Megève Mt-Blanc Cycling

Quelques années après une expérience pour le moins « humide » à Megève (2019), me voici de retour dans la station haut-savoyarde où soleil et chaleur devraient être de la partie. Cela ne m’arrive pas si souvent et me rappelle forcément de bons souvenirs de 2014, sur un parcours effrayant de 155 km et 4800 m de D+. Les cols sont souvent raides, les descentes techniques, étroites et bosselées : il faudra être très costaud pour ne pas exploser en vol. Sur la ligne de départ je retrouve Loïc Ruffaut qui est venu avec son team RCS, Cédric Richard, Vincent Arnaud, Alexandre Périer, Bruno Morel, Julien Sauvigné, Arnaud Feodoroff, Johann De Oliveira… que de très bons grimpeurs habitués de ce genre de parcours.

Megève Mt-Blanc CyclingIl fait déjà 18°C à 8h00, la section neutralisée jusqu’à Flumet est avalée très rapidement et j’entame le col des Saisies dans les tous premiers. RCS est immédiatement à la manœuvre avec Aurélien Gay qui mène grand train devant Loïc. Dans les roues ça va au moins aussi vite qu’à la montée sèche de la veille, autant dire que pour débuter une épreuve de 5-6h c’est beaucoup trop 😛 Heureusement ça se calme un peu dans le premier replat, le groupe de tête est encore très fourni avec les différents parcours et je souffle un peu dans les roues. Le travail de sape reprend après Notre-Dame-de-Bellecombe, où Loïc ne tarde pas à faire le ménage. Il paraît tellement facile que je ne songe pas à y aller, même quand Cédric et Vincent partent en contre.

Derrière l’allure ne faiblit pas trop, il reste encore beaucoup de costauds et je bascule en milieu de paquet directement Crest-Volant. La descente est belle, sinueuse et rapide et j’ai du mal à suivre le rythme des locaux : rétrogradant au fond de la classe avec Julien nous devons fournir un gros effort pour recoller au Cernix. Avant de lâcher à nouveau du lest vers Cohennoz où avec l’ombre, quelques gravillons et des fissures sur la chaussée on descend sur des œufs 🙁 Tout en bas à Ugine nous accusons 30″ à 1′ de retard sur le groupe précédent ; le trio de tête semble déjà hors de portée au moment d’entamer le col de l’Arpettaz. Je profite d’un léger replat pour me ravitailler, ouvrir le maillot, retirer les manchettes et en avant toute, je me cale à 5 W/kg.

Cela va trop vite pour mes deux compagnons et je me retrouve seul en chasse dans ce long et joli col, à la poursuite de Bruno qui chasse lui-même un petit groupe mené par Arnaud. Sans m’affoler je me rapproche petit à petit sur une route forestière en mauvais état, et arrive enfin à faire la jonction à 2-3 km du sommet. Bien en rythme j’impose mon allure à tout le monde, +/- en mode gestion après deux heures de course. La descente est heureusement en meilleur état que la montée, mais toujours aussi étroite et tortueuse ; pas dans le bon tempo je rame, et finis par lâcher à nouveau du temps bêtement. Cela m’agace, heureusement qu’il n’y a pas de vallée aujourd’hui. A Héry la route redevient belle et s’élargit, j’aperçois Bruno pas loin devant alors je me cale à un rythme modéré en remontant le faux-plat du val d’Arly.

Megève Mt-Blanc CyclingDans Flumet je le rejoins, puis on prend à droite pour remonter vers Crest-Volant. Là encore j’impose mon train vers 5 W/kg et finis par m’isoler, guettant le prochain ravitaillement car les bidons se vident. En 30″ le plein est fait : rapide, efficace et c’est reparti en mode chacun pour soi. Deuxième passage à Cohennoz, où avec davantage de luminosité je suis plus à l’aise dans la descente, avant de remonter vers le col de la Forclaz. Guillaume Janvier revient en trombe de l’arrière et me dépasse : depuis le départ il gère tout aux watts sans se mettre dans le rouge, peut-être la meilleure stratégie aujourd’hui… En tout cas je n’arrive pas à le suivre à 5 W/kg (ce qui est déjà très solide à mi-course), de toute manière il me reprend du terrain dans chaque descente.

