Jérôme (4°) et Patrick (6°), Jean-Francis et Clément terminent respectivement 5° et 7° de l’épreuve. Très bel épilogue d’une superbe partie de manivelles entre collègues, sous le soleil et dans un décor de haute-montagne féérique… Bref du beau vélo que j’aime, après être passé par tous les états dans Joux-Plane 🙂 Rendez-vous à la Serre-Che dès samedi prochain pour un autre gros chantier où les circonstances (et peut-être la météo) seront certainement différentes.

Résultats : Morzine – Haut-Chablais – Master

7 réflexions sur « Morzine – Haut-Chablais »

  1. j’adore le passage: ‘ je préfère rouler devant en échappée plutôt que tirer trente planqués prêts à dégainer en fin de course.’ ça c’est pour moi et tellement vrai hier ! 🙂 . Dommage pour les bidons oui, bah faudra les mettre encore un peu plus haut pour 2015 ! Encore Bravo!

  2. Une fois de plus un très beau récit qui sent le vrai. Etant un cyclosportif moyen ça me permet suivre ce qu’il se passe en tête de course et de mesurer l’écart entre les performances des très bons et moi sur les mêmes parcours.Je ne peux que t’encourager à continuer ce blog très agréable à lire. Bravo pour le podium et tes performances sur les cyclosportives en général! Au plaisir de te lire!

  3. encore toute mes felicitation pour ce podium.je suis depuis un moment tes resultats et je sentais in gros coup et ce n est sans doute pas fini.quel progression depuis 2 ans.il n y a plus de doute tu fais parti des costauds.chapeau !

  4. Bravo Rodolphe. Sacré niveau!
    Tes CR sont toujours aussi sympa à lire. 😉
    La « petite » bataille avec Jean Francis à l’air d’avoir été une sacré parti de manivelle!

  5. Et oui Alban, en plus après analyse j’ai autant de watts NP qu’à la Time ou la Ventoux, pour un résultat bien meilleur (surtout par rapport à la dernière).
    Malgré mon craquage dans Joux-Plane ils ne sont que deux à me reprendre du temps (certes important) dans le groupe de chasse : Phanon et Guéraud…
    Le pari de l’échappé était clairement payant, et tant pis pour le negative split 😛

  6. Encore une très belle perf et gagnée aux tripes, bravo ! Mais ça fait trois fois que tu finis juste devant Jérôme, tu vas devenir sa bête noire si tu continues ;-)

  7. Merci du compliment Laurent… j’avoue avoir pensé à lui dans Joux-Plane quand j’étais dans le dur ; j’étais sûr qu’il allait faire un gros rapproché 🙂

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