Maurienne – Galibier

Pas de miracle ce matin en Maurienne : après des semaines de soleil et forte chaleur, une pluie continue nous accueille à St-Michel dès l’aube. Heureusement il ne fait pas froid en vallée (15°C), mais la course promet d’être pénible et usante sur un parcours difficile. Malheureusement pour l’organisateur nous sommes à peine une centaine au départ, sur l’ensemble des deux parcours chronométrés : je retrouve dans le sas quelques irréductibles comme Bruno Morel, Guillaume Rostalsky, Anthony Collet-Beillon et d’autres coureurs que je peine à reconnaître avec les vêtements de pluie. Le grand parcours passant plusieurs fois à proximité de la ligne de départ, ça laisse la possibilité de s’arrêter si les conditions se dégradent franchement (froid par exemple).

Maurienne - GalibierCôté équipement j’assure le coup à une semaine de la Marmotte : imperméable manches longues, manchettes, gants néoprène, casquette sous le casque, genouillères et couvre-orteils. Ainsi habillé l’intensité de la course devrait suffire à garder le corps chaud, malgré un départ tranquille. Personne ne prend l’initiative en montant vers La Fusine, où je mets un gros tampon pour lancer la machine dès le pied et me réchauffer.

Le compteur à moitié sous l’eau difficile de lire la puissance, mais peu importe : les jambes répondent et la sélection se fait rapidement au sommet, où deux coureurs de la Motte Servolex basculent en tête dans la descente. En troisième position je reste prudent et un peu sur la retenue, le temps de me réhabituer au freinage sur roues carbones (plus vraiment testé depuis des semaines/mois 😛 ). Derrière moi ça ne descend pas mieux sur les parties tortueuses, et le regroupement s’opère sur le faux-plat descendant avant de remonter au Bochet. Dans le froid humide les sensations ne sont pas folles : je profite de la moindre difficulté pour monter fort et produire de la chaleur, même si les ascensions sont courtes pour le moment. Cela crée rapidement une sélection d’une douzaine de coureurs en tête, mais je grille beaucoup de cartouches dès le premier tiers de l’épreuve.

Au sommet le scénario se répète : les deux Motterains s’enfuient et font la descente à bloc, creusant l’écart dans le trafic de Villargondran (samedi matin oblige). Derrière nous ne prenons pas de risques ; le plus dur est devant nous, en commençant par les lacets de Montvernier. Dès le pied je prends les commandes avec Bruno, nous avons 1′ de retard sur la tête mais les sensations sont bonnes et nous apercevons parfois le duo de tête, entre deux nuages. Le groupe casse rapidement et à Montvernier nous ne sommes pas plus d’une demi-douzaine en chasse ; Bruno mène la descente jusqu’à Hermillon.

Maurienne - GalibierPas le temps de souffler et c’est parti pour le col du Sapey : très à l’aise Bruno appuie fort dès l’entame et j’ai du mal à rester au contact tout comme Julien Gueydon, le dernier homme à nous accompagner. A mi-col nous rentrons sur les deux fuyards : un seul s’accroche mais il est en sursis… Avant la mi-course le podium semble déjà se dessiner, ça fait du bien au moral malgré pluie et brouillard qui nous enveloppent dans l’ascension. Les jambes sont dures ; heureusement cette longue ascension au seuil me réchauffe bien 🙂 Le dernier kilomètre force la décision : dans des passages à 12 % sur route forestière c’est du chacun pour soi, Julien craque et je suis le dernier à résister à Bruno, pour une dizaine de secondes.

Nous voilà deux pour la victoire ; encore deux difficultés à franchir et je me fais violence pour rester au contact dans la descente, malgré la route tortueuse et les éboulements de la nuit (signalés et déblayés par l’organisation, merci !). Dans le brouillard j’ai du mal à tirer de belles trajectoires et Bruno accentue son avance : 20″ en bas de la descente, le bras de fer continue et on ne lâche rien.

La grande ligne droite le long de l’Arc permet de se ravitailler et souffler en partie, car je livre un véritable contre-la-montre pour revenir avant le début du col de Beauplan. Peine perdue, malgré de vigoureuses relances je plafonne toujours à 15″ et malgré un forcing à 5.5 W/kg dans le village je ne reprends rien. Le match à distance se poursuit et Bruno creuse l’écart lentement mais sûrement, seconde après seconde. Comme je le mentionnais au speaker trois heures plus tôt on a une météo « anti-Rodolphe » aujourd’hui, tandis que Bruno apprécie ces conditions : le temps joue en sa faveur et je commence à faiblir 😛

Maurienne - GalibierLe retard au sommet est logique : 1’15 », je peine à relancer à la bascule et perds un peu le fil moralement. Guère impliqué dans la descente je m’arrête même satisfaire un besoin naturel, ne tenant plus. Maintenant je veille surtout à descendre proprement sans prendre de risque, guettant de temps à autre ce qui se passe derrière. 2’30 » au dernier passage à St-Michel, restent 15 km à gravir jusqu’à l’arrivée en passant par le col du Télégraphe. J’active là le mode gestion : maintenant ce n’est plus que de la montée, je ne risque plus d’avoir froid. Proche de 4.7 W/kg sur les premiers kilomètres ce n’est pas énorme, mais ça devrait suffire pour conserver la deuxième place. Sauf que Thomas Van Meurs ne pointe qu’à 2′ derrière, et finit fort.

Je l’aperçois à mi-pente au moment de me ravitailler et prends un petit coup sur le casque, en même temps que l’allure faiblit. Il fait la jonction juste après le croisement en direction de Valmeinier 1800, dans cette partie roulante j’arrive à prendre la roue et subit l’allure jusqu’au chef-lieu. Encore quatre bons kilomètres jusqu’à la ligne, pas les plus simples. Le vent s’est un peu levé, il fait plus froid (8°C) et au cap des 4h de course je fais de plus en plus l’élastique… Thomas n’a quasiment pas besoin d’accélérer pour me décramponner à 3 km de la ligne : l’écart enfle lentement mais sûrement jusqu’à la flamme rouge, puis l’arrivée où je suis bien content d’en finir 😉

Premier podium de la saison dans des conditions très difficiles, je m’en satisfais volontiers et félicite toutes celles et ceux qui ont pris le départ, ainsi que les nombreux bénévoles, secouristes et motards présents sur le parcours… Car eux aussi on souffert du froid et de la pluie pour une faible participation 🙁 Bruno l’emporte avec une confortable avance en 4h06′, logique car il était un ton au-dessus aujourd’hui. Derrière les écarts sont du même accabit, je regrette seulement mon relâchement dans le final (et mon arrêt pipi 😛 ) qui me coûtent probablement la deuxième place. Place maintenant à la récupération, surtout musculaire car les courbatures sont bien présentes et il faudra être au top sur la Marmotte dans une semaine.

Résultat(s) : Maurienne – Galibier

2 réflexions sur « Maurienne – Galibier »

  1. Bravo Rodolphe t’es un homme un vrai… J’ai roulé cette après midi sous la pluie fallait absolument que j’essaie mon clou 🙂 bon entre 14° et 20° ça n’a rien à voir avec les conditions dantesque que tu as affronté, mais quand même c’est jamais agréable d’être mouillé. Bravo pour ton podium dommage de l’arrêt pipi.

  2. Je ne suis pas si je suis un vrai… en tout cas faut être un peu maso pour s’infliger ça, c’est certain 😀 😛
    Samedi prochain c’est jour de Marmotte, heureusement il fera bien meilleur !

Laisser un commentaire