Trois Ballons

Treize ans après ma première apparition sur l’épreuve, je reviens avec envie sur cette nouvelle édition des Trois Ballons. Si le parcours a évolué depuis, il fait toujours la part belle aux Vosges du sud, avec la traditionnelle arrivée à la Planche-des-Belles-Filles. Le niveau du top 50 s’est largement densifié également, et chaque année il faut donner le meilleur de soi-même tout au long des 180 km et 4000 m proposés. L’heure est à la décontraction sur la ligne de départ car les cieux sont cléments en ce premier week-end de juin : il fait frais -forcément- à 7h00 mais le ciel est limpide et devrait le rester pendant toute la course 🙂

Trois BallonsDans le sas prioritaire j’aperçois l’habituelle armée belge et néerlandaise, ainsi que quelques Français qui tenteront de briser leur hégémonie sur l’épreuve : en particulier Loïc Ruffaut, très fort le week-end précédent à Villard-de-Lans et seulement battu dans un sprint à deux. Sans le moindre courant d’air, le départ en plaine via Champagney, Plancher-Bas et Plancher-les-Mines est très rapide et permet de monter rapidement en température : mettant le nez devant dès que j’en ai l’occasion, je prends un peu le vent mais préfère éviter tout accrochage avant la première difficulté.

Malgré quelques attaques nous abordons le Ballon de Servance groupés : moins bien placé que l’an passé j’arrive à me faufiler dans le sillage de Michiel Minnaert et David Polveroni pour passer dans le top 15 au pied… Et là sans temps mort, le show Ruffaut peut commencer : Loïc met tout le monde en ligne dès les premières rampes, je suis déjà à fond et le groupe de tête explose. Plus rapide que l’an passé je dois pourtant laisser filer le top 10 à 5 km du sommet ; pareil pour David et même le tenant du titre Arne Bauters ! Devant c’est beaucoup trop fort pour moi, je continue seul, intercalé à mon rythme et on fera le point à la bascule : sauf relâchement devant l’addition risque d’être salée… après moins d’une heure de course.

Subissant dans la descente bosselée qui suit je vois le retour de David, Vincent Arnaud et une bonne dizaine de coureurs. Avec un écart que j’estime supérieur à la minute je ne me fais guère d’illusions pour un retour sur l’avant de la course et préfère me ravitailler dans les roues. Avant d’arriver au Thillot nous prenons une petite route sur la gauche, qui permet d’éviter le feu rouge pour traverser la nationale. Par conséquent pas d’arrêt ni regroupement : nous voilà une bonne quinzaine de concurrents à la poursuite d’une dizaine d’hommes en tête, autant dire qu’à 140 km de la ligne les écarts vont croître et il faudra bien gérer son affaire pour ne pas coincer dans la dernière heure.

Trois BallonsC’est ce que je m’attache à faire via le col du Ménil puis le col d’Oderen, de toute manière à 5 W/kg dans les roues de quelques énervés je ne fais pas le malin. Victime d’une crevaison lente David nous laisse malheureusement là ; en passant à Krüth je retrouve mes parents qui me ravitaillent et nous annoncent à 3′ des leaders : ciao, la messe est dite 😀 Dans le groupe on retrouve quatre ou cinq coureurs du team Granfondo.be : autour de leur leader Arne ils mènent grand train dans l’ascension du Markstein : là encore je subis dans les pourcentages roulants et suis guère confiant en abordant la route des crêtes. Néanmoins c’est dur pour tout le monde, j’espère que la répétition des difficultés jouera en ma faveur plus tard.

J’attrape un bidon au sommet du Grand Ballon, avant de plonger dans la descente via le col Amic. Pas grand chose à signaler, bien que je doive me faire violence et relancer régulièrement pour garder les roues du groupe. Car à partir de là les difficultés vont s’enchaîner sans réel temps mort, avec des pourcentages plus élevés et adaptés à mes qualités (en principe). On en plaisante avec Vincent au moment d’aborder le col du Hundsrück, ça redonne le moral et j’enlève les vêtements superflus tout en restant concentré dans les roues du « train bleu » belge. Quelques coureurs commencent à décrocher, la descente nous emmène rapidement jusqu’à la vallée de la Doller où le vent devient favorable.

Trois BallonsCurieusement personne ne souhaite relayer et le groupe perd en efficacité : Vincent s’en agace et part seul en facteur, un peu plus loin je suis un relais appuyer d’un coureur et nous sortons de la même manière, suivis par un troisième larron. Sans faire réellement plus d’effort qu’un groupe désorganisé nous menons bon train à quatre jusqu’au pied du Ballon d’Alsace, où les choses devraient sérieusement se décanter. Les 30″ d’avance sur nos poursuivants permettent de monter jusqu’au lac d’Alfeld à un train soutenu mais régulier (5 W/kg tout de même) tout en apercevant Arne qui prend le manche quelques lacets plus bas. Le replat puis les gros pourcentages dans la forêt me font mal et je lâche prise alors que le groupe suivant me reprend dans les plus fortes pentes.

La tendance n’est pas bonne, je m’accroche mais à plus de 5.5 W/kg dans les roues je ne fais pas illusion longtemps et me retrouve dans un trio derrière une demi-douzaine de coureurs dont Vincent. Jusqu’au sommet chacun donne tout, on bascule à 20″ et je donne le maximum dans la relance vers la Gentiane mais ça ne suffit pas. Pire : un peu cuit je peine à tenir les roues de mes compagnons dès les premiers virages de la descente, à la limite des crampes 🙁 Malgré une connaissance parfaite du terrain je laisse filer les deux solides rouleurs, qui parviendront à rejoindre le groupe de Vincent. Quant à moi… comme l’an passé je me prépare à un long rallye solitaire jusqu’à Giromagny puis Plancher-Bas, espérant que le vent ne soit pas trop défavorable.

Trois BallonsJe commence à connaître la chanson : bien manger, boire et rouler tête basse à 4 W/kg pour aller vite sans laisser trop de plumes. Ce que j’arrive à faire, non sans guetter ce qui revient de l’arrière. La route est longue mais les kilomètres défilent assez rapidement jusqu’au pied de l’ascension finale, légèrement poussé par le vent au retour. Un peu gêné par le trafic je garde les idées claires au moment d’aborder la Planche-des-Belles-Filles : maintenant c’est plus un combat contre soi-même qu’autre chose 😛 J’attrape un dernier gel tendu par mon père et la première ligne droite très pentue donne le ton : avec 36*27 en braquet maximum il y aura quelques passages en force. Sans réel enjeu ni combat (à part contre le chrono) je me cale autour de 4.5 W/kg sur la montée.

Après 5h15′ de course ça se passe plutôt bien, au milieu des concurrents du petit parcours un peu moins nombreux que d’habitude. Derrière ça ne reviendra plus, après 20-25′ à ce rythme j’arrive forcément entamé à la flamme rouge mais encore capable de mettre un dernier coup de rein dans le mur final. Sous les encouragements de ma famille (parents, sœur, beau-frère, neveu, nièce et leur mamou) je m’arrache pour franchir la ligne en 5h38′, très content d’en avoir fini avec ce gros chanter sans pépin. Cela me permet de rentrer tout juste dans le top 20 et de monter sur le podium de ma catégorie d’âge, une première sur cette épreuve. A la bagarre dans le groupe précédent Vincent décroche un beau top 15 quelques jours après un Alpes Isère Tour très difficile et relevé… Loin, très loin devant Loïc s’incline encore face à Vince Mattens en 5h21′, Michiel complétant le podium suivi de Tim Alleman, puis Frédéric Glorieux pour un top 5 de haute volée.

Pas trop de regrets vu le déroulement de la course où j’ai subi la plupart du temps, un peu sur tous les terrains alors que j’étais plus fort physiquement qu’en 2022, battant au passage tous mes temps d’ascension. Une page se tourne probablement : reste la satisfaction d’avoir à nouveau « visité » ce coin des Vosges avec du soleil et de la chaleur, ce qui manquait un peu ces dernières éditions. Un sentiment partagé par beaucoup de finishers sur la ligne, avant un pique-nique bien mérité avec mes proches en cette veille de fête des Mères 😉

Résultats : Trois Ballons – grand parcours

Strava : Trois Ballons – grand parcours

4 réflexions sur « Trois Ballons »

  1. Un futur quadra au top de sa forme! 😉 bravo ! une page se tourne ?

  2. Merci Alban 😉 J’arrive encore à progresser un peu, mais ce n’est plus suffisant pour jouer tout devant sur les épreuves majeures… Et je n’ai ni l’envie ni la capacité physique d’en mettre encore plus pour tenter me hisser au niveau du top 10.
    Bref, je pense avoir fait le tour de la question en cyclosport : il me reste quelques beaux rdv en 2023 (Ardéchoise, Alsacienne…) mais il est probable qu’à partir de de 2024 je pédalerai juste pour le plaisir de la « Borne ».

  3. ah ah oui je vois bien de quoi tu parles, j’ai fait mon jubilé sur EDT 2018, depuis ça me manque plus du tout. ça n’empêche pas de faire qqls grimpées ou courses courtes de type critérium du Ballon sans se soumettre à des entrainements et charges trop dingue 😉

  4. T’inquiètes tu n’es pas encore dans le club des 70 ans et plus….

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