Granfondo Cannondale – Golfe de St-Tropez

Ce matin il fait doux à Gassin, mais les fortes pluies de la nuit ont détrempé les routes qui mènent à l’arrivée de la Granfondo Cannondale – Golfe de St-Tropez. Je m’habille finalement comme l’an dernier pour aller au départ, la Goretex sur le dos au cas où. Vingt bonnes minutes plus tard je prends place dans le sas, tandis que le soleil commence à percer les nuages ; il devrait faire beau, c’est déjà ça. Sur la ligne j’aperçois David, Frédéric et quelques grands noms du cyclosport… La plupart sont venus chercher une qualification pour les prochains Mondiaux UWCT à Trente (Italie) fin septembre. C’est aussi mon cas, même si j’aurai fort à faire parmi les 30-39 ans.

Le départ est donné sous le soleil, mais sur les routes mouillées du port ; chacun reste vigilant et nous sortons de la ville sans accroc. Le rythme est élevé sur les hauteurs de Ramatuelle, mais pas d’offensive majeure à signaler. Vu les routes sinueuses proposées je préfère rester devant avec Frédéric : conscient de griller quelques cartouches inutilement, je descends selon mes trajectoires et évite les mauvaises surprises à l’approche du col du Canadel. C’est chose faite après moins d’une heure de course, et j’entame le col idéalement placé, dans les cinq premiers.

Granfondo Cannondale -Golfe de St-TropezSous l’impulsion de coureurs hollandais puis de Julien Absalon en personne, le rythme est élevé mais la différence ne se fait pas suffisamment, et le groupe se relève pour attendre le double-champion olympique de VTT lorsqu’il s’arrête pour satisfaire un besoin naturel. La route des crêtes se passe au train : d’habitude gravillonneuse elle est de plus humide voir boueuse par endroits… un régal :-P. Heureusement personne ne prend de risque inconsidéré, et un peloton fourni d’une cinquantaine d’hommes arrive au col de Caguo-Ven. « Juju » assure le tempo dans le col de Babaou, avant de descendre calmement sur Collobrières. Ça discute dans le groupe, le calme avant la tempête…

Au kilomètre 80 nous arrivons au pied du col des Fourches, toujours aussi défoncé. Je fais attention au placement, la route se rétrécit tandis que plusieurs crevaisons éliminent des coureurs. Un peu plus loin je dois freiner sur un passage délicat ; ça tombe juste derrière moi. Les favoris remontent devant, et le rythme ne faiblit plus dans les premiers virages difficiles. Je craque immédiatement, laissant partir les quinze meilleurs ; comme souvent je mets quelques minutes à me mettre dans le rythme, pour reprendre du terrain sur le groupe qui me précède.

Frédéric a aussi lâché prise, je l’aperçois à une trentaine de secondes. En souplesse je refais petit à petit mon retard, reprenant quelques coureurs… mais reste scotché à moins de 15″. L’an dernier j’avais pu mettre le coup de rein au sommet pour basculer avec le groupe ; pas cette fois-ci, même si je suis monté plus vite. Tout juste j’arrive à prendre la roue de Frédéric Lubach, qui se lance dans la descente à tombeau ouvert. D’ordinaire je descends plutôt bien, mais avec graviers et flaques il m’est impossible de suivre ses trajectoires venues d’ailleurs : en quelques virages je le perds de vue.

Au pied nous relayons mollement à trois ; vu les rouleurs qu’il y a devant on ne risque pas de rentrer. Au contraire l’écart passe rapidement à 2’30 », tandis qu’un groupe plus fourni revient de l’arrière. Avec Jean-Luc les relais sont assez efficaces, et nous atteignons le pied de la Garde-Freinet sans que je ne laisse trop de plumes. Dans la montée très roulante un des plus costauds du groupe assure le train sans rien demander à personne : calé dans les roues je monte sereinement et arrive à la séparation des parcours fatigué, mais avec encore un peu d’essence dans le moteur.

Granfondo Cannondale - Golfe de St-TropezLes concurrents du parcours Senior nous laissent à une demi-douzaine ; avec d’autres coureurs revenant de l’arrière nous revoilà une douzaine pour la bouche finale. Dans la descente pourtant facile certains coureurs manquent de chuter ; en traînant derrière pour me ravitailler je me fais surprendre par la cassure et dois me dépouiller pour revenir au contact avant Vidauban… Voilà un effort dont je me serais bien passé ! La longue traversée vers le Plan-de-la-Tour est mouvementée, le plus costaud du groupe ne supportant plus d’avoir tout le monde sur le porte-bagages. Dans chaque faux-plat il accélère, se relevant dans la descente : après 140 km et 4 heures de course ça fait très mal.

Plusieurs fois j’arrive à recoller, avant de céder à une trentaine de kilomètres de la ligne en compagnie de Daniel Fricker (avec qui j’avais croisé le fer à la Préalpes 2010). Devant le groupe s’éloigne inexorablement ; il s’agit maintenant de rallier l’arrivée sans que ça revienne de l’arrière. Un peu plus à l’aise dans les ascensions j’y assure le train ; Daniel se charge des parties plus roulantes. Les kilomètres défilent ainsi jusqu’au col du Reverdi, où j’ai un gros coup de moins bien avec un début d’hypoglycémie. Le temps que j’avale ma dernière barre j’ai logiquement perdu une trentaine de secondes sur mon compagnon ; je continue seul jusqu’à la ligne, regardant très souvent derrière :-).

