Trois Ballons

Six ans après, me voici de retour en terre haut-saônoise au départ des Trois Ballons, qui reste une classique du calendrier cyclosportif. Le parcours est remanié par rapport aux éditions précédentes : si la Planche des Belles Filles reste au programme en guise de dessert, la boucle tracée via le Ballon de Servance, le Grand Ballon et le Ballon d’Alsace (les difficultés principales) est un peu plus courte et tout aussi musclée, puisque 180 km et 4000 m de dénivelé sont au programme. Les orages de la nuit cessent avant un départ bien matinal (7h00), laissant une atmosphère très douce (18°C) et des routes trempées. Dans le sas prioritaire nous avons tous le même maillot à l’effigie de l’épreuve, je reconnais néanmoins quelques habitués et favoris comme David Polveroni, Frédéric Glorieux, Michiel Minnaert, etc.

Trois BallonsLes dernières consignes sont données (et une autre averse nous rince cinq minutes avant le coup de sifflet) et l’important peloton cyclosportif -2600 concurrent(e)s- est lancé de Ronchamp, direction Plancher-Bas. Je m’impose un petit effort pour remonter dans les premières positions, à la fois pour me réveiller et éviter les projections d’eau en peloton sur des routes parfois étroites. Pas grand chose à signaler jusqu’à la traversée de Plancher-les-Mines, où nous repasserons dans quelques heures pour monter à l’arrivée. Pour le moment c’est le Ballon de Servance qui nous attend, on tombe le petit plateau et je m’efforce de rester en première ligne pour aborder la route sinueuse et parfois gravillonneuse du col.

Mission accomplie en passant troisième au petit pont du pied, j’effectue l’essentiel des 7 km d’ascension a un gros rythme (5,5 W/kg) : les sensations sont bonnes, malgré l’humidité je commence à me réchauffer, quelques rayons de soleil sortent… L’entame est idéale. Connaissant la descente compliquée je fournis un gros effort pour basculer en tête, vite dépassé par David, Michiel, Tim Alleman et d’autres cadors sur la route étroite qui file vers le col des Croix. Peut-être le passage le plus pénible à dévaler car la route est trempée, ça secoue énormément. Je laisse un peu de jus dans les relances pour garder le contact, mais globalement les concurrents sont prudents, tant mieux 🙂

Trois BallonsJ’arrive dans leurs roues au croisement du Thillot, où le feu est au rouge. Cela dure à peine 30″ donc pas le temps de s’arrêter faire un besoin naturel, juste de manger un peu car on roule déjà depuis une bonne heure. Entre temps un gros groupe est rentré de l’arrière : nous voilà une cinquantaine en tête de course, direction le col du Ménil. Les jambes un peu durcies par l’humidité je subis les accélérations du peloton ; sur un temps mort David contre et sort seul, si loin de l’arrivée je laisse faire et reste sage dans les roues car aucun des favoris ne réagit. Idem dans le col d’Oderen où je lutte un peu pour suivre à 5 W/kg, si loin de l’arrivée ça m’inquiète un peu mais il reste encore du chemin…

Au lac de Krüth je retrouve mes parents, l’écart s’est un peu réduit avec l’homme de tête lorsque nous prenons à droite vers le Markstein. Là ça ne rigole plus, dès le pied le Granfondoteam.be embraye à 5,5 voire 6 W/kg, les favoris remontent à toute vitesse et je serre la file d’une vingtaine d’hommes qui restent. David est rejoint, l’allure se calme et hormis quelques accélérations on déroule jusqu’au ravitaillement du sommet, permettant le retour d’une vingtaine de concurrents. Le soleil est là avec une légère brise, la route est sèche (et moi aussi 😛 ), la vue est belle ; pendant que certains profitent de l’accalmie pour faire quelques photos, j’attrape un bidon et commence à me découvrir. La route des crêtes passe rapidement, quelques accélérations me mettent dans le dur à mi-course mais ça tient encore.

Le coup décisif part au Haag, juste avant la bascule au Grand Ballon : plus capable de fournir 6 W/kg pour accrocher les roues je laisse filer les quinze meilleurs et pointe à 20″ au sommet. C’est à la fois peu et beaucoup et j’essaie de boucher le trou avec de grosses relances dans la descente. Malheureusement l’écart continue de se creuser, surtout après le col Amic où les virages pavés parfois mouillés incitent à la prudence. Au gré des lacets nous apercevons le groupe de tête à moins d’une minute mais malgré le renfort de Julien Batlle notre chance est passée ; les plus forts sont devant et notre débours avoisine les 1’30 » à Willer-sur-Thur. On souffle un peu et se ravitaille avant le col du Hundsruck, où j’enlève manchettes et coupe-vent car la température monte.

Trois BallonsAvec le chaleur le coup de pédale redevient efficace et avec un concurrent belge nous menons la difficulté à 5 W/kg sans faiblir ; nous sommes cinq ou six au sommet, ce qui doit me placer dans un top 20 ou 25 très provisoire. La descente est rapide jusqu’à Masevaux, avec une courte remontée au col du Schirm. En habitué des lieux Julien nous montre la voie, puis la vallée de la Doller est avalée de manière efficace jusqu’à Sewen. Malheureusement j’ai la vessie bien pleine depuis trop longtemps et je me résous à laisser filer mes adversaires au pied du Ballon d’Alsace. L’arrêt est long (une bonne minute) mais nécessaire pour tout donner dans les cinquante derniers kilomètres. Un autre groupe passe, et je repars tambour battant dans les premiers lacets difficiles, où je tiens 5 W/kg assez aisément.

Au lac d’Alfeld j’ai déjà repris et dépassé un groupe, je poursuis mon effort sans faiblir pour reprendre d’autres éléments comme Julien, Robert Maertens ou Jelle Vanton. Au sommet je précède les deux Belges de moins d’une minute, et n’ai aucune idée des écarts devant. Mes parents me donnent un dernier bidon à la bascule ; une petite douleur au genou gauche m’incite à descendre en souplesse, tout en évitant de perdre trop de terrain. Il reste une vingtaine de kilomètres vallonnés à couvrir jusqu’à la difficulté finale, une fois en vallée je me cale à un rythme confortable autour de 4 W/kg, encouragé par mes parents. Heureusement il n’y a pas de vent ; Jelle et Robert finissent par me reprendre dans les petites côtes avant Auxelles-Bas et avec les gros relais de ce dernier on se dirige à toute allure vers Plancher-Bas.

Trois BallonsLe long faux-plat jusqu’à Plancher-les-Mines fait toujours mal en fin d’épreuve, je me ravitaille une dernière fois en vue du final et Robert nous tracte sans sourciller jusqu’au pied de la Planche-des-Belles-Filles. Il semble un ton au-dessus de nous, logiquement il s’envole dès le début l’ascension, Jelle le suit dans la rampe initiale. Un peu gêné par le trafic (voitures + mediofondo) je lâche quelques longueurs et me cale autour de 5 W/kg, un rythme plutôt ambitieux pour finir… Malgré la fatigue ça se passe plutôt bien jusqu’au premier virage, où je n’arrive pas à relancer dans une légère rupture de pente. 4,5 W/kg me semble un rythme plus raisonnable, devant Robert ne faiblit pas tandis que Jelle plafonne à 10″.

Après quelques relances vigoureuses j’arrive à recoller à mi-pente, avant de craquer à nouveau, revenir, etc. Proche tous deux de la limite on reprend quelques concurrents dans les derniers kilomètres ; bien que très entamé le plus dur est fait à 2 km de la ligne, pendant que Jelle repasse le gros plateau au niveau du parking, j’en profite pour tourner un maximum les jambes avant le mur final, où il serait bon d’éviter les crampes pour ne pas finir à pied 😛 Ca passe tout à gauche, en force… D’abord debout, puis assis tellement je suis cuit ; Jelle fait la différence là-dessus et je franchis la ligne bien cuit en 5h45′, soulagé après une course pleine malgré des sensations pas excellentes.

Hormis un arrêt pipi qui me coûte assez cher à la fois en temps (1’30 ») et en énergie (la cartouche grillée dans le Ballon d’Alsace m’a manqué dans le final), il n’y a pas grand chose à jeter dans une épreuve toujours aussi relevée où la victoire s’est jouée à la flamme rouge entre un quatuor royal : Arne Bauters l’emporte devant Frédéric Glorieux, Jordan Habets et Tim Alleman. Avec 1/4h d’avance c’est vraiment un autre monde ; même le top 10 (à 7 minutes) aurait été très difficile à chercher aujourd’hui. Place maintenant à la récupération car un autre très gros morceau m’attend dimanche prochain à Megève, probablement l’épreuve la plus difficile de ma saison 😉

Résultats : Trois Ballons – grand parcours

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