Scott 1000 Bosses

Après une édition 2012 annulée pour cause de tempête, les conditions ne sont pas engageantes dans les Monts du Lyonnais cette année. La veille un déluge glacial s’est abattu sur la région, se transformant en neige à basse altitude. Heureusement le temps semble s’être un peu réchauffé en arrivant sur place avec Brice, et le ciel a fermé (temporairement) ses vannes. Pour ma part j’arrive sans grande référence sur cette épreuve, avec de lointains souvenirs de ma course en 2009 : un gros niveau et des routes étroites qui ne font que monter/descendre, tourner et virer.

Pas d’attente particulière donc, et je me couvre comme si on allait rouler sous la pluie… quitte à avoir un peu chaud sur les premières ascensions. Dans le sas de départ je croise Pierre de VO2Cycling, venu goûter à l’ambiance cyclosportive ; les autres habitués sont présents, malgré un absent de marque et multiple vainqueur de l’épreuve : Nicolas Roux. Le départ est donné en plein centre-ville et neutralisé jusqu’à la sortie de Lyon, ce qui occasionne des situations tendues sur des routes détrempées et étroites. Juste avant la première difficulté un rétrécissement provoque plusieurs coups de freins et quelques vélos s’empilent : vigilant j’évite l’enchevêtrement et me replace devant pour le départ réel.

Scott 1000 BossesLa montée vers Chanopost est rapide : juste de quoi éliminer les moins costauds, mais le groupe au sommet est encore conséquent. Pas vraiment le temps de souffler, car on arrive à Châteauvieux. Brice tente sa chance pour éliminer des concurrents du parcours moyen ; derrière tout le monde s’agite et les cuisses commencent à brûler. Les jambes ne sont pas extra mais je me fais violence pour tenir le coup jusqu’à Yzeron, et récupérer dans la descente qui suit. Nous sommes alors une trentaine de coureurs en tête sur les deux parcours.

Très vite la longue ascension vers le col de la Croix-Perrière se profile, et Cédric Richard du Team BVSport prend les commandes du peloton avec un coureur du VC la Pomme. Derrière Michel Roux je fais l’élastique et finit par craquer à quelques hectomètres du sommet, laissant filer la douzaine d’hommes qui reste. Heureusement je ne suis pas seul : devant ça se relève et Cédric poursuit seul sa chevauchée, tandis que mon petit groupe rentre au train sans laisser trop de plumes.

Je serre ensuite les dents jusqu’à Duerne, où les parcours se séparent : tactique payante puisque tout le monde se regarde lorsque les concurrents du petit parcours nous quittent. Il reste une vingtaine d’hommes en chasse derrière Cédric, qui continue son raid solitaire sans se poser de questions. Les kilomètres défilent rapidement en légère descente, en même temps que la température chute avec l’apparition de la neige au bord de la route. Les 3°C ambiants nécessitent de pédaler un minimum pour se réchauffer, du coup l’imperméable ne me paraît pas superflu !

Nous sommes presque contents de remonter à Aveize pour un second passage, même si rien ne se passe à l’approche du kilomètre 100 : bizarre, mais j’en profite pour me ravitailler… A Saint-Genis-l’Argentière nous attaquons la longue ascension vers le col de la Croix-de-Pars, et d’entrée les jambes ne répondent plus aussi bien : si ça bagarre je risque d’être trop court. Et c’est ce qui se passe : sur une première attaque je finis pas céder avec la moitié du groupe, gardant la tête en point de mire. L’écart est réduit dans le replat vers Montromant mais personne ne relaie : c’est fini. Nous perdons le groupe de vue et je continue de gérer mon ascension jusqu’au sommet, seulement relayé par deux coureurs.