10 km de l’arrivée, puis 5… Je trouve le temps long dans le vent, mais un groupe du parcours Senior m’offre quelques minutes de répit dans les roues. Virage à droite vers Gassin, il reste 3 km : j’ai du mal à voir qui revient derrière, mais ça va le faire. Mes compagnons faiblissent dans le long faux-plat menant vers l’arrivée ; je remets une couche pour assurer le coup et termine 22° scratch en 5h16’16 », intercalé entre Daniel et Jean-Luc. David et Frédéric ont fait un long bout de chemin dans le groupe de tête : ils prennent respectivement les 7° et 10° places scratch (mention spéciale à l’aigle de Voreppe, qui me colle 1’30 » dans le seul col des Fourches !).

Avec 56 classés dans ma catégorie, ma 9° place chez les 30-39 ans devrait me permettre d’être du voyage à Trente ; on va attendre la confirmation… En attendant voilà une course satisfaisante malgré quelques embûches, qui confirme le nivellement par le haut des cyclosportives longue distance : mes temps d’ascension sont similaires voire meilleurs que l’an passé, et même avec plus de réussite dans les moments-clés mon classement n’aurait pas été aussi bon.

Résultats : Granfondo Cannondale – Golfe de St-Tropez

4 réflexions sur « Granfondo Cannondale – Golfe de St-Tropez »

  1. Félicitations Rodolphe, superbe perf et un CR très simpa à lire comme d’hab !
    Ce doit être un réel plaisir d’être en mesure d’accompagner l’élite du cyclosport,
    et de partager une bonne partie de la course avec de grands noms !
    Celà doit compenser la souffrance sur le vélo 🙂

    Tu dis préférer griller quelques cartouches en restant à l’avant afin
    de diminuer le facteur risque, mais en regardant de plus prêt tes données,
    la vitesse est bien plus régulière et stable à l’avant qu’à l’intérieur du peloton
    ou je me trouvais.
    L’effet accordéons dès que le moindre petit obstacle se présente
    oblige à rouler en mode ON/OFF, du coup je me demande réellement
    quelles sont les meilleures place lors des départs rapide comme celà.
    Peut-être les 20/30 premières places à la fois au chaud, et à l’abris
    des grands coups d’accélérateurs de l’arrière ?

    Qu’en pense tu ?

    D’ailleurs, j’y pense, comment as-tu fais pour remonter si vite en tête,
    j’ai halluciné, au départ je te vois dans le 1er tiers du peloton,
    5mn après tu étais déjà en tête lol
    J’avais beau remonter dans les 50, j’étais sans arrêt tirer vers l’arrière
    à cause de ceux qui doublent sans arrêt, obligé de recommencer encore et encore
    des efforts pour remonter … Et ca, ca coute cher, au Canadel j’étais déjà mort lol !
    Peut-être un bon gros sprint pour remonter en force à l’avant m’aurait éviter
    ces répétitions d’efforts, à condition de tenir le choc avec les costauds devant 🙂

  2. Disons que quinze années en FFC m’ont largement aidé à avoir le rythme nécessaire pour remonter devant… En 2° ou 3° catégorie les efforts sont les mêmes, sauf que ça suffit tout juste à garder sa place devant (sans parler des coudes à coudes). Donc oui, même s’il y a un peu de vent de face je préfère rester tout devant (voire isolé dans un petit groupe, comme ça arrive parfois) en attendant la première difficulté, pour éviter les remous de l’arrière.
    Une fois les moins costauds éliminés dans le col, ça devient plus simple.
    Et puis se faire un bon sprint à bloc permet de se débloquer les jambes et le cardio, un peu « paresseux » parfois au petit matin 🙂
    Côtoyer l’élite est toujours plaisant, mais il me manque encore un peu de caisse pour franchir un nouveau pallier et tutoyer plus régulièrement le top 10… Je ne désespère par d’y arriver, même s’il faut élever son niveau un peu plus chaque année, rien que pour conserver sa place par rapport aux autres (plus vite dans les col des Fourches, pourtant nettement battu au sommet).

  3. Bonjour Rodolphe,
    je pense que j’étais avec toi jusqu’à la bifurcation des parcours. En effet un gars avec un maillot noir et blanc écris France dessus cela te parle? Je fais parti du team France Défense. Je fini troisième du parcours sénior dût à une chute dans le dernier carrefour à 100m de la ligne… Aujourd’hui je viens vers toi déjà bravo pour ton résumé et ta performance! Ensuite as-tu des photos prisent pendant la course? Je suis à la recherche de photos afin de pouvoir les poster aussi sur mon blog…
    Merci d’avance à bientôt peut être sur une prochaine cyclo.
    Sportivement
    Stéphane

  4. Bonjour Stéphane,
    En effet, je me souviens qu’on était au coude-à-coude dans le col des Fourches, puis jusqu’à la Garde-Freinet 🙂
    Je te retourne le compliment, belle troisième place malgré l’arrivée chaotique.
    J’ai trouvé quelques photos sur la page Facebook de Sport Communication (https://www.facebook.com/media/set/?set=a.234820843327727.1073741826.100003994389682&type=1), sinon Photo Breton (http://www.photobreton.com) était aussi présent sur la course ; tu peux essayer d’en rechercher avec ton numéro de dossard (même s’ils n’en ont vraiment pas pris beaucoup cette année).
    @+

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