Dernier jour, l’heure des braves : l’étape est courte, mais à coup sûr nerveuse avec le difficile Glandon en entrée, le court Mollard en plat de résistance et la Toussuire en guise de bouquet final… Approprié en ce jour de fête nationale 🙂 Les positions au général se sont renforcées la veille, je garde en vue le podium général final mais il faut reprendre au moins 5′ à Tim, loin d’être gagné vu son coup de pédale dès que la route s’élève. Pour cela je peux compter sur le soutien de Jean-Luc, mon président qui a fait le déplacement tôt ce matin pour me ravitailler et m’encourager. Peut-être également sur les concurrents frais de ce dernier acte, pour la plupart en reconnaissance de l’Étape du Tour.

Robin, William, Frédéric ou Nicolas en font partie, après une descente parfaitement neutralisée la première mèche est allumée dans la seule portion de vallée de jour. A froid c’est rude mais ça permet de débloquer les jambes dès l’entame du col du Glandon, par un versant mauriennais inédit pour moi, mais que je connais de réputation : c’est long, et très difficile au sommet. Robin n’attend pas et écrase les pédales dès les premiers pourcentages : je le vois passer comme une fusée sans réagir suivi de David, Nicolas, Thomas, Samuel et William… Ce n’est pas ma course, et mieux vaut garder un peu de forces pour la suite. Frédéric mène une bonne allure dans notre groupe de chasse, avant de lâcher prise vers St-Colomban.

Dans le replat les écarts sont déjà importants : je me retrouve avec mes plus proches adversaires au général (Tim, Paul-Emile, Jean-Baptiste) ainsi que Guillaume, solide coureur du GMC 38 qui donne un coup de main dès que la pente se radoucit. Malgré nos efforts et l’allure soutenue les écarts se creusent : plus d’une minute à la sortie du village, puis trois minutes au sommet. Devant ils ne sont plus que trois, le sixième homme Samuel est visible un lacet au-dessus mais dans des pentes supérieures à 10 % ça n’avance pas vite. Chacun grimace, mais pose les yeux sur les verts pâturages du sommet : ce col est aussi difficile que magnifique 🙂 Derrière c’est déjà loin, très loin : on souffle et se ravitaille avant la bascule de la Croix-de-Fer, dans une descente compliquée.

Vu l’étroitesse de la route je l’attaque en tête, jetant un regard sur cette belle vallée tout en anticipant les obstacles « motorisés » qui jalonnent le chemin. Bientôt débordé par Guillaume et Jean-Baptiste je me fais violence pour rester au contact dans la traversée de St-Sorlin, avant le faux-plat descendant qui nous mène à toute allure vers la difficulté suivante. Je commence à regretter le 11 dents, lorsque le col du Mollard se présente. Samuel est à moins de 30″ devant, Tim ne se pose pas de question et accélère immédiatement. Comme d’habitude j’ai du mal sur la transition descente/montée, et perds quelques longueurs en compagnie des trois autres.

Tout le monde est à fond, les écarts restent faibles et nous revoilà six dans la descente. Pas longtemps, car Paul-Emile et Samuel lâchent prise sous les coups de boutoir de Guillaume et Jean-Baptiste. Tim et moi n’en menons pas large dans leurs trajectoires au couteau, mais traversons Gévoudaz sans trop de frayeurs. De retour à St-Jean il commence à faire chaud : Samuel revient comme une balle de l’arrière nous prends vingt secondes dès le pied de l’ascension finale vers la Toussuire. Un peu sonnés nous tardons à prendre un bon rythme, d’autant que la difficulté est longue et plutôt roulante… Pas vraiment ma tasse de thé. Je me fais violence toutefois, menant la chasse avec Tim dans les plus forts pourcentages, puis relayés par Guillaume dès que la pente se radoucit.

Vu le coup de pédale du jeune Belge je vois mal comment lui reprendre plusieurs minutes sur l’ascension, alors je collabore pour essayer de revenir sur le sixième homme, et pourquoi pas lâcher nos adversaires. C’est long, l’asphalte neuf est brûlant… La rupture de pente vient à point nommé pour un dernier ravitaillement solide ; plus que six kilomètres d’ascension après Villarembert. Encouragé par Jean-Luc je retrouve un second souffle lorsque Tim augmente à nouveau la cadence : à la lutte depuis quelques kilomètres Jean-Baptiste lâche prise, bientôt imité par Guillaume. Place au mano a mano, arbitré par Julien qui finit son petit parcours. Je reviens sur Tim au Corbier, accélère mais il ne craque pas : devant Samuel est à 35″, à la fois peu et beaucoup pour les 4 km restants vu la fatigue générale.

Sans m’en préoccuper je continue de donner tout ce qui reste, admirant le superbe panorama des Sybelles à l’orée des deux derniers kilomètres. Plus faciles ils passent sur la plaque, ça sent l’écurie ! Je tente de décramponner mon dernier adversaire mais il reste au contact et me contre à 500 m de la ligne, que je franchis en huitième position et moins de 3h30′. Malgré une étape courte les écarts sont importants : comme prévu le vainqueur Robin Cattet laisse son plus proche adversaire William Turnes à 3′ ; Thomas Bouvet complète le podium suivi de David Polveroni et Nicolas Ougier pour le top 5. A chaud je suis content de mon étape et du week-end en général : pas de défaillance, un beau finish à chaque étape sur de longs cols où j’ai l’habitude de fléchir.

Un peu déçu de rater le podium au général, je garde un super souvenir de ces trois jours de course intense, avec une météo de rêve, de très bonnes jambes et une organisation aux petits oignons made in LVO. Je retrouverai avec plaisir toute l’équipe pour clore la saison à Annecy. En attendant place au repos après ce gros objectif, et rendez-vous à la Risoul-Queyras d’ici deux petites semaines pour une épreuve qui me tient à cœur, espérant ne pas être trop émoussé 😉

Résultat(s) : Arvan-Villards #3 – grand parcours / Arvan-Villards #3 – classement général