Madeleine

Après une édition 2021 particulièrement froide et humide -et à moitié ratée pour ma part- j’ai à cœur de prendre ma revanche sur cette nouvelle édition de la Madeleine, une cyclosportive très montagneuse, très difficile dans un massif qui me réussit plutôt bien. Au sein d’un été particulièrement sec et caniculaire, la météo s’annonce chaude et ensoleillée : tous les signaux sont au vert, avec une forme ascendante si j’en crois les dernières sorties à l’entraînement. Pas très bien placé dans le sas de départ je reconnais au loin les habitués et futurs protagonistes du groupe de tête : Loïc Ruffaut (deuxième à la Marmotte Valais la veille), Cédric Richard, David De Vecchi, Antoine Boudsocq, Stefano Sala… et un gros collectif GranfondoTeam.be même si je ne reconnais pas tout le monde

MadeleineLe départ encore à l’ombre en vallée est légèrement descendant avec un petit vent favorable : tous les ingrédients pour que le peloton parte à bloc, souvent tout à gauche j’ai du mal à remonter aux avant-postes, heureusement que les jambes répondent parfaitement d’entrée. J’ai à peine le temps de saluer les copains que ça attaque dans tous les sens, dont les deux leaders belges du GranfondoTeam.be : Arne Bauters (récent vainqueur des Trois Ballons) et Nils Merckx que je ne vois pas partir. Derrière ça se calme entre St-Rémi et St-Jean, où Loïc sort seul, en force à la poursuite des hommes intercalés : nous sommes pointés à près de 3′ de la tête de course, au moment d’entamer le col du Mollard.

Un peu agacé par les relances dans un peloton encore très fourni, je prends alors la barre et mène grand train avec d’excellentes sensations. Dans les très nombreux lacets l’écrémage se fait rapidement autour de 5.5 W/kg ; lorsque nous apercevons Loïc et le groupe de chasse il n’y a plus qu’une dizaine de concurrents présents. Kenty Blanc, Benjamin Buchetet sont là ; David, Cédric et Antoine également : ce dernier relance même l’allure avant Albiez lorsque je lève le pied pour me ravitailler, permettant un regroupement partiel. Les cuisses brûlent un peu en franchissant les dernières rampes menant au col et on dévale rapidement sans risque vers le barrage de Belleville. Certains en profitent pour satisfaire un besoin naturel, puis on réenclenche la poursuite à un peu plus de 2′ d’un trio belge qui continue d’ouvrir la route.

La transition légèrement montante défile rapidement jusqu’à St-Sorlin, où les choses sérieuses vont recommencer pour franchir le col de la Croix-de-Fer. On reprend à cette occasion l’un des trois coureurs de tête, tandis que je perds quelques longueurs sur un changement de rythme d’Antoine dans les pourcentages les plus difficiles. Sans m’affoler je reviens au train, à un rythme encore très soutenu qui met tout le monde en file indienne. Sans me soucier des autres j’emmène tout le monde sur le même rythme jusqu’à 2 ou 3 km du sommet, où on nous annonce encore 2’10 » de retard. Petit coup au moral, car ça roule fort et on ne reprend presque rien. Dans le dernier kilomètre Antoine accélère avec son équipier Thibault Vialade : je suis franchement dans les cordes et parviens in extremis à basculer dans les roues.

Heureusement ça se relâche dans la courte transition vers le col du Glandon, où j’ai le temps de me ravitailler à nouveau. Jusqu’ici la gestion est presque parfaite dans un groupe déjà réduit : une bonne relance me permet d’aborder la descente très technique en tête, vite débordé par Antoine, Thibault et Loïc qui nous imposent des trajectoires au cordeau. Dans une descente particulièrement rapide je souffre à chaque relance, même si je perds quelques longueurs j’arrive à revenir dans le bref replat de St-Colomban avant une dernière partie tout aussi tortueuse. Là encore je perds mètre après mètre avec David mais la traversée de St-Etienne-de-Cuines nous permet de revenir ; malheureusement Kenty nous laisse filer là, sur crevaison 🙁

A la séparation des parcours Antoine et Thibault filent en duo sur le parcours moyen tandis que Loïc, Benjamin, David, Eliott Levon et moi tournons sur le grand parcours. Le vent nous pousse jusqu’à Pontamafrey ; en relayant à cinq nous arrivons vite au pied du col du Chaussy, même si nous reperdons du terrain face au duo de tête : de nouveau 3′ de retard. Reprenant le manche à 5 W/kg dans les lacets j’attends surtout le ravitaillement de Montvernier car les bidons sont presque vides et la température continue de monter contre les falaises. Tout le monde à part Loïc a la même idée en traversant le village, ça cafouille un peu pour remplir mes deux bidons : quasiment une minute de perdue dans l’affaire, au moins je serai tranquille jusqu’à l’arrivée 😛

MadeleineSi Loïc se met logiquement hors de portée, mes autres adversaires me précèdent d’une bonne trentaine de secondes. Là encore, au train je sais que ça va rentrer et je refais mon retard lentement, mais sûrement. La jonction est faite avant Montpascal, où connaissant parfaitement les lieux j’impose mon train à tout le monde en forçant même l’allure en vue du sommet. Je mène également dans la première moitié de la descente, pour ne pas me faire surprendre avant que mes adversaires ne prennent le relais pour dévaler jusqu’à St-Martin-de-la-Porte. Virage serré à droite, je me ravitaille à nouveau et nous filons prudemment sur une toute petite route jusqu’à Notre-Dame-du-Cruet. Les différents parcours s’y rejoignent donc difficile d’avoir des écarts avec le podium : je préfère me concentrer sur l’ascension finale, à l’entame de la cinquième heure de course où je fais généralement la différence 🙂

Dès les premiers pourcentages à deux chiffres du col de la Madeleine par Montgellafrey je reprends le travail de sape : au-delà de 5 W/kg je suis optimiste en fin d’épreuve, mais en quelques hectomètres ça suffit à faire craquer Benjamin et Eliott, définitivement. En parfait gestionnaire seul David arrive à s’accrocher ; j’insiste encore quelques kilomètres jusqu’au panneau « arrivée à 14 km » où je calme l’allure, il faut quand même se hisser à 2000 m sans exploser en vol. A 4.5 W/kg et correctement alimenté ça devrait tenir un moment, dans une succession de passages roulants et petits murs qui m’obligent à pédaler en force sur le 36*28 pour garder le rythme. Sur une route irrégulière, après 125 km et 4h30 l’exercice est pénible ; au moins cela devrait nous prémunir d’un retour de l’arrière.

Echangeant quelques mots entre habitués avec David ça passe un peu plus vite avec David jusqu’à Replat, lieudit bien nommé à mi-pente. Le dernier ravitaillement est là : on ne s’y arrête pas et il reste encore quelques pentes difficiles avant d’arriver à St-François-Longchamp. Un petit vent frais agréable nous pousse, malgré l’allure qui diminue ça fait du bien et nous traversons la station par derrière, pour déboucher sur la route classique du col à 4 km de la ligne. David décroche là en me laissant la quatrième place, je mange un dernier morceau pour assurer le coup et continue de relancer comme je peux, car avec la fatigue le coup de pédale est de plus en plus heurté. Les derniers kilomètres se font souvent en force, à l’arraché avec David qui navigue à peine 30″ derrière.

Parmi les autres coureurs des différents parcours je ne remarque même pas Nils à moins d’une minute devant, encore plus mal que nous. Tentant de garder le même rythme jusqu’au bout j’ai un dernier coup de mou à 2 km de la ligne, avant d’arriver à la flamme rouge qui sonne comme une délivrance : je sais que ça monte encore 500 m dans la dernière ligne droite, ensuite on déroule vent de dos jusqu’à l’arrivée. Sans grand suspense je coupe donc la ligne en 5h14′, quatrième devant David. Avec Nils nous nous suivons tous trois à moins de 30″ d’écart : dommage pour le podium. Loin devant Loïc a plié l’affaire en 5h05′ (très solide après un chantier similaire la veille) devant Arne en 5h09′. Auteur d’une belle remontée dans Montgelaffrey, Cédric complète le top 6 en 5h20′.

De mon côté pas grand chose à regretter, j’ai fait la course que j’aime, en imposant mon train à l’avant. Un ravitaillement plus optimisé m’aurait peut-être permis d’entrevoir le podium dans le final, mais avec des si… Sur un parcours aussi difficile et concentré c’est déjà une belle satisfaction de finir sans exploser, en bon état physique tout en profitant (un peu) de magnifiques paysages montagnards 🙂

Résultats : Madeleine – grand parcours

Une réflexion sur « Madeleine »

  1. Bravo pour la perf dire que moi je fais le même temps que toi sur 100 bornes avec plus de la moitié moins de dénivelé+
    Chacun son niveau je suis admiratif

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