JPP Neuf de Coeur

Après une édition 2020 annulée suite à la crise sanitaire, c’est toujours un plaisir de revenir aux Carroz pour cette belle épreuve sportive et caritative qu’est la JPP Neuf de Coeur. Si d’habitude elle se déroule le premier week-end de juillet, il lui a fallu s’effacer devant le passage du Tour de France. Reprogrammée mi-juillet donc, les organisateurs ont été contraints de dévier le parcours pour éviter au maximum la D1208 entre Vougy et Thyez, avec notamment un passage gravel délicat à négocier.

JPP Neuf de CoeurLa descente depuis les Carroz pour rallier le départ à Cluses est fraîche sans plus, de bon augure pour une journée chaude et ensoleillée. Parmi les 200 concurrents j’y retrouve mes coéquipiers du Team Vercors Cyril Gaillard et Cédric Garcin ; Benjamin Buchetet, Simon Buttner, Damien Tarantola entre autres… Beaucoup de compétiteurs ont préféré rouler la veille sur l’Aindinoise, mais l’empoignade promet d’être belle pour la victoire.

Le départ est nerveux et rapide : calé dans les premières positions avec Cyril je fais attention aux multiples relances dans le labyrinthe pour traverser les villes de la vallée avec un seul objectif en tête : aborder la partie empierrée à Vougy dans les tous premiers. C’est chose faite après 15 km, et effectivement ça secoue ! Heureusement le terrain est à peu près sec mais les cailloux nombreux occasionnent de multiples crevaisons, dont celle de Cyril qui abandonne là ses espoirs de bien figurer au classement 🙁 Passé entre les gouttes je ne m’en rends pas compte tout de suite, aux avants-postes d’un peloton encore très fourni pour remonter la vallée du Borne.

JPP Neuf de CoeurL’allure est modérée et la température très fraîche sur les routes humides, chacun attend le col des Glières qui est le premier temps fort de l’épreuve. Virage à droite sur pont après le Petit-Bornand, et c’est parti. La pente se cabre immédiatement à 12 %, tout à gauche sur le 36*28 je ne peux guère monter à l’économie : les jambes sont bonnes alors j’accélère à plus de 7 W/kg, sans faire attention à ce qui se passe derrière.

A cette allure le peloton explose en quelques minutes et seuls Benjamin, Damien, Simon arrivent à suivre. Poursuivant à 6 W/kg j’enfonce le clou et les écarts se creusent dans les petits lacets en plein soleil : la pente descend rarement sous les 10 % et nous gratifie même d’un joli mur à 13 % juste avant le sommet, où tout le monde passe à l’arrache. Quand on ne connaît pas ça surprend : en entamant le chemin du plateau des Glières on ne voit personne loin derrière, ça sent la bonne échappée avec que des costauds. Simon est plus à l’aise sur la partie gravel et le rythme ne faiblit pas entre deux virages. Il faut rester vigilant car les ornières et cailloux restent présents, bien qu’abordés à vitesse réduite.

Nous sortons avec soulagement du secteur, sans crevaison ni incident mécanique, profitant de la magnifique vue sur ce haut lieu de la Résistance pour se ravitailler. Simon prend les commandes dans la descente ombragée et tortueuse qui suit, chacun prend un peu ses distances avant de se retrouver à Thorens-Glières et entamer le col des Fleuries, roulant avec un petit vent de face. Les relais tournent parfaitement à 4,5-5 W/kg ; au cap des deux heures de course nous avons déjà 4′ d’avance sur nos plus proches poursuivants, autant dire que l’affaire est entendue pour le top 4 🙂 Au sommet je suis ravitaillé par la femme de Cyril : me voilà paré en boisson jusqu’à l’arrivée.

JPP Neuf de CoeurLe local de l’étape Damien nous ouvre les descentes à fond, et déjà nous repassons à St-Pierre-de-Faucigny pour une seconde remontée du Borne. Il y fait à peine plus chaud, cette fois-ci l’allure est toute autre et j’y laisse peut-être quelques plumes… mais bon, tout le monde collabore de la même manière, on fera les comptes plus tard. La route est un peu longue pour rallier St-Jean-de-Sixt, puis le Grand-Bornand avant d’attaquer le col de la Colombière. Si la partie initiale est plutôt roulante, le final après Chinaillon devrait permettre aux hommes forts de faire la différence ; j’espère en être 😛

Le trafic estival particulièrement dense (et le marché d’été) nous fait passer sous le village, où j’ai du mal à encaisser les ruptures de pente. Damien perd quelques longueurs sur un ravitaillement, Simon relance un peu plus fort à la sortie du village, à peu près là où je comptais en mettre une… Mais je reste bloqué sur mon train, incapable de changer de rythme au-delà de 5 W/kg. Voyant que je n’arrive pas à rentrer Benjamin fait de suite le saut de puce pour rejoindre l’homme de tête et Damien se rapproche de moi, avec un temps de retard.

Il revient et me dépasse à 3 km du sommet, un tout petit peu trop vite pour que je puisse m’accrocher. Sans être défaillant (4,5 W/kg sur la montée) je plafonne et franchis le col avec 1’30 » de retard sur la tête et 30″ sur le podium avant la descente. Un peu cuit je profite de la neutralisation (arrêt du chrono) pour me refaire la cerise au Reposoir, mais perds Damien de vue. Sans vraiment connaître les écarts à 30 km de l’arrivée je me contente de finir aussi vite que possible à la reprise du chrono, je commence à avoir l’habitude 😉

On repasse à Thyez pour monter au col de Châtillon, autour de 4-4,5 W/kg ça avance encore bien mais à part des concurrents d’autres parcours et beaucoup de voitures je ne croise personne. Idem sur la montée des Carroz où j’ai de plus en plus de mal à relancer malgré les encouragements des quelques spectateurs au bord de la route. Je boucle le parcours en 4h43′, forcément entamé après une longue échappée à quatre puis en solitaire. Damien me précède d’une grosse minute pour le podium ; 5′ plus tôt Simon l’emporte au sprint devant Benjamin. Y’a pas photo, c’étaient les plus costauds du jour ; de mon côté j’échoue encore au pied du podium. Cela aurait pu être la cerise sur le gâteau d’une belle échappée à quatre, sur un très beau parcours et une météo optimale 😉

Résultat(s) : JPP Neuf de Coeur

Une réflexion sur « JPP Neuf de Coeur »

  1. Bravo Rodolphe, tes comptes rendus sont toujours aussi plaisants à lire et ta régularité toujours aussi impressionnante !

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