Trois Ballons

Retour dans les Vosges ce samedi matin ; un ciel limpide et une température fraîche accueillent plusieurs milliers de participants aux Trois Ballons, une épreuve désormais classique du calendrier cyclosportif. Le parcours renouvelé l’an passé reste inchangé, toujours aussi accidenté, tortueux et truffé de passages difficiles. Après une excellente prestation le week-end précédent, j’espère avoir le même rendement devant mes proches et amis… Même une course aussi longue et usante ne s’appréhende pas de la même manière. Dans le sas prioritaire ça parle beaucoup Belge et Hollandais mais je retrouve Michel et Pascal, ce dernier m’ayant gardé une place en deuxième ligne.

Trois BallonsLe temps de discuter un peu, et c’est parti… Les vingt premiers kilomètres sont stressants mais mieux placé devant, je contrôle un peu mieux la situation : les favoris habituels sont là, notamment les équipes CycloTeam.nl et Granfondo.be conduites par Frédéric Glorieux et Bart Bury. Après quelques coups de frein on arrive aux premières côtes non-répertoriées des 1000 Étangs : certains imprudents veulent aller vite, trop vite… et finissent dans le fossé sous mes yeux et ceux du peloton. Cela calme les ardeurs de beaucoup, et un peloton compact arrive au pied du col des Chevrères : je suis idéalement placé.

Ça ne part pas à fond dans les forts pourcentages, mais un coureur de CycloTeam impose un train très soutenu qui éparpille le groupe de tête. David remonte, à l’aise ; j’aperçois aussi Nicolas pas loin derrière alors que je perds quelques longueurs sur une demi-douzaine d’hommes. Je ne m’affole pas et bascule dans les dix premiers : le regroupement est général dans la longue descente du col de la Chevestraye, puis Plancher-les-Mines. Je retrouve mes parents à Plancher-Bas, comme prévu. Le peloton est encore très fourni avant Giromagny, et personne ne souhaite accélérer après deux heures de course.

Le Ballon d’Alsace se monte moins vite que l’an passé, au train : Nicolas fait le tempo et je reste calé dans sa roue. J’attrape un bidon au sommet et bascule dans la descente -technique- sur Sewen. Bart la fait à bloc et quelques hommes se détachent ; un autre loupe son virage, je poursuis la descente à mon rythme, sans risque comme l’ensemble du peloton. Chacun se ravitaille dans la vallée de la Doller ; l’an passé une première explication avait eu lieu dans le col du Hundsruck, rien de tout ça cette année.

Trois BallonsNicolas assure toujours le train, relayé parfois par le team Granfondo.be mais l’écrémage ne se fait pas vraiment… Si bien qu’on arrive à une bonne quarantaine au pied du Grand Ballon. Le cap des 100 bornes est franchi, un coureur hausse franchement le ton et le peloton s’étire, mais personne ne relaie. Un peu énervé par l’attentisme général j’essaie de sortir, au moins pour faire une sélection. L’écart ne se fait pas vraiment mais le peloton commence à se morceler, enfin ! Bart et Frédéric prennent les choses en main, les masques tombent. Je lâche les dix meilleurs peu avant le col Amic : David reste le seul représentant français devant.

Derrière nous sommes une demi-douzaine en chasse, je souffre dans les roues car le vent souffle sur le sommet. Encouragé par mes parents je ne lâche pas l’affaire : pour l’instant je suis top 15 avec le groupe précédent en visuel. Le sommet est très frais sous les nuages, mais à peine le temps de refermer le maillot que deux/trois coureurs basculent sur les crêtes à bloc, pour tenter de revenir devant (ils y parviendront). Ratant le coche je me retrouve seul sur une route des crêtes bien exposée au vent, où il faut toujours pédaler… Je gère mon effort calmement en me ravitaillant, attendant du renfort de l’arrière.

Trois BallonsIl mettra 15 km à me rejoindre, au kilomètre 145 environ : à deux c’est mieux, mais il reste encore 70 km à couvrir ! Heureusement le vent est souvent favorable dans les portions plates : mon compagnon de galère y est très à l’aise, tandis que j’assure un bon tempo dans les ascensions. A défaut de pouvoir revenir sur les tous meilleurs, j’imagine qu’on ne perd pas trop de temps avec nos poursuivants.

Nous arrivons ensemble au col d’Oderen où j’aperçois les parents de Nicolas : un signe que le groupe derrière n’est pas si loin. Après cinq heures de courses je grimpe encore fort et mon compère montre quelques signes de lassitude. Il finit par craquer avant le sommet, tandis que nous reprenons un Hollandais collé au bitume. Descente rapide mais tranquille ; j’en profite pour bien me ravitailler en attendant le jeune coureur, qui peut encore me rendre un gros service dans la vallée. L’entente reste bonne et le col du Ménil est franchi gros plateau, les kilomètres défilent rapidement jusqu’au Thillot.

Je lâche à nouveau mon rival dans le col des Croix sans me mettre à fond ; comme d’habitude il revient dans la descente suivante pendant que je me ravitaille. Le soleil réapparaît à l’approche de Servance : il reste une trentaine de kilomètres à parcours dont le plateau des 1000 Étangs, à partir de là je pense pouvoir finir seul. Virage à droite et nous attaquons le fameux mur du kilomètre 190. Tout à gauche, debout sur les pédales c’est du chacun pour soi ; comme attendu je creuse de suite l’écart. Me rappelant un peu les lieux j’appuie fort dans les courtes ascensions, et récupère un peu dans les replats tout en maintenant l’allure.

Trois BallonsC’est dur, bien renseigné par mes parents je gère mon effort solitaire et reprends même un concurrent en difficulté avant les vingt derniers kilomètres ; il ne s’accroche pas longtemps à mon sillage. Esmoulières sonne la fin de ce difficile passage ; malheureusement un petit groupe de trois revient fort alors que je roule quasiment à fond. Ils me reprennent pile à Faucogney pour une dernière longue ligne droite de 10 km balayée par le vent de côté. Un peu décontenancé j’en oublie de prendre un dernier gel, et prends les relais à mon tour, même si je sens les trois autres plus puissants que moi.

Tenir dans les roues devient de plus en plus difficile ; lorsque l’un d’eux accélère à 2 km du but je me couche littéralement… Panne sèche ! J’avale le fameux gel en catastrophe, bien trop tard mais nécessaire pour franchir la ligne en 6h44′, plus très lucide pour le coup. 17° scratch (deuxième Français) alors que j’avais le top 15 à portée de main : dommage, ç’aurait été la cerise sur le gâteau d’une très bonne course où je n’ai rien lâché, mais qui se joue à l’usure sur quelques détails. Loin devant Bart Bury l’emporte sur Frédéric Glorieux et Bart Van Damme (qui était encore avec nous dans le Grand Ballon) : David fait un excellent cinquième, premier Français.

Maintenant repos afin de récupérer physiquement et mentalement avant la Morzine le week-end prochain, et la Serre-Che Luc Alphand (un autre très gros morceau). Merci à ma famille présente pour leur assistance et leurs encouragements, ainsi que mes amis et suiveurs pour leurs belles photos de cette difficile mais magnifique journée 🙂 A bientôt !

Résultats : Trois Ballons – Master

8 réflexions sur « Trois Ballons »

  1. Ah les 10 derniers kilomètres et ce vent … Le passage le plus pénible de la course ^^
    Heureusement je n’ai pas eu à le faire seul non plus car un néerlandais un peu amoché (cuissard complètement déchiré sur la cuisse droite)
    m’a incité à jouer le jeu des relais et à jeter mes dernières forces.

    5′ de gagnées et 2 places de mieux que l’an passé, encore bravo à toi ;)

  2. Un poil déçu de rater le top 15 au finish, ou même de ne pas avoir mis le coup de rein nécessaire au sommet du Grand Ballon (toujours délicat à 100 bornes de l’arrivée), puisque les fuyards sont revenus sur le groupe de chasse pour la troisième place.
    Mais bon très content d’avoir été « acteur » jusqu’au bout dans les ascensions, de bon augure pour la Serre-Che 🙂

  3. Salut,
    Je suis tombé sur ton blog un peu par hasard.
    Je fais la marmotte le 5 juillet, et vu que tu as l’air d’être un habitué des épreuves grandondo, j’avais une question pour toi: Est-ce que vous vous arrêtez au ravitaillement ?? ou bien Est-ce qu’il faut prévoir le kilo de barres énergétiques au départ si l’on veut (essayer de…) suivre les meilleurs?
    Merci, et à plus tard (on avait couru ensemble au ballon d’alsace, j’avais fait 11e 🙂

  4. Bonjour Olivier,

    Je ne m’arrête jamais aux ravitos pour la bouffe, prévoyant ce qu’il faut comme solide pour tenir jusqu’au bout (donc oui, poches bien pleines au départ d’un deux cent bornes).
    Pour l’eau j’emporte systématiquement deux bidons, qui peuvent suffire pour 4h de course s’il ne fait pas trop chaud.
    Au-delà (ou canicule), plusieurs possibilités :
    – je laisse un ou deux bidons à un endroit précis du parcours (faut qu’il s’y prête), que je ramasse en cours de route (une poignée de secondes d’arrêt, ça peut aller en haut d’un col)
    – je m’arrête carrément remplir mes bidons (ex : Valloire sur la Marmotte, situé idéalement à la moitié du parcours)
    – j’arrive à me faire ravitailler eau par quelqu’un (ex : Trois Ballons avec mes parents, ou la Time quand je me retrouve avec des gars qui se font eux-mêmes ravitailler)

    Plus les écarts sont grands (et plus y’a de cols) moins l’arrêt est pénalisant par rapport à ceux qui se font ravitailler (sur la Marmotte, Vaujany ou Trois Ballons les meilleures équipes belges/hollandaises préparent carrément les musettes), mais c’est sûr que les chances ne sont pas tout à fait les mêmes. Idem pour celui qui prend un bidon à chaque sommet, et n’en traîne qu’un seul à la montée (600 g d’économisés à chaque fois) : sur N ascensions longues ça finit par se compter en minutes.
    Mais dans tous les cas je ne compte jamais sur un ravitaillement pour l’alimentation solide (trop spécifique, trop de risque de ne pas trouver ce qu’on veut).

  5. Bonjour Rodolphe,
    Je te félicite pour ta prestation et la précédente à la time.
    Je crois savoir que ta puissance développée dans les cols est de l’ordre de 300w mais peux tu me dire qu’elle est la puissance moyenne que tu développes sur l’ensemble d’une cyclo : 3ballons, time et ventoux?
    Encore bravo christophe

  6. Bonjour Christophe,

    En incluant les phases de roue libre (donc 0 watts), j’ai :
    – Trois Ballons : 212 W moyens / 248 W normalisés sur 6h44
    – Time : 204 W moyens / 254 W normalisés sur 4h43
    – Ventoux : 218 W moyens / 252 W normalisés sur 5h35

    Finalement ça varie assez peu avec la distance…

  7. Salut Rodolphe,
    Cela fait la 2ème année que je ne peux pas venir t’encourager, j’étais en Corse les 2 fois dommage pour moi. Peut être l’année prochaine….

  8. Salut Jean-Da,
    T’inquiète on finira bien par se croiser à nouveau sur les routes franc-comtoises 😉
    @+

Laisser un commentaire