Au sommet j’ai à peine le temps de refermer la veste que d’autres relancent dans la descente : sympa :-P. Le col de Malval n’est pas bien long et avalé presque dans l’élan : j’y maintiens le rythme pour éviter d’éventuelles attaques. Une longue descente très humide (et parfois enneigée) nous amène jusqu’au pied du col de la Croix-du-Ban. L’ascension est courte mais difficile ; après 120 km de course elle va à coup sûr provoquer un écrémage. L’occasion est trop belle pour Michel qui imprime le tempo : seul un concurrent parvient à le suivre, et mètre après mètre je perds régulièrement du terrain, sans que personne ne soit capable de boucher le trou.

Au sommet chacun reprend son souffle : certains font la descente à fond pour tenter de revenir, mais connaissant le finish de Michel c’est peine perdue. Le terrain offre peu de répit avec les relances incessantes et je finis par lâcher prise pour manger un morceau : mieux vaut perdre une vingtaine de secondes maintenant que des minutes plus tard sur une bête fringale. Je me résigne alors à finir seul, lorsqu’un autre petit groupe revient de l’arrière : il y a là quelques coureurs lâchés dans la Croix-du-Ban, moins à l’aise en montée mais plus efficaces sur le plat. Le temps d’enlever mon imperméable pour la bataille finale, et je me cale dans les roues.

Jusqu’à l’entrée de Lyon le terrain est accidenté et tortueux : dans chaque côte je suis un peu plus fort, à moi d’exploiter le final pour m’éviter un sprint. La dernière et courte difficulté à Sainte-Foy m’en donne l’occasion : personne ne cherche à me suivre au plus fort de la pente, et je lâche les chevaux pour creuser l’écart. Au sommet je ne vois plus personne derrière, et je file pleins gaz le long des quais de Saône. Le décor est triste avec la pluie qui apparaît, mais il n’y a plus que 5 km en ville à couvrir. Calé autour des 35-40 km/h je fais particulièrement attention aux bandes blanches et tâches d’huile, jusqu’à la ligne où je prends la 17° place scratch en un peu moins de cinq heures.

Dix minutes plus tôt trois hommes se sont présentés au sprint pour la victoire : Benoît Luminet l’emporte devant Mickaël Bérard et Frédéric Ostian, impressionnant à chaque sortie. A chaud je suis un peu déçu du résultat : avec une meilleure gestion du ravitaillement j’aurais probablement accroché un top 15. Mais compte-tenu des conditions du jour et du déroulement de l’épreuve je me satisfais de ce premier top 20 de la saison, sur une épreuve aussi relevée que les 1000 Bosses… Les objectifs sont encore loin et la condition s’améliore course après course, malgré le printemps qui se fait désirer.

Résultats : Scott 1000 Bosses

10 réflexions sur « Scott 1000 Bosses »

  1. Encore des conditions difficiles! La forme devrait être top quand le soleil et les montagnes seront au rdv! Bravo, encourageant pour la suite! 🙂

  2. Comme toujours aux 1000 Bosses, même si ça a mis du temps à se décanter entre les favoris.
    En tout cas il reste encore du boulot… 😉

  3. Bravo Rodolphe ! Je constate que l’écart avec la tête est vraiment réduit, surtout quand on voit les costauds dans le top 15 avec des élites !!! Petit à petit tu continu ta progression, c’est impressionnant, avec en plus une belle gestion tactique : enfin une arrivée en ta faveur 😉

  4. Compte rendu sympa. Comme d’hab 😉
    A très bientôt.
    Fred’O

  5. Oui on remet ça sur les mêmes routes. Soyons prudents….on va pas encore ranger les vestes d’hiver. Mais ça a l’air de se présenter pas mal.

  6. Beau récit, sympa à lire. Et belle perf’ pour quelqu’un qui n’avait « pas d’attente particulière » … 😉
    Au vu du plateau, de la difficulté du parcours et des conditions météo, c’est effectivement une bonne référence pour la suite de ta saison.

  7. Oui Florent, tellement décontracté que j’ai très bien dormi la veille (extrêmement rare avant une cyclo) 🙂

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