GFNY Alpes Vaujany

Après deux semaines à cuire en Rhône-Alpes par 35-40°C, les prévisions météo ne laissent guère place au doute : dix ans après ma dernière cyclosportive à Vaujany, l’édition 2023 se fera sous la pluie avec un net refroidissement. Choc thermique en vue sur un parcours relativement compact mais ardu avec l’ascension du col de la Croix-de-Fer, un bout de vallée en Maurienne, le col du Glandon puis l’ascension finale à Vaujany pour finir. Un beau programme concocté par GFNY France, comme d’habitude aux petits oignons pour les courageuses et courageux qui s’élancent ce dimanche matin.

GFNY Alpes VaujanyLogeant sur place, je me pose la question de prendre le départ en prenant le petit-déjeuner dans le brouillard et entendant le bruit de la pluie… puis ça s’améliore petit à petit, le brouillard se lève et il ne fait pas si froid malgré l’altitude : allez, pour la dernière cyclosportive de la saison on y va 🙂 Côté habillement pas de compromis : avec un départ en descente sous la pluie, deux passages à 2000 mètres + deux descentes de 25 km ce sera bonnet, manchettes, jambières, gants néoprène et veste Goretex… Si j’ai chaud (ce dont je doute) on enlèvera des couches. Dans le sas de départ je reconnais le vainqueur sortant Tim Alleman ainsi que Sébastien Pillon, des hommes qu’on retrouvera probablement sur la boîte ; difficile de reconnaître les autres sous les ponchos et vestes, alors que je discute avec le jeune Alexis Mazurier en attendant le coup de sirène.

Après les informations sécurité habituelles données par l’organisateur Cédric Haas, le départ est donné à 8h00. Quelques kilomètres de descente neutralisée à 9 % jusqu’au barrage du Verney, heureusement tout le monde est prudent et laisse de la distance sous la pluie. En quelques hectomètres je suis trempé jusqu’à la taille, au moins je n’ai pas froid et les jambes répondent bien au départ réel, direction le col de la Croix-de-Fer. Les premières pentes donnent le ton et je me cale devant sans trop de difficultés avec Alexis, Tim et Sébastien. Après quelques kilomètres à plus de 5 W/kg (du moins je suppose, tant l’écran du compteur est mouillé 😛 ) le groupe de tête se réduit vite à une demi-douzaine de coureurs vers Articol ; j’y reconnais Léo Belchi et on a le temps de plaisanter sur la météo, bien différente de la notre Ardéchoise mi-juin (25 °C d’écart).

GFNY Alpes VaujanySous les coups de boutoir de Sébastien (en force comme à son habitude) le trio Léo, Sébastien, Tim se dégage et je lisse mon effort à 10″ derrière au premier palier du Rivier-d’Allemond. Autour de 5 W/kg je suis à l’aise et j’arrive quasiment à recoller dans la remontée raide qui suit la brève rupture de pente. La section suivante jusqu’au barrage de Grandmaison est tout aussi régulière, mais je décroche à nouveau sur une relance de Sébastien. Même schéma : je gère et profite pour me ravitailler à l’heure de course, en ouvrant la veste pour accéder facilement aux poches. Toujours à 15″ derrière la tête, léger vent favorable je ne me rends pas compte que la température diminue progressivement et referme le capot au bout du lac.

Malheureusement un peu tard car j’ai le maillot trempé, à 1800 m et 7°C le ressenti n’est pas terrible. Peu importe, je relance dans la brève descente et continue de maintenir l’écart jusqu’au chalet sous le col du Glandon : encore 3 km en faux-plat jusqu’à la bascule, vent de côté par 4°C. Le froid devient mordant aux jambes/mains/pieds, j’ai peur pour la descente mais les leaders sont à portée de main donc on ne flanche pas. Au sommet je bascule à 10″ de Tim, et les hommes de tête descendent prudemment jusqu’à St-Sorlin-d’Arves : sans prendre de risques et avec quelques bonnes relances j’arrive à faire la jonction malgré un freinage délicat sous la pluie, mais j’ai de plus en plus froid et commence à claquer des dents 🙁

GFNY Alpes VaujanyLéo légèrement détaché devant, Sébastien et Tim se relaient à sa poursuite tandis que je sauve les meubles dans les roues, dans le faux-plat descendant. Surprise à Malcrozet où nous prenons à gauche pour passer dans St-Jean-d’Arves : sympa pour se réchauffer avec une remontée rythmée, mais le rythme d’enfer de Tim me casse les jambes et transi de froid je baisse pavillon au train, à 80 km de l’arrivée sous le déluge. La température remonte lentement mais si je retrouve des sensations dans les mains, j’ai du mal à maintenir les trajectoires sur le vélo, tout en évitant les pièges d’une route gorgée d’eau et de feuilles mortes. Sans grand espoir de retour sur la tête de course, imaginant les poursuivants loin derrière je m’attends à vivre un long calvaire solitaire au cap des deux heures de course…

Peu importe, pour le moment on pare au plus pressé : se réchauffer, manger et satisfaire un besoin naturel 😉 Je profite d’un tunnel au sec et un peu plus chaud vers Gévoudaz, perds 2 ou 3 minutes mais pas le choix. Je repars en comptant les kilomètres restants jusqu’à St-Jean-de-Maurienne, tout en mettant de l’intensité dans les quelques remontées pour me réchauffer. Au fil des kilomètres je tremble moins, traverse la ville au milieu du trafic avec une grande prudence et me voici enfin le long de l’Arc. Il fait meilleur, la pluie diminue et le moral remonte… Un petit groupe mené par Alexis me surprend avant St-Rémi-de-Maurienne et je m’accroche au train en marche, achevant de me réchauffer avant le col du Glandon.

GFNY Alpes VaujanyVirage à gauche à St-Etienne-de-Cuines, c’est parti pour 21 km d’une montée de plus en plus pentue. Si je veux assurer la médaille en chocolat je dois faire le break dans l’heure qui vient ; avec Alexis on ne laisse personne faire le train à notre place. Entre 4,5 et 5 W/kg ça tourne encore bien dans la première partie jusqu’à St-Colomban-les-Villards ; le travail de sape s’opère et je finis par m’isoler avant la moitié du col 🙂 Les trois heures de courses sont dépassées, nouveau ravitaillement solide et on poursuit la marche en avant. Avec la météo maussade l’ambiance est particulière ; peu de trafic pour la saison donc nous avons tout le loisir d’entendre les ruisseaux entre deux respirations et changements de vitesse. Après St-Colomban ça devient plus dur : à 4,5 W/kg je continue de creuser l’écart malgré tout, accompagné par une moto ouvreuse.

Les derniers kilomètres très pentus sont franchis plutôt en force, tout à gauche sur le 36*27 ; un peu cuit au sommet j’ai quand même 2′ de marge sur Alexis. Cela me permet de descendre sereinement après avoir attrapé un bidon de l’organisation au sommet : on peut presque apercevoir le soleil à travers les nuages, il ne pleut plus donc la dernière descente sera moins pénible. Il faut tout de même rester vigilant car la route reste trempée et tapissée de feuilles sur la partie basse ; l’anticipation reste le maître mot mais tout se passe bien sans perdre de terrain. La remontée raide au Rivier-d’Allemond fait toujours aussi mal aux jambes ; au sommet je mange une dernière fois car la fin de la descente est proche.

GFNY Alpes VaujanyLes derniers lacets nous conduisent au Verney, virage à gauche et c’est parti pour la montée de Vaujany. Avec 5 km @ 9 % de moyenne il faut compter plus de 20′ d’effort, donc gérer un minimum. Veste grande ouverte je pars sur une cible de 4,5 W/kg ; cela devrait me prémunir de tout retour de l’arrière, d’ailleurs je ne vois personne quelques lacets plus bas. Alternant position assise et danseuse dans les passages raides je traverse les différents hameaux menant à la station, ça ne défile pas vite et me rappelle les anciennes éditions de la cyclosportive (entre 2010 et 2013), où je passais souvent défaillant. Rien de tout ça aujourd’hui, je faiblis un peu à la flamme rouge et franchis la ligne quatrième en 4h49′, une place que j’envisageais déjà 80 km plus tôt 😛

Bien plus tôt Tim conserve son titre en 4h35′, faisant la différence avec Sébastien (4h38′) et Léo (4h39′) au sommet du Glandon avant de creuser l’écart dans la descente ; ces derniers se départagent dans l’ascension finale. Alexis complète le top 5 en 4h51 ; j’avais une marge de sécurité mais l’écart avec le podium est énorme. Même en enlevant les 4′ cumulées sur mes arrêts je prends cher, et il aurait fallu une météo nettement plus favorable pour que je puisse jouer plus longtemps devant. Bref je suis à ma place, avec 260 WNP sur presque 5 heures la performance reste très bonne et c’est une belle satisfaction d’avoir pris le départ et bouclé l’épreuve, car c’était loin d’être gagné à l’aube 😉 Place maintenant aux grimpées de fin de saison.

Résultat(s) : GFNY Alpes Vaujany – grand parcours

Strava : GFNY Alpes Vaujany – grand parcours

Une réflexion sur « GFNY Alpes Vaujany »

  1. Salut Rodolphe, En 11 ans que tu participes à ces courses cycliste celle là je pense à été la plus dure point de vue climatique en tout cas bravo tu es très courageux.

Laisser un commentaire