A partir de là je connais moins le parcours, seul au monde j’imagine redescendre sur la route de Villard-sur-Doron mais non : à Queige nous remontons droit dans la pente sur une route forestière tout aussi pentue que les autres 😉 Ca n’en finit pas de monter, souvent au soleil sur une route qui ne rend pas et faiblissant légèrement à 4.5 W/kg je perds Guillaume de vue, définitivement. Au bout d’un moment je me rends compte qu’on monte vers le signal de Bisanne, souvent tout à gauche l’histoire dure près d’heure, souvent plein soleil sans le moindre point de repère si ce n’est quelques encouragements de Brigitte Chavent au bord de la route, qui ravitaille Roland. L’endroit est désert, je cale parfois mais à quelques kilomètres du sommet je reprends Johann, qui lutte encore plus que moi.

Megève Mt-Blanc CyclingSixième à ce moment-là je me dis que la remontée n’est pas terminée, sans relâcher l’effort j’aperçois Alexandre sous la station et me rapproche lentement. Au km 120 Brigitte me ravitaille en eau : merci à elle, me voilà paré jusqu’à l’arrivée. Je mange un bout, il me reste 2 km pour faire la jonction avec Alexandre ce qui est chose faite au point culminant du parcours 🙂 Le plus dur est fait, encore une heure de course et on bascule aux Saisies presque sur l’élan : je laisse mon compère faire la descente, me contentant de relancer dans les deux-trois replats. On a vite fait d’arriver au rond-point au-dessus de Flumet : à partir de là c’est un long plat montant de 15-16 km jusqu’à l’arrivée. Encore vaillant et avec un faible vent de côté j’impose mon train et effectue l’essentiel du travail ; Alexandre semble content de suivre, et je suis pressé d’en finir.

Le trafic dans Praz-sur-Arly puis Megève est un peu pénible : nous repassons enfin sur la ligne d’arrivée, où j’entends le speaker annoncer la victoire de Loïc Ruffaut à Côte 2000. Avec encore 8 km @ 5 % à gravir, il nous précède donc d’une bonne vingtaine de minutes… un autre monde. Dès la traversée du village on repasse le petit plateau, je me cale à 5 W/kg (décidément mon allure référence ce matin), et dans la rampe initiale à 7-8 % Alexandre ne résiste pas longtemps et lâche prise. A 20 km/h de moyenne les kilomètres défilent rapidement en doublant les concurrents du petit parcours, après 5h30 de course j’ai encore la bonne jambe et me permets de repasser le grand plateau dans quelques portions faciles, sur une route en parfait état. Rien à signaler les derniers kilomètres où je faiblis à peine : je ne regarde même pas derrière, je tiens mon top 5 et ne vois pas qui pourrais revenir vu mon allure. 2 km, puis enfin la flamme rouge le long de l’altiport : un dernier effort au pied du joli cirque montagneux et je coupe la ligne en 5h45′, bien content d’en terminer sans crampes ni défaillance 🙂

Comme prévu Loïc a éparpillé la concurrence loin de l’arrivée pour conserver son titre en 5h22′, la deuxième place se jouant loin derrière au sprint entre Vincent et Guillaume (auteur d’une impressionnante remontée) en 5h39′. Cédric suit en 5h42′ et me précède de quelques minutes, tandis que je reprends près de 2′ dans la montée finale à Alexandre. Pas grand chose à regretter après une course particulièrement bien maîtrisée, sur un parcours extrêmement compliqué. Six minutes sur le podium ce n’est pas rien ; même en m’accrochant à tout prix dans les moments-clés (première ascension, ou au km 90-100) pas sûr que cela aurait suffi tellement j’étais crispé en descente.

Résultats : Megève Mt-Blanc Cycling – grand parcours

Une réflexion sur « Megève Mt-Blanc Cycling »

  1. Encore bravo! Vos articles m’aident à comprendre qu’est-ce que s’est passé bien avant moi!